Test Blu-ray : Monte Walsh

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Monte Walsh

États-Unis : 1970
Titre original : –
Réalisation : William A. Fraker
Scénario : Lukas Heller, David Zelag Goodman
Acteurs : Lee Marvin, Jeanne Moreau, Jack Palance
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h39
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 3 février 1971
Date de sortie DVD/BR : 18 septembre 2025

Tandis que les ranchs ferment, que la prairie se couvre de barbelés et que la clientèle des saloons se fait rare, trois cow-boys recherchent un travail qui leur permette de survivre. Si Chet Rollins manifeste de réelles ambitions, son ami Monte Walsh préfère s’adonner aux plaisirs faciles. Quant à Shorty Austin , il envisage de s’engager sur le tard dans la voie du crime. Dans la localité d’Harmony, Monte Walsh retrouve Martine Bernard, une séduisante entraîneuse sur le point de quitter la ville pour s’installer dans une cité plus prospère. Au moment où Chet Rollins se marie avec la veuve d’un quincaillier dont il reprend la boutique, Austin le braque et le tue. Un geste que Monte ne peut laisser passer…

Le film

[3,5/5]

Le western a toujours été un genre obsédé par ses propres funérailles. Chaque décennie annonce sa mort, et chaque décennie voit surgir un film qui prouve qu’il est encore vivant, même si c’est pour chanter sa propre mélancolie. Monte Walsh, réalisé par William A. Fraker en 1970, appartient à cette catégorie de westerns crépusculaires qui contemplent la fin d’un monde. Lee Marvin y incarne un cow-boy vieillissant, témoin d’une époque qui disparaît sous ses yeux. Le film, adapté du roman de Jack Schaefer, est moins une histoire d’aventures qu’une méditation sur le passage du temps, la perte des repères et la difficulté de trouver sa place dans une société qui change trop vite.

Monte Walsh n’est donc pas à proprement un western de « conquête », mais davantage un western de « survie ». Son héros n’est pas un pistolero flamboyant, mais un homme fatigué, qui voit ses compagnons se reconvertir ou disparaître. Très symptomatique de son époque de tournage, le film s’inscrit dans la lignée d’autres grands westerns crépusculaires années 70, tels que La Horde Sauvage de Sam Peckinpah ou Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill – deux films qui racontaient également la fin des hors-la-loi et la naissance d’un monde moderne. Mais là où Sam Peckinpah choisissait la violence baroque et George Roy Hill l’ironie, William A. Fraker opte quant à lui pour la sobriété : Monte Walsh est un film contemplatif, qui préfère les silences aux fusillades. La caméra s’attarde sur les paysages, les visages, les gestes quotidiens. Le western devient ici une chronique de la disparition, une élégie filmée.

Monte Walsh interroge la notion de masculinité à l’heure où les cow-boys sont en voie d’extinction. Que devient un homme dont l’identité repose sur un métier qui n’a plus sa place dans la société ? La réponse est douloureuse : il erre, il boit, il se bat, mais il ne trouve plus de sens. Lee Marvin incarne cette crise avec une intensité rare : son Monte Walsh est à la fois fier et vulnérable, capable de rire mais aussi de s’effondrer – dans son interprétation, on sent toute la difficulté de cet homme incapable de s’adapter à accepter que le monde n’a plus besoin de lui. Le film montre que la fin du Far West n’est pas seulement une transformation économique, mais aussi une perte de liens sociaux. Monte Walsh est un film sur la solitude, sur l’impossibilité de trouver sa place dans un monde qui change. Et cette solitude résonne finalement plus que jamais de nos jours, à l’heure où plusieurs métiers sont amenés à disparaître sous l’effet de la technologie. Le cow-boy obsolète devient une métaphore de l’ouvrier remplacé par Internet et/ou l’intelligence artificielle.

Monte Walsh nous raconte une histoire simple avec honnêteté. La romance se nouant dans le film entre Lee Marvin et Martine (Jeanne Moreau) apporte de plus une dimension intime au film : le cow-boy n’est plus seulement un héros solitaire, il est devenu un homme confronté à la fragilité des sentiments. Mais William A. Fraker évite le lyrisme excessif : il filme la relation avec pudeur, en laissant les silences parler. Lee Marvin et Jeanne Moreau donnent ainsi au récit une profondeur humaine qui dépasse largement le genre western. Derrière les paysages et les silences, il y a une réflexion sur le temps, sur la mort, sur la mémoire, encore renforcée par les compositions de plans imaginées par Fraker et son directeur photo David M. Walsh. Les couchers de soleil, les intérieurs sombres, les visages marqués par le temps : tout respire la fin d’une époque, comme cette phrase respire la fin de critique.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Monte Walsh, édité par Sidonis Calysta, s’inscrit dans la prestigieuse collection « Western de légende ». Comme d’hab, le packaging est soigné : Combo limité avec le Blu-ray et le DVD, boîtier élégant, visuel attractif. L’image, présentée au format 2,35:1, semble avoir bénéficié d’une solide restauration. La palette chromatique est respectée, le niveau de détail est précis, le piqué convaincant. La texture argentique est conservée, ce qui permet de retrouver l’atmosphère originale du film. Quelques plans présentent certes encore quelques griffures ou des poussières, et les scènes nocturnes sont un peu moins définies, mais la luminosité générale est éloquente. Côté son, le film nous est proposé en version originale et en version française DTS-HD Master Audio 2.0. La VO se distingue par une dynamique plus ample, notamment dans la restitution de la partition de John Barry. Les dialogues sont clairs, les aigus équilibrés. La VF, doublée par André Valmy, Georges Atlas et Jeanne Moreau elle-même, reste honorable, même si elle manque de la subtilité de la VO. Aucun souffle ni anomalie n’est à signaler, preuve d’un travail de restauration sérieux.

Côté suppléments, le Blu-ray de Monte Walsh s’avère à l’image des autres titres de la collection « Western de légende », et nous propose un ensemble de bonus assez généreux. On commencera avec une présentation du film par Noël Simsolo (19 minutes), qui reviendra sur la sortie du film en 1971, son accueil mitigé en Europe et son succès aux États-Unis. Il y reviendra également sur le parcours de William A. Fraker, le roman de Jack Schaefer, et la mélancolie du récit. On continuera ensuite avec le documentaire Lee Marvin : un portrait intime (48 minutes), réalisé en 1998 par le cinéaste John Boorman, qui l’avait dirigé dans Le Point de non retour (1967) et Duel dans le Pacifique (1968). Il y dresse un joli portrait de l’acteur, et nous propose des entretiens avec Jim Jarmusch, William Hurt et avec Pamela Marvin, la veuve de l’acteur. Quelques extraits de films et images de tournage complètent par ailleurs cet hommage passionnant. Enfin, on terminera avec la traditionnelle bande-annonce.

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