Reine mère
France, Belgique : 2025
Titre original : –
Réalisation : Manele Labidi
Scénario : Manele Labidi
Acteurs : Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard
Éditeur : Diaphana
Durée : 1h33
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 12 mars 2025
Date de sortie DVD/BR : 17 juin 2025
Amel est un personnage haut en couleur. Elle a du tempérament, de l’ambition pour ses deux filles, une haute estime d’elle-même et forme avec Amor un couple passionné et explosif. Malgré les difficultés financières elle compte bien ne pas quitter les beaux quartiers. Mais la famille est bientôt menacée de perdre son appartement tandis que Mouna, l’aînée des deux filles, se met à avoir d’étranges visions de Charles Martel après avoir appris qu’il avait arrêté les Arabes à Poitiers en 732… Amel n’a plus le choix : elle va devoir se réinventer !
Le film
[4/5]
Quatre ans après Un divan à Tunis, la réalisatrice franco-tunisienne Manele Labidi traverse la méditerranée pour installer sa caméra dans les rues de Paris, à la fin des années 80, avec ce très joli Reine mère, récit en forme de « feel good movie » d’une famille de déracinés ayant du mal à trouver leur place en France. Alors, on va tout de suite évacuer le sentiment qui pourra venir à l’esprit des spectateurs découvrant le film : oui, il y a là-derrière un petit côté Nous trois ou rien, mais par sa sensibilité, son humour et surtout par le fait qu’elle nous raconte une tout autre histoire, Manele Labidi parvient globalement à tenir ses distances avec le film de Kheiron. N’empêche qu’on y pense, et que c’est probablement là le plus gros défaut du film de Manele Labidi.
Pour aborder sereinement Reine mère, il conviendra donc d’oublier totalement le film de Kheiron ; le mieux, c’est encore si vous ne l’avez pas vu du tout. Sinon, même la magnifique prestation de Camélia Jordana sera parasitée dans votre esprit par celle de Leïla Bekhti dans le film de 2015. Oubliez donc tout cela, et lancez-vous à cœur perdu dans Reine mère, beau récit de résilience, de quête de soi, de recherche de ses racines et, bien sûr, de racisme. De ce racisme ordinaire, insidieux, qu’on trouvait dans les paroles de la chanson « La Zoubida » de Lagaf’, disque de platine en 1991. On y suit le destin d’une famille qui, au fur et à mesure du film, tend à imploser, mais qui, à force d’amour, parviendra à se ressouder. C’est simple, c’est efficace, et ça marche prodigieusement bien, parce que c’est bien senti, bien écrit, et bien interprété.
Et tout cela fonctionne d’autant mieux dans Reine mère que le portrait de famille qui nous est proposé par Manele Labidi est teinté d’humour et de poésie, notamment dans l’introduction, au sein même du cocon familial, du personnage de Charles Martel, incarné par un Damien Bonnard irrésistible. Le tout est teinté d’un certain réalisme « social », mais la fantaisie qu’apporte à l’ensemble la scénariste / réalisatrice franco-tunisienne finit de rendre ce feel good movie tout à fait charmant – le genre de spectacle autour duquel on aimera se réunir en famille pour rire et s’émouvoir. Certaines séquences du film s’imposent comme de véritables petits classiques immédiats, à la manière de cette scène de claquettes mettant en scène Camélia Jordana et Damien Bonnard, ou celle durant laquelle Sofiane Zermani, alias Fianso, impeccable dans la peau du père aimant mais un peu trop absent, se met à chanter « Perché lo fai » afin de se faire passer pour un italien.
Le Blu-ray
[4/5]
Côté Blu-ray, la galette de Reine mère éditée par Diaphana nous propose une image assez superbe, nous offrant une précision de tous les instants, ne manquant jamais de piqué, et ce malgré les nombreux passages en basse lumière et la photo, volontairement hyper-saturée, de Pierre-Hubert Martin. Le format est évidemment respecté, l’encodage en 1080p parachève le tableau : du très beau travail ! Côté son, Diaphana fait également très fort, puisque le film bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 tout à fait efficace. Le rendu acoustique s’avère d’un beau dynamisme, surtout sur les scènes musicales naturellement, et le caisson de basses sollicité à intervalles très réguliers. On notera qu’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 est également disponible, et s’avérera sans doute plus cohérent si vous visionnez Reine mère sur un simple téléviseur, sans barre de son ou système de Home Cinema.
Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose de découvrir un court-métrage de Manele Labidi, intitulé Une chambre à moi (17 minutes). Tourné en 2018, il nous est proposé en DTS 2.0 ; il suit une mère au foyer faisant face à l’angoisse de la page blanche, et mettant tout en œuvre pour vaincre l’ennui et le manque d’inspiration. Très sympathique !