Test Blu-ray : Drop Game

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Drop Game

États-Unis : 2025
Titre original : Drop
Réalisation : Christopher Landon
Scénario : Jillian Jacobs, Christopher Roach
Acteurs : Meghann Fahy, Brandon Sklenar, Violett Beane
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h35
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 23 avril 2025
Date de sortie DVD/BR : 3 septembre 2025

Violet, une jeune veuve qui pour son premier rendez-vous depuis des années, se rend dans un restaurant très chic où celui qu’elle doit y retrouver, Henry, est encore plus charmant que séduisant. Mais leur alchimie naissante va vite être gâchée quand Violet se voit harcelée puis terrorisée par une série de messages anonymes sur son téléphone. Contrainte au silence, elle doit suivre les instructions qu’elle reçoit, sous peine que la silhouette encapuchonnée des caméras de sécurité de sa propre maison ne tue son jeune fils gardé par sa tante, la sœur de Violet. Si elle ne fait pas exactement ce qui lui est ordonné, ceux qu’elle aime le plus mourront…

Le film

[3,5/5]

Après les deux Happy Birthdead et Freaky, Christopher Landon revient au film « concept » un peu fou avec Drop Game, un thriller au cœur duquel le rencard tourne vinaigre plus vite qu’un steak tartare oublié au soleil. Violet (Meghann Fahy), jeune veuve et mère d’un gamin d’une dizaine d’années, a rendez-vous dans un restaurant chic avec un photographe beau comme un filtre Instagram (Brandon Sklenar). Mais voilà qu’un corbeau numérique commence à lui balancer des messages via AirDrop, façon Cupidon sous acide, et menace de s’en prendre à son fils si elle ne transforme son date en dîner sanglant. C’est typiquement le genre de détail propre à transformer une soirée romantique en un Escape Game paranoïaque (sans les énigmes). La pauvre Violet pensait juste se remettre en selle, elle finira évidemment par chevaucher la panique comme une cavalière délurée, sans selle ni culotte.

Drop Game joue la carte du huis clos vertical : un resto perché au sommet d’un gratte-ciel, des clients bien sapés, et une tension qui grimpe plus vite que les prix du menu. Le dispositif techno-parano est malin, même si l’idée qu’un inconnu puisse envoyer des messages anonymes via AirDrop à tout le monde sans que personne ne bronche relève tout de même un peu du fantasme geek. Mais bon, on est au cinéma, pas au lycée ou dans une réunion de copropriété. Et l’ensemble est d’autant plus efficace que formellement, Christopher Landon commence à être rodé, et nous livre un film qui tient parfaitement la route, sans laisser le temps au spectateur de réfléchir. Pas de plans tarabiscotés, mais une mise en scène qui sait où poser ses yeux : sur les visages, les regards, les silences. Le montage, lui, joue au métronome, découpant les scènes comme un sushi-man sous MDMA, avec des cuts bien sentis qui font monter la sauce. Et quand ça explose, ça explose. Pas de sang à outrance, mais une tension qui suinte comme dans un vieux slip en polyester : mention spéciale à la BO de Bear McCreary, qui fait vibrer les tympans comme un vibromasseur dans une boîte à gants.

Thématiquement, Drop Game brasse du lourd sans se prendre trop au sérieux. La peur de l’autre, la surveillance, l’ultra-moderne solitude (déjà évoquée par Alain Souchon en 1988, mais qui ne fait que s’accentuer avec le temps), le trauma post-relation toxique… tout y passe, emballé dans un thriller qui lorgne du côté d’un Hitchcock 2.0. Violet devient l’avatar d’une société où même les rencards sont des terrains minés. Et dans ce monde où l’homme est un loup pour l’homme et où tout le monde se méfie de l’autre, le smartphone, qui prolonge le bras jusqu’à en devenir un véritable membre, devient un braquemart (n.m : Épée courte à double tranchant). Du côté des acteurs, l’ensemble est également très solide. On pourra adresser une mention spéciale à Meghann Fahy, qui porte le film comme une hôtesse de l’air en pleine turbulence. Elle oscille entre fragilité et détermination, sans jamais tomber dans le pathos. Brandon Sklenar, lui, fait le job, même si son personnage n’est finalement qu’un prétexte et s’avère finalement aussi utile qu’un homme dans une cuisine. Pour autant, si Drop Game n’invente pas la poudre, le nouveau film de Christopher Landon s’avère un thriller malin, tendu, rythmé et jamais chiant. Et ça, c’est déjà pas mal dans un monde où même les films ont peur de s’engager.

Le Blu-ray

[4/5]

Drop Game vient de sortir en Haute-Définition chez Universal Pictures, et côté image, le Blu-ray fait le taf sans trop forcer. Le master HD est propre, bien défini, avec une gestion des contrastes qui permet de savourer les ambiances tamisées du restaurant sans plisser les yeux comme une vieille tante devant un sudoku. Les noirs sont profonds, les détails bien présents, même si quelques plans souffrent d’un léger grain numérique, surtout dans les scènes de surveillance. Rien de rédhibitoire, mais on aurait aimé un petit coup de polish supplémentaire. Le son, lui, envoie du bois : la VO en DTS-HD Master Audio 5.1 est immersive, avec une spatialisation bien gérée et des effets discrets mais efficaces. La VF, en Dolby Digital 5.1, fait le boulot sans briller, avec des dialogues un peu trop en avant et une dynamique plus sage. À choisir, mieux vaut garder l’oreille sur la VO, sauf si on aime les doublages façon téléfilm du dimanche.

Côté suppléments, Universal Pictures ne s’est pas foulé mais nous propose quand même quelques miettes dans l’assiette, façon restaurant gastronomique. On trouve un making of succinct mais informatif (12 minutes), au cœur duquel le réalisateur Christopher Landon explique qu’il aime les concepts simples et les tournages rapides, comme un speed-dating avec une caméra. On continuera avec quelques scènes coupées (8 minutes), dont une où Violet hésite à commander du poisson – passionnant. Enfin, on terminera avec une featurette sur les effets visuels (6 minutes). Bref, comme le film en lui-même, Drop Game s’offre une galette Blu-ray sans fioritures, qui remplit son contrat sans trop de chichis.

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