Critique Express : Sunless Shadows

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Sunless Shadows

Iran : 2019
Titre original : –
Réalisation : Mehrdad Oskouei
Scénario : Mehrdad Oskouei
Distribution : Les films du Whippet
Durée : 1h13
Genre : Documentaire
Date de sortie : 26 janvier 2022

3/5

Synopsis : Dans un centre de détention, des adolescentes se livrent devant la caméra de Mehrdad Oskouei. Il parvient à tisser un lien étroit avec les détenues dont il observe les conversations franches, les échanges ludiques. Elles révèlent leurs pensées intimes, leurs sentiments et leurs doutes. Il devient petit à petit clair qu’au-delà de la prison, cet environnement fermé et entièrement féminin représente un refuge qui les protège d’une société dominée par les hommes.

Des prisons pour femmes en Iran

Les films de fiction en provenance d’Iran présentent presque toujours une importante facette documentaire. Réalisé par un homme dans un milieu féminin, Sunless Shadows (Des ombres sans soleil) est cette fois ci un véritable documentaire. Cet homme, Mehrdad Oskouei, est sans doute le plus grand documentariste de son pays, et ses films, présentés dans un grand nombre de festivals de par le monde, ont reçu au total une centaine de récompenses. Pour réaliser Sunless Shadows, il s’est introduit dans 2 lieux de privation de liberté réservés à des femmes ou à des jeunes filles et il s’est focalisé sur une accusation bien précise concernant celles qu’il a rencontrées : meurtre d’un élément mâle de leur famille, père, mari ou frère. Des meurtres qui, très souvent, impliquaient une jeune fille et sa mère et qui, pour elles étaient la seule façon de mettre fin à des comportements violents répétés. Des meurtres où les accusateurs demandant des peines les plus sévères possible  étaient des frères, des fils ou des oncles.

C’est dans un centre de correction et de réhabilitation pour mineures que le réalisateur a passé le plus de temps, filmant des jeunes filles pleines de vie, aimant rire, chahuter et s’amuser, mais également capables d’avoir entre elles une discussion très franche sur le comportement que devraient avoir les hommes à leur égard. Dans ce qui ressemble presque à une colonie de vacances, on a vraiment l’impression que ces jeunes filles y sont plus heureuses, osons même dire plus libres, plus en sécurité aussi, que dehors, dans la société outrageusement phallocratique de leur pays. Comme le dit une jeune fille qui est sorti du centre et qui est venu rendre visite à ses anciennes copines : « dehors, je m’ennuie ».

Par ailleurs, le réalisateur a proposé à certaines de ces jeunes filles de s’exprimer face à une caméra, à leur rythme, en s’adressant à l’homme qu’elles avaient tué ou à leur mère. Des captations d’où le remords est absent même s’il peut exister le regret d’avoir perdu un être qui avait pu être aimé par le passé, avant qu’il ne devienne violent. Des captations que le réalisateur pouvait aller montrer aux mères concernées, enfermées elles dans la prison de femmes de Rey. La rencontre la plus émouvante est celle d’une femme qui était alors en prison depuis 7 ans, une femme souriante, presque enjouée alors que, pour elle, le risque d’être condamnée à mort est très grand : ses deux fils tiennent à appliquer la loi du talion pour venger leur père. Ils veulent voir leur mère la corde au cou afin de pouvoir lui pardonner au dernier moment, quitte à ce qu’elle en arrive à mourir de peur sous leurs yeux. En fait, le film revient souvent sur 3 notions de la justice iranienne que l’on commence à connaitre à force de voir des films en provenance de ce pays, tout en étant incapables de vraiment les comprendre : la loi du talion, le pardon et le prix du sang. A noter que le film ayant été tourné en 2019, il n’est fait aucune mention des conditions sanitaires déplorables dans lesquelles se trouvent actuellement les prisons iraniennes. Pas seulement en Iran, d’ailleurs !

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