
Même un double acte de sabotage samedi matin ayant entrainé d’importantes coupures d’électricité dans la région n’a pas eu raison de la dernière journée du Festival de Cannes. Et c’est donc sans encombre, ni surprise majeure que la 78ème édition s’est terminée avant-hier soir avec l’annonce de son palmarès. Des lauréats généralement salués par la critique, puisque la quasi-totalité des films ayant obtenu au moins deux avis follement enthousiastes du côté du traditionnel Palmomètre organisé chaque année par le magazine professionnel Le Film français y a reçu au moins un prix. De même, difficile de discuter outre mesure un palmarès qui nous semble avoir trouvé le bon équilibre entre l’engagement politique cher à la présidente du jury et la qualité de la recherche artistique.
Chargé de choisir le successeur de Anora de Sean Baker, la Palme d’or de l’année dernière, le jury sous la présidence de l’actrice française Juliette Binoche (The Return Le Retour d’Ulysse) était composé de l’actrice américaine Halle Berry (Mother Land), de la réalisatrice indienne Payal Kapadia (All We Imagine As Light – Grand Prix en 2024), de l’actrice italienne Alba Rohrwacher (Maria), de l’écrivaine marocaine Leïla Slimani (Chanson douce), du réalisateur congolais Dieudo Hamadi (En route pour le milliard), du réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo (La Voyageuse), du réalisateur mexicain Carlos Reygadas (Nuestro tiempo) et de l’acteur américain Jeremy Strong (The Apprentice).
Un habitué du Festival de Cannes depuis qu’il y a remporté la Caméra d’or avec son premier long-métrage Le Ballon blanc en 1995, Jafar Panahi remporte donc la deuxième Palme d’or pour un film iranien, après Le Goût de la cerise de Abbas Kiarostami en 1997. En 2018, le réalisateur y avait également gagné le Prix du scénario avec Trois visages. Or, son véritable exploit se situe du côté du grand chelem dans les trois festivals de cinéma majeurs en Europe – Berlin, Cannes et Venise – dont il a désormais remporté les trois prix principaux : le Lion d’or italien avec Le Cercle en l’an 2000, l’Ours d’or allemand avec Taxi Téhéran en 2015 et donc à présent la Palme d’or française grâce à Un simple accident.
Ainsi, il rejoint le club hautement exclusif auquel appartiennent seulement ses deux confrères Michelangelo Antonioni (La Nuit à Berlin, Le Désert rouge à Venise et Blow Up à Cannes) et Robert Altman (MASH à Cannes, Buffalo Bill et les indiens à Berlin et Short Cuts à Venise) !
Mais il y a aussi eu d’autres habitués de la Croisette qui ont enrichi leur cumul de prix cannois cette année. En tête, bien sûr, les frères Dardenne, multi-primés depuis leur première Palme d’or pour Rosetta en 1999. Déjà six fois victorieux à titre personnel en compétition, dont une deuxième Palme d’or en 2005 pour L’Enfant, ils remportent même leur deuxième Prix du scénario avec Jeunes mères, après celui du Silence de Lorna en 2008. Quant au cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho, il avait déjà remporté le Prix du jury pour Bacurau en 2019. Enfin, le réalisateur franco-espagnol Oliver Laxe poursuit un parcours de promotion sans faille, suite à son Grand Prix de la Semaine de la Critique en 2016 pour Mimosas La Voie de l’Atlas, au Prix du jury Un certain regard en 2019 grâce à Viendra le feu et à présent au Prix du jury avec Sirat.

Palme d’or : Un simple accident (Iran) de Jafar Panahi, sortie française le 1er octobre
Grand Prix : Valeur sentimentale (Norvège) de Joachim Trier, sortie française le 20 août
Prix de la mise en scène : Kleber Mendonça Filho pour L’Agent secret (Brésil), sortie française le 14 janvier 2026
Prix du scénario : Jeunes mères (Belgique) par Jean-Pierre et Luc Dardenne
Prix du jury : Sirat (Espagne) de Oliver Laxe, sortie française le 3 septembre et Sound of Falling (Allemagne) de Mascha Schilinski, sans date de sortie en France (ex æquo)
Prix d’interprétation féminine : Nadia Melliti dans La Petite dernière, sortie française le 1er octobre
Prix d’interprétation masculine : Wagner Moura dans L’Agent secret, sortie française le 14 janvier 2026
Prix spécial : Resurrection (Chine) de Bi Gan, sans date de sortie en France

Palme d’or du court-métrage : I’m Glad You’re Dead Now (Palestine) de Tawfeek Barhom
Mention spéciale : Ali (Bangladesh) de Adnan Al Rajeev
Caméra d’or : The President’s Cake (Irak) de Hasan Hadi, sans date de sortie en France [Quinzaine des cinéastes]
Mention spéciale : My Father’s Shadow (Nigéria) de Akinola Davies, sans date de sortie en France [Un certain regard]
Prix de la Commission Supérieure Technique de l’artiste-technicien : Alpha (France), sortie française le 20 août – Ruben Impens (chef opérateur) et Stéphane Thiébaut (mixeur son)
Prix de la Commission Supérieure Technique de la jeune technicienne de cinéma : Connemara (France), sortie française le 10 septembre – Éponine Momenceau (cheffe opératrice)
