Tucker – L’homme et son rêve
États-Unis : 1988
Titre original : Tucker – The Man and his Dream
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario : David Seidler, Arnold Schulman
Acteurs : Jeff Bridges, Joan Allen, Martin Landau
Éditeur : Pathé
Durée : 1h46
Genre : Drame, Biographie
Date de sortie cinéma : 11 janvier 1989
Date de sortie BR/4K : 10 décembre 2025
Preston Tucker est un inventeur passionné, déterminé à bouleverser l’industrie automobile avec la Tucker Torpedo : une voiture audacieuse, novatrice, en avance sur son temps. Mais face aux lobbies automobiles de Detroit et à l’hostilité du gouvernement, son rêve se heurte à un système décidé à l’écraser…
Le film
[3,5/5]
Tucker – L’homme et son rêve ressemble à une grande parade automobile où les phares brillent autant que les illusions. Francis Ford Coppola, épaulé par George Lucas, transforme l’histoire de Preston Tucker en fable moderne sur l’utopie industrielle. Le film raconte la collision entre un rêveur et les mastodontes de Detroit, mais derrière les carrosseries chromées, le film s’impose surtout comme une méditation sur l’Amérique qui préfère les géants rassurants aux inventeurs turbulents. On pourrait dire que le film roule sur une route pavée de bonnes intentions, mais avec des pneus gonflés à l’idéalisme…
Tucker – L’homme et son rêve met en scène Jeff Bridges dans un rôle où l’enthousiasme déborde comme un mélange Coca/Mentos. Son Tucker est un enfant qui refuse de grandir, persuadé que l’avenir se construit avec des phares pivotants et des ceintures de sécurité. Coppola filme cette énergie avec une caméra virevoltante, multipliant les travellings comme pour imiter la vitesse d’une voiture qui refuse de caler. La mise en scène épouse les thématiques : l’innovation, la famille, la lutte contre les institutions. Chaque plan semble dire que l’art, comme l’automobile, est une affaire de propulsion.
Tucker – L’homme et son rêve suit donc un homme en guerre contre un système. La photographie de Vittorio Storaro, volontairement très saturée, souligne le contraste entre la promesse d’un futur radieux et la brutalité des réalités économiques. De ce fait, le film met en scène un échec paradoxalement lumineux, presque joyeux : Coppola semble vouloir attirer notre attention sur le fait que les rêves avortés peuvent devenir des légendes, et que la beauté d’une idée vaut parfois plus que sa réalisation. Le film est une célébration des perdants magnifiques, ceux qui transforment la défaite en poésie. Et dans une Amérique obsédée par le succès, ce message résonne presque comme une chanson punk jouée au milieu d’un bal de promo.
Et puis bien sûr, Preston Tucker, c’est aussi une projection de Coppola lui-même : en 1988, le cinéaste, qui sortait de grosses déconvenues financières, voyait forcément dans cette histoire un reflet de sa propre lutte pour l’indépendance artistique. Le film devient alors une métaphore de Zoetrope Studios : une petite voiture face aux tanks hollywoodiens. Et Tucker – L’homme et son rêve nous montre bien que quand plus rien ne va d’un point de vue professionnel, le seul refuge, c’est la famille. On connait l’importance de la famille pour Coppola – dans le film, elle fait office de carburant émotionnel, de station-service où Tucker recharge ses batteries. De l’huile pour ses injecteurs. Du lave-glace pour son pare-brise, quand dehors il fait -5. Bon OK, on arrête là pour les métaphores mécaniques.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4,5/5]
Le Blu-ray 4K Ultra HD de Tucker – L’homme et son rêve, édité par Pathé, arrive dans un boîtier avec étui élégant, qui donne déjà l’impression de tenir une pièce de collection. L’édition contient le Blu-ray 4K Ultra HD du film ainsi que le Blu-ray classique, ce qui nous permettra de comparer le bond en avant proposé par l’image 4K, qui est extrêmement solide. Le grain argentique est respecté, sans excès de lissage, et les contrastes offrent une profondeur qui rend justice aux séquences de procès comme aux travellings automobiles. La photo de Vittorio Storaro, qui nous propose des couleurs très saturées, s’offre une belle intensité, avec des rouges qui éclatent comme des feux arrière en plein soleil. Pour autant, on reste convaincu qu’un traitement HDR aurait probablement été la cerise sur le gâteau, surtout en ce qui concerne les couleurs du film. Côté son, le Blu-ray 4K Ultra HD de Tucker – L’homme et son rêve nous est proposé en VF/VO DTS-HD Master Audio 2.0, et l’ensemble ne pose pas le moindre souci : la restitution acoustique est très convaincante. Pour autant, on préférera la VO, qui bénéficie également d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 nettement plus immersif : les moteurs rugissent dans les enceintes arrière, les dialogues restent clairs, et la musique de Joe Jackson enveloppe l’espace avec une ampleur réjouissante. Les amateurs de VO profiteront donc d’un mixage qui restitue l’énergie du film, tandis que les abonnés à la VF seront séduits par la clarté générale et le respect des voix.
Le Blu-ray 4K Ultra HD de Tucker – L’homme et son rêve édité par Pathé propose une section suppléments intéressante, dominée par un passionnant commentaire audio de Francis Ford Coppola. Le cinéaste revient avec passion sur Preston Tucker, son charisme, son sourire permanent et son goût pour l’innovation. Il explique comment il a voulu restituer l’esprit de 1948, loue le travail de Vittorio Storaro et raconte des anecdotes savoureuses, comme cette réunion où Tucker fit vomir des industriels en leur montrant des images d’accidents pour prouver l’insécurité des voitures de l’époque. Le tout est ponctué de détails étonnants (les photos truquées avec Jeff Bridges, les ventes aux enchères des rares Tucker Torpedo, ou encore le refus de Frank Capra de s’associer au projet). À côté de ce commentaire, on trouvera une introduction par Francis Ford Coppola (4 minutes), tournée devant une Tucker authentique, où il raconte son lien familial avec le projet et son obstination à le mener à bien, grâce au soutien de George Lucas. Sur le Blu-ray, on aura également droit à une scène coupée (4 minutes), présentée dans une qualité médiocre mais accompagnée d’un commentaire optionnel du réalisateur. Le making of (10 minutes) compile des interviews et images d’archives de 1988, offrant un regard précieux sur la genèse du film et la complicité Coppola/Lucas. Enfin, le film promotionnel de 1948 « Tucker: The Man and the Car » (15 minutes), avec commentaire optionnel, est un bijou historique qui montre l’enthousiasme de l’époque pour le Torpedo et éclaire l’inspiration de Coppola.






















