Critique Express : Red Rocket

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Red Rocket

Etats-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisation : Sean Baker
Scénario : Sean Baker, Chris Bergoch
Interprètes : Simon Rex, Suzanna Son, Bree Elrod, Ethan Darbone
Distribution : Le Pacte
Durée : 2h08
Genre : Drame, Comédie
Date de sortie : 2 février 2022

2/5

Synopsis : Mikey Saber revient dans sa ville natale du Texas après des années de carrière de pornstar à Los Angeles. Il n’y est pas vraiment le bienvenu… Sans argent, sans emploi, il doit retourner vivre chez son ex-femme et sa belle-mère… Pour payer son loyer, il reprend ses petites combines mais une rencontre va lui donner l’espoir d’un nouveau départ.


La reconversion d’une star du X ?

Elle n’est pas très claire la raison qui a contraint Mikey Saber à quitter les studios du cinéma pour adultes de Los Angeles pour retourner à Texas City, d’où il est originaire. Dans cette localité proche de Houston, une femme … ne l’attend pas et se montre plutôt réticente à l’idée de l’accueillir. Cette femme, c’est Lexi, elle habite avec Lil, sa mère, dans une petite maison proche d’une des nombreuses raffineries de pétrole de cette région. Légalement, Mikey et Lexi sont toujours mariés : ils étaient partis ensemble pour le monde du porno à Los Angeles, d’où Lexi était rentrée seule après être tombée dans la drogue. Mikey, lui, avait tenu bon pendant 17 longues années. Mais là, maintenant, il n’a plus de travail, il n’a pas de domicile, il n’a plus le moindre sou, et il est même obligé de prendre du viagra pour « assurer » avec Lexi. Dans cette région du Texas, il y a beaucoup de chômage et, de toute façon, à part le porno et dealer, Mikey ne sait pas faire grand chose. Quelle déchéance ! Parmi ses anciens amis, il y a bien Lonnie qui, peut-être, serait susceptible de l’aider. Et puis, surtout, il y a Strawberry, une jeune fille à quelques semaines de devenir majeure. Mikey l’a rencontrée dans le Donut du coin où elle travaille, elle n’a pas froid aux yeux et Mikey est persuadé qu’elle pourrait devenir une star du porno. Pourquoi ne pas devenir un « suitcase pimp », un de ces hommes qui font leur beurre en exploitant le talent d’une actrice X ?

Starlet, en 2012, un film mettant en scène une actrice porno de 21 ans; Tangerine, en 2015, un film se déroulant dans le milieu des prostitués transsexuels de West Hollywood ; The Florida Project, en 2017, un film sur une fillette de 6 ans dont la mère se prostitue ; et maintenant, Red Rocket, un film sur une ancienne star du porno qui essaye de rebondir. Pas de doute, Sean Baker affectionne les sujets plus ou moins scabreux dans lesquels le sexe prend une place importante. Au fait, Red Rocket, savez vous de quoi il s’agit ? Non, ce n’est pas une fusée rouge ! C’est tout simplement le sexe d’un chien en érection. Difficile de faire plus explicite ! Cela étant, le film pourrait avoir de nombreuses qualités. Il en a très peu ! La principale, c’est d’avoir bien choisi un moment précis pour situer son action : 2016, Donald Trump et Hillary Clinton sont en compétition pour le poste de président.e des Etats-Unis. Sean Baker a sans doute voulu mettre en parallèle les destins de deux prédateurs : Trump et Mikey. Le problème, c’est qu’il n’en fait pas grand chose de ce choix a priori intéressant ! Une autre qualité recherchée par le film mais pas vraiment atteinte : une peinture de l’envers du rêve américain. Pas vraiment atteinte car le film s’attarde surtout sur deux personnages plutôt atypiques, Mikey, un personnage donnant à première vue une image de séduction mais dont on comprend vite que c’est un prédateur de la pire espèce  que seule sa petite personne intéresse, et sur Strawberry, une fausse oie blanche qu’on arrive difficilement à cerner : est-elle stupide, complètement paumée ou, au contraire, manipulatrice et avide de réussite ? Plutôt bien interprété par Simon Rex (Mikey)et Suzanna Son (Strawberry), Red Rocket souffre beaucoup d’une durée trop importante (128 minutes) vs son contenu et on se demande comment un tel film a pu trouver sa place dans la compétition cannoise de 2021, et, surtout, se voir attribuer le Prix du jury et le Prix de la critique au dernier Festival du cinéma américain de Deauville. Le cinéma américain est-il vraiment tombé aussi bas ? Peut-être, finalement !

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