Critique : 10 Cloverfield Lane

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10 cloverfield lane affiche10 Cloverfield Lane

Etats-Unis, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Dan Trachtenberg
Scénario : Elizabeth Meriwether
Acteurs : Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr, Bradley Cooper
Distribution : Paramount Pictures France
Durée : 1h45
Genre : Science-fiction, thriller
Date de sortie : 16 mars 2016

Note : 3,5/5

10 Cloverfield Lane a débarqué ce mercredi dans nos salles. Suite (?) de Cloverfield, sorti en 2008, mettant en scène un gigantesque Alien détruisant New York, 10 Cloverfield Lane est le premier film de Dan Trachtenberg porté par les performances parfaites de John Goodman et Mary Elisabeth Winstead.

10 Cloverfield Lane John Goodman Mary Elizabeth Winstead

Synopsis : Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d’abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper…

10 Cloverfield Lane Mary Elizabeth Winstead John Goodman

Une suite indirecte, une tournure inattendue

Cloverfield premier du nom était réalisé par Matt Reeves qui a réalisé dernièrement La Planète des Singes : L’Affrontement (deuxième épisode du reboot de la saga), film de science-fiction simple, commun mais très efficace. Matt Reeves était parvenu à capter le gigantisme de la terrible bête, mais surtout à se connecter à la peur précaire, à la terreur naturelle de l’être humain, le tout à l’échelle du spectateur. Il a réussi là où Gareth Edwards a péché sur son Godzilla : réaliser un film de gigantisme à échelle humaine, au travers les yeux d’un individu lambda, confronté à une situation catastrophique.

10 Cloverfield Lane, produit par JJ Abrams et sa boîte Bad Robot, est resté très discret jusqu’à sa sortie en salles. La promotion et le marketing autour du long métrage sont restés au maximum mystérieux pour créer une attente, gonflée par le manque d’information, étonnante autour du projet. L’existence même de cette suite a été annoncée il y a seulement deux mois. Une méthode de promotion surprenante dans l’ère du temps actuel dirigé par la recherche d’images et d’informations.

Cette suite prend à contre courant tout ce qu’avait apporté le premier opus. Finie la débandade dans les rues métropolitaines, fini le monstre gigantesque fracassant tout sur son passage, le Cloferfield 2.0 prend un axe inédit et offre une expérience cinématographique totalement différente. 10 Cloverfield Lane a une finalité bien différente de son grand frère. Sans vraiment chercher à divertir, cette suite est déstabilisante et place son spectateur dans une ambiance claustrophobe et paranoïaque inquiétante.

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Des personnages intéressants et aboutis

Tourné presque uniquement en huit clos, 10 Cloverfield Lane comptabilise trois protagonistes qui évoluent dans un bunker à l’abri des regards. D’abord Howard, personnage de John Goodman, ex marine, propriétaire du logis et praticien de la théorie du complot, autour de la menace non identifiée qui a désolé le monde extérieur. Le personnage de Mary Elisabeth Winstead, Michelle, est sceptique et pense avoir été kidnappée. Elle va tout faire pour clarifier la situation et recouvrer sa liberté. Un personnage intelligent et combatif qui casse les stéréotypes des protagonistes idiots des productions horrifiques habituelles. Et enfin John Gallagher Jr qui se place comme le personnage rassurant, humain et allié de l’héroïne.

Les interprètes sont dirigés à la perfection pour donner l’épaisseur nécessaire à leurs personnages complexes et profonds. Mary Elisabeth Winstead se place comme la combattante débrouillarde dans la ligne directe de Ripley et autres Sarah Connor. Mais le personnage, et par conséquent l’acteur, qui tire véritablement son épingle du jeu, est Howard, sous les traits de John Goodman, individu ambigu et pour le moins mystérieux. La réalisation et l’écriture de Trachtenberg se veulent perturbantes, déstabilisantes, pour un spectateur qui va hésiter constamment pour comprendre les intentions de Howard. Le cinéaste place son public dans des conditions identiques à celles de l’héroïne. Il ne sait rien de Howard, ne connaît pas sa réelle volonté, change sans arrêt d’avis sur cette figure paternelle oscillante entre inquiétude et réconfort. Quel est son but ? Sombre machination ou cherche-t-il véritablement à protéger Michelle ? Une question qui se résoudra à la toute conclusion du long métrage. La psychologie est travaillée, l’étude des caractères approfondies, Dan Trachtenberg ne se moque pas de son public et lui desserve des personnages ancrés dans un réalisme froid et morose.

10 Cloverfield Lane John Goodman
Un traitement inédit et maitrisé

Dès le départ, Dan Trachtenberg démontre sa capacité à mettre en scène, avec une ouverture mystérieuse suivie d’un générique percutant. Le traitement du huis-clos est la condition première pour une tension permanente, qui va évoluer crescendo jusqu’à un final en apothéose. Dan Trachtenberg joue avec les clichés hollywoodiens du genre, présentant constamment des situations attendues pour entraîner son spectateur vers des dénouements surprenants. Beaucoup de mystère réside autour du film, quelques questions soulevées resteront sans réponse, un parti-pris louable qui démontre une véritable volonté de contredire un cinéma actuel qui cherche nécessairement à tout expliquer. Les décors, les personnages, les couleurs, même les bruits de portes participent à l’ambiance anxiogène, lancinante et toujours à la limite de l’implosion, magnifiant une menace imperceptible inquiétante. Michelle est prise au piège entre un danger extérieur invisible et un danger intérieur inconnu, une situation qui vient réveiller les peurs primaires du spectateur, et présente la mesure psychologique nécessaire pour demeurer dans un lieu clos avec des inconnus.

10 Cloverfield Lane John Gallagher Jr Mary Elizabeth Winstead

Conclusion

Angoissant et hypnotique, 10 Cloverfield Lane, traite du hasard et de la mort avec parfois une dose de naïveté touchante, avec une accélération de rythme certaine pour son dernier acte, véritable césure avec le reste du film, jusqu’à une conclusion en fin ouverte intéressante.

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