Critique Express : Classe moyenne

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Classe moyenne 

France, Belgique : 2025
Titre original : –
Réalisation : Antony Cordier
Scénario : Jean-Alain Laban, Steven Mitz, Antony Cordier, Julie Peyr
Interprètes : Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia, Laure Calamy, Noée Abita, Sami Outalbali
Distribution :Tandem
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie : 24 septembre 2025

2.5/5

Synopsis : Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…

Alors que les écarts de revenu entre les plus riches et les moins riches n’ont cessé de croitre dans notre pays depuis deux dizaines d’années, on entend dire parfois que la lutte des classes n’est plus d’actualité. Un avis que, manifestement, ne partage pas du tout le réalisateur Antony Cordier. Alors que, il y a 20 ans, il avait érotisé la lutte des classes dans Douches froides, son premier long métrage, il la présente sous la forme d’un jeu de massacre très noir et très cruel dans Classe moyenne, son nouveau film, présenté à la Quinzaine des Cinéastes cannoises, en mai dernier. C’est dans une magnifique propriété du Gard que nous convie le réalisateur. C’est le temps des vacances et 2 familles s’y côtoient dans des logements à la fois géographiquement assez proches et esthétiquement éloignés : celle des propriétaires et celle des gardiens, des employé.es à tout faire. Les propriétaires des lieux, pour qui cette propriété est la résidence secondaire, ce sont les Trousselard ; lui, Philippe, un avocat renommé et très « friqué », issu d’une famille très aisée, arrogant, méprisant, bouffi d’orgueil et aimant étaler sa (pseudo) culture en balançant à tout bout de champ des locutions latine ; elle, Laurence, une actrice ayant Laurence de Préville comme pseudo, une actrice qui apparaissait surtout dans des nanars mais qui, n’étant plus apparue au cinéma depuis longtemps, espère relancer sa carrière au théâtre ; le 3ème élément de cette famille, c’est Garance, la fille de Philippe et de Laurence, qui ambitionne de suivre les traces de sa mère en devenant actrice, mais qui, ne voulant pas être considérée comme étant la « fille de .. », ne veut utiliser dans ce qu’elle espère être son futur métier, ni le nom de son père, ni le nom de scène de sa mère. La famille des gardiens, c’est la famille Azizi ; lui, Tony, issu d’une famille maghrébine de la région d’Oran, est un bon employé mais se montre tout à fait capable de partir en vrille lorsqu’il a un peu bu ; elle, Nadine, n’a peut-être même pas besoin d’être éméchée pour monter dans les tours. Les Azizi ont une fille, Marylou, tout juste 20 ans et qui se dit amie avec Garance. Un 7ème personnage est présent sur les lieux  : Mehdi El Glaoui, le petit ami de Garance depuis 4 mois, un jeune avocat sorti major de sa promotion. Cela le rapproche de Philippe Trousselard, même si ce dernier se montre agacé par ce brillant classement, lui qui n’avait fini que 24ème de sa promotion. En parallèle, l’origine algérienne de la famille de Mehdi le rapproche de Tony Azizi.

Alors que ces vacances d’été se déroulent tranquillement, un évènement a priori anodin lié à un débouchage d’évacuation des eaux usées va les transformer en guerre de tranchée entre les 2 familles. Un Tony éméché  va se mettre à insulter Philippe et les familles vont se lancer dans un grand déballage mutuel de ressentis qui, depuis plusieurs années, étaient restés sous le tapis. Les arguments côté Trousselard : vous êtes logés gratuitement, on vous paye 800 euros par mois et, n’étant pas déclarés, vous pouvez toucher en plus le RSA. Les arguments côté Azizi : le fait de ne pas nous déclarer vous permet de ne pas payer pas de charges sociales et nous empêche de cotiser pour notre retraite. Dans ce contexte où on va en arriver à sortir des armes, Mehdi, lui qui, à l’origine, faisait partie de la même classe sociale que les Azizi, mais qui, grâce à ses brillantes études, est en train de devenir un transfuge de classe, se sent obligé, malheureusement pour lui,  de jouer au casque bleu entre les antagonistes. A la vision de Classe moyenne,  on prend conscience qu’il est difficile d’aborder le sujet délicat de la lutte des classes sous la forme d’un thriller ou d’une comédie se transformant petit à petit en farce pas toujours très légère, très grand étant le risque de virer à une forme de poujadisme peu reluisant.  En 2019, le réalisateur coréen Bong Joon Ho s’y était essayé avec Parasite. Certes, cela lui avait permis d’obtenir la Palme d’Or cannoise, mais le film était loin d’être une franche réussite. Antony Cordier a-t-il mieux réussi ? Pas vraiment, son film, présenté comme étant une comédie, se révélant très souvent plus lourd que drôle. Dans des rôles difficiles dans la mesure où on a du mal à ressentir de l’empathie pour les personnages qu’ils incarnent, les comédiens et les comédiennes délivrent des prestations satisfaisantes. On détachera particulièrement la maison des Trousselard, personnage à part entière, et Sami Outalbali, l’interprète de Mehdi. Il faut dire que Mehdi est le seul personnage pour lequel on ressent vraiment de l’empathie !

 

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