2025 : une bonne cuvée
Une certitude : la qualité des films en compétition en cette année 2025 était largement supérieure à celle de l’année dernière et le nombre de films dont on pouvait considérer qu’ils feraient une bonne Palme d’or était à peu près identique à ce qu’il avait été en 2023. Cela n’empêche pas, bien sûr, pour tous les spectateurs ayant vu au moins une grande partie de la Sélection officielle de se retrouver avec un palmarès qui ne coïncide pas exactement avec celui qu’elles ou ils avaient imaginé. C’est ainsi que concernant le cas que je connais le mieux (le mien !), les 2 films de la compétition que j’ai préférés n’apparaissent pas du tout au palmarès. Tout d’abord, The history of sound, un film d’une grande sensibilité et jouissant d’une photographie magnifique sur le travail de collectage de chansons populaires effectué au début du 20ème siècle par deux ethnomusicologues sur fond de romance amoureuse entre ces 2 hommes. Ce film du réalisateur sud-africain Oliver Hermanus sortira le 14 janvier 2026. Ensuite, Dossier 137, le nouveau film de Dominik Moll (le réalisateur de La nuit du 12), un film sur une enquêtrice de l’IGPN, la police des polices, qui travaille sur une bavure policière. Léa Drucker, qui interprète cette policière, est (comme d’habitude), absolument exceptionnelle et c’était pour moi la candidate évidente pour le Prix d’interprétation féminine. Ce film sortira le 19 novembre 2025. Ces choix personnels ne m’empêchent pas d’avoir apprécié les 2 films auxquels le jury a attribué les 2 prix principaux : Un simple accident, la Palme d’or, n’est sans doute pas le meilleur film iranien de l’histoire, ni même, probablement, le meilleur film de Jafar Panahi, son réalisateur, mais ces petites réserves ne l’empêchent pas d’être à mes yeux un excellent film, un film courageux qui nous interroge avec une bonne dose d’humour (la politesse du désespoir !) sur notre position face à la vengeance. Il sortira le 10 septembre 2025. Par contre, Valeur sentimentale, Grand Prix du jury, chronique sur les rapports d’un réalisateur de cinéma avec ses 2 filles, est pour moi, et de loin, le meilleur film du norvégien Joachim Trier. Il faut dire que je n’avais guère apprécié les 4 films précédents de ce réalisateur : Oslo, 31 août, Back home, Thelma et Julie (en 12 chapitres). Valeur sentimentale sortira le 20 août 2025. Concernant les 2 Prix du jury, j’ai délibérément évité Sirât, du réalisateur franco-espagnol Olivier Laxe : 120 minutes à entendre de la musique techno, beaucoup trop pour moi ! Ce film sortira le 3 septembre 2025. Quant à l’autre Prix du Jury, Sound of falling, premier long métrage de la réalisatrice allemande Mascha Schilinski, ce fut pour moi un long calvaire de 159 minutes : un film à la mise en scène maniérée auquel on ne comprend rien, il faut beaucoup de conscience professionnelle pour rester jusqu’au bout. Le comble : des comparaisons qui sont faites avec le cinéma de Michael Haneke. On se demande où ils ont été chercher ça !
Passons au Prix du scénario attribué à Jeunes mères des frères Dardenne : la panne d’électricité qui, le dernier jour du festival, le samedi 24 mai, a frappé pendant 5 heures l’agglomération de Cannes, a interrompu de façon définitive la projection de ce film à laquelle j’assistais. Je n’ai donc vu (pour l’instant) que les 2/3 de ce film, une durée toutefois suffisante pour m’autoriser à dire tout le bien que je pense de ce film choral qui nous parle avec chaleur d’une maison maternelle et des choix que peuvent faire, concernant leur bébé, concernant leur propre avenir, de jeunes adolescentes s’étant retrouvées enceintes. Ce film est sorti en salles, vendredi dernier, 23 mai. Un film s’est vu décerner 2 récompenses. Il s’agit de L’agent secret du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho. Ce film qui sortira le 14 janvier 2026 nous parle avec brio de ce qu’était la vie au Brésil en 1977, du temps de la dictature militaire. On ne trouve donc rien à redire au Prix de la mise en scène qui lui a été attribué. Il en est de même pour le Prix d’interprétation masculine attribué à Walter Moura, l’interprète du rôle principal de ce film. Concernant le Prix d’interprétation féminine, j’ai dit plus haut que je n’imaginais pas qu’il puisse être attribué à une autre comédienne que Léa Drucker. Cela dit, le choix de Nadia Melliti, très bonne interprète de Fatima dans La petite dernière, le film de Hafsia Herzi qui sortira le 1er octobre 2025, ne peut pas, ne doit pas pour autant être considéré comme totalement injustifié. Reste au palmarès un film que je n’ai pas vu : Resurrection du réalisateur chinois Bi Gan, film qui a obtenu un Prix spécial et qui n’a pas encore de date de sortie.
Pour conclure, 2 films que j’ai pu voir et dont je regrette l’absence au palmarès et un film dont j’attendais beaucoup mais dont j’ai été privé du fait de la panne d’électricité. En priorité, Deux procureurs, de l’ukrainien Sergueï Loznitsa. Comme Un simple accident, comme L’agent secret, il s’agit d’un film qui raconte ce qui se passe quand on vit sous un régime dictatorial. Un simple accident et L’agent secret sont très bien placés dans le palmarès. Deux procureurs, peut-être le meilleur des 3, est reparti bredouille. Ce film sortira le 24 septembre 2025. L’autre absence regrettée, c’est celle de Nouvelle vague, film du réalisateur américain Richard Linklater racontant l’histoire de Jean-Luc Godard tournant A bout de souffle, et qui sortira le 8 octobre 2025. Quant à The mastermind, le nouveau film de la réalisatrice américaine Kelly Reichardt, je ne peux pas dire si je regrette son absence au palmarès puisque la panne d’électricité m’a empêché de le voir. Disons seulement que c’était un des 2 ou 3 films de la compétition que j’attendais avec le plus d’impatience. Et je ne sais même pas quand je pourrai aller le voir en salle, puisque son distributeur n’a pas encore annoncé de date de sortie.