Test DVD : Baby

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Baby 

Brésil, France, Pays-Bas : 2024
Réalisation : Marcelo Caetano
Scénario : Gabriel Domingues, Marcelo Caetano
Interprètes : João Pedro Mariano, Ricardo Teodoro, Bruna Linzmeyer
Éditeur : Epicentre Films
Durée : 1h42
Genre : Drame, Romance
Date de sortie cinéma : 19 mars 2025
Date de sortie DVD : 1 juillet 2025

À sa sortie d’un centre de détention pour mineurs, Wellington se retrouve seul et à la dérive dans les rues de São Paulo, sans nouvelles de ses parents et sans ressources pour commencer une nouvelle vie. Il fait la rencontre de Ronaldo, un homme mûr qui lui enseigne de nouvelles façons de survivre. Peu à peu, leur relation se transforme en passion conflictuelle.

Le film

[3.5/5]

Au moment de sortir du centre de rétention pour mineurs de São Paulo dans lequel il a passé 2 ans, Wellington, un adolescent de 18 ans, apprend que ses parents ont déménagé en ne laissant ni adresse, ni numéro de téléphone. Se pose donc pour lui la question de savoir où dormir. Pourquoi pas dans un cinéma ? Sauf que le cinéma spécialisé dans les films gay dans lequel il se verrait bien passer sa nuit ferme à 4 heures du matin. Toutefois, comme l’affirme un proverbe bourré d’optimisme, « à quelque chose malheur est bon » : chassé de la salle de cinéma, Wellington va faire la rencontre de Ronaldo, un homme qui a 24 ans de plus que lui et qui est à la fois prostitué et dealer, un homme qui, voyant en Wellington un gros potentiel d’ « escort », va se prendre d’affection pour lui et lui donner le nom de Baby. Dire que les relations entre Ronaldo et Wellington vont être dorénavant du genre long fleuve tranquille serait mentir car, comme l’a dit l’écrivain et avocat Denis Langlois, « La vie est un long fleuve tranquille. Ce sont les rives qui sont dangereuses. Il ne faudrait jamais aborder. » Ces rives dangereuses à aborder sont nombreuses et Ronaldo et Wellington sont enclins à les aborder : le « travail » de dealer dans lequel Ronaldo entraine Wellington et qui peut s’avérer dangereux ; le « travail » de prostitué dans lequel Ronaldo entraine Wellington et … même chanson ; la bande de travestis dont faisait partie Wellington avant sa rétention et qu’il aime retrouver régulièrement, ce que Ronaldo ne pas voit d’un très bon œil, sentant que cela peut mettre fin à sa relation avec Baby. Toutefois, il y a aussi des rives qui se révèlent beaucoup plus amènes pour Wellington, telle le couple formé par Priscila et Jana. Dans ce couple, Priscila est la mère de Allan, un fils dont Ronaldo est le père. On ne saura jamais quel type de relation ont eu Priscila et Ronaldo, relation amoureuse ou, plus probablement, relation consistant pour Ronaldo à permettre aux deux femmes d’avoir un enfant. Toujours est-il que, pour Wellington, lui que son père a rejeté à cause de son homosexualité, ces deux femmes vont représenter une nouvelle famille, accueillante, chaleureuse, d’autant plus que Priscilia et Jana vont se mettre en quatre pour permettre à Wellington de retrouver sa mère.

Après Corpo Elétrico, son premier long métrage, présenté en avant-première au Festival international de Rotterdam en janvier 2017, le réalisateur brésilien Marcelo Caetano s’est retrouvé dans une période particulièrement difficile pour arriver à réaliser son nouveau long métrage : en effet, pendant 4 ans, du 1er janvier 2019 au 1er décembre 2024, le Président du Brésil n’était autre que Jair Bolsonaro, un homme qui n’a eu de cesse durant son mandat d’opérer des coupes dans les budgets de la culture, dans celui du cinéma en particulier, un homme qui, en plus, s’est toujours opposé à la communauté LGBT. Ce film qu’il a mis 6 ans à écrire, Marcelo Caetano va toutefois réussir à le mener à bien, intégrant la France et les Pays-Bas à sa production. Bien aidé par une  mise en scène très fluide, Baby réussit l’exploit d’être à la fois un film très réaliste sur la communauté LGBT de São Paulo sans pour autant tomber dans un voyeurisme plus ou moins sordide, un film d’apprentissage plein de sensualité, un véritable film d’amour dans lequel interviennent de façon subtile le politique et le social, un film, enfin, qui montre, grâce à la différence d’âge entre Ronaldo et Baby, que, malgré les Bolsonaro et consorts, le sort des homosexuels a quand même réussi à  s’améliorer au Brésil. Présenté à la Semaine de la Critique cannoise de 2024, Baby a permis à Ricardo Teodoro, l’interprète de Ronaldo, d’obtenir le Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation.

Le DVD

[4/5]

Très bon piqué, très bon respect des couleurs et de la lumière : visuellement, le DVD de Baby est une réussite de plus à mettre à l’actif de Épicentre Films. Le son du film est disponible en stéréo et en 5.1 et peut ou non être accompagné d’un sous-titrage, ce sous-titrage pouvant être en français ou en anglais.

En plus du film, le DVD propose 2 suppléments qui présentent un certain intérêt pour l’un et un intérêt certain pour l’autre. Le plus intéressant est sans conteste une série d’entretiens d’une durée totale de 20 minutes, des entretiens réalisés en mai 2024 sur la plage de Cannes avec 5 membres de l’équipe de Baby : Marcelo Caetano, son réalisateur, qui s’exprime dans un excellent français, et qui parle de sa façon de travailler, de son goût pour les répétitions qui permettent d’améliorer le scénario et pour le chaos qui peut régner sur un plateau ; qui insiste aussi sur le fait qu’il refuse de se considérer comme une victime, préférant apparaître comme étant un résistant. Apparaissent également un des producteurs du film, Ivan Malo, qui s’exprime en anglais, et une des productrices, Juliette Lepoutre, qui s’exprime en français. Les deux comédiens principaux, João Pedro Mariano et Ricardo Teodoro, ont bien sûr également droit à la parole et ils insistent sur le plaisir qu’ils ont eu à travailler avec Marcelo Caetano, un réalisateur toujours très proche des comédiens. L’autre supplément est un court-métrage de 16 minutes, réalisé par Marcelo Caetano en 2009 et qui a pour titre Bailão. Ce documentaire permet, sur des images d’une salle de cinéma et d’un dancing, de faire parler en voix off des représentants âgés de la communauté LGBT de São Paulo. Ils racontent leurs premières expériences de drague gay, la création du SOMOS, groupe de libération homosexuelle, l’arrivée du Sida, la difficulté à sortir de la marginalité alors que l’environnement pourrait permettre de le faire.

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