Test Blu-ray 4K Ultra HD : La Belle et la Bête

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La Belle et la Bête

États-Unis : 1991
Titre original : Beauty and the Beast
Réalisation : Gary Trousdale, Kirk Wise
Scénario : Linda Woolverton
Acteurs (VO) : Paige O’Hara, Robby Benson, Jerry Orbach
Éditeur : Walt Disney France
Durée : 1h24
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 21 octobre 1992
Date de sortie 4K : 3 septembre 2025

Frappé par un terrible sort, un prince cruel a été transformé en bête. Pour briser le sort, la Bête doit gagner le cœur de Belle, une ravissante jeune fille passionnée de littérature, avant que ne tombe le dernier pétale d’une rose magique…

Le film

[5/5]

Quand Disney sort les violons et les chandeliers qui chantent

A la lecture de la critique de La Belle et la Bête signée il y a quinze ans par notre chroniqueur Julien Mathon, on s’est surpris à s’interroger sur l’universalité des « classiques », et plus particulièrement de ceux qu’on appelle les « Classiques Disney ». Alors, un classique Disney, c’est quoi au juste ? Un film qui traverse les âges ? Qui fait pleurer les grands et chanter les petits ? Un film qui colle des frissons aux cinéphiles avec seulement trois notes de musique ? Un classique Disney, c’est tout ça à la fois : ça réchauffe le cœur, ça fait plaisir à tout le monde, et ça revient chaque hiver sans que jamais on s’en lasse. Un peu comme une bonne raclette, un peu. Alors voilà, ce mois-ci, la branche française de Disney nous propose son quatrième « Classique » de l’animation au format Blu-ray 4K Ultra HD. Aux États-Unis, il y a déjà plein de Disney en 4K, mais chez nous, ce n’est que le quatrième1 – c’est dire si la sélection est rude. Mais La Belle et la Bête mérite cet honneur : il s’agit d’un bijou d’animation qui a fait fondre les cœurs de plusieurs générations depuis 1991, avec ses dessins à la main, ses chansons qui restent dans la tête plus longtemps qu’un jingle de pub (lundi, des princesses, mardi, des princesses…), et son histoire d’amour entre une intello sensible et un poilu mal luné. Six nominations aux Oscars, dont celle du Meilleur Film (oui, oui, rien que ça), et des générations entières de gamins bouche bée devant des tasses qui parlent. On est sur du lourd. Du vrai « Classique Disney ».

Belle : ni potiche, ni guerrière, juste humaine

Si le personnage de Belle a, depuis la sortie du film, largement intégré la vaste gamme de « Princesses » made in Disney, il faut souligner qu’au départ, elle n’est pas une princesse, pas plus qu’une demoiselle en détresse. Il s’agit d’un personnage relativement moderne, mais qui n’est pas non plus un pur produit de son époque ; et pourtant, elle lit, elle pense, elle rêve, elle râle. Elle est douce, mais elle a du répondant. Le genre de meuf qui te corrige quand tu dis « un espèce » au lieu de « une espèce ». Les réalisateurs Gary Trousdale et Kirk Wise et la scénariste Linda Woolverton ont réussi à lui donner une vraie personnalité, sans tomber dans les clichés. Mais la réussite de La Belle et la Bête vient évidemment du contraste créé par son personnage face à la Bête. Plus qu’un gros nounours mal coiffé, la Bête est un prince maudit, à qui il faudra un peu plus qu’un câlin pour redevenir humain. Et Belle devra creuser, gratter, décaper les couches de fiel et de rancune accumulées sous le cuir et la peau de Bête pour trouver le cœur qui bat. Et le plus étonnant, c’est que ça fonctionne bien : leur relation est crédible, touchante, et finalement pas si gnan-gnan qu’on aurait pu s’y attendre.

Vaisselle qui chante et château qui respire

Le décor dans lequel prend place La Belle et la Bête – à savoir l’imposant château de la Bête – est par ailleurs assez habilement conçu, dans le sens où il s’impose comme une « extension » du personnage de la Bête : sombre, sinistre et flippant à première vue, mais chaleureux à la fin. Et les objets enchantés ? Normalement, on se méfie des fourchettes qui parlent, qui chantent et qui dansent. Mais là, Lumière, Big Ben, Mme Samovar et le petit Chip sont des MVP. Ils apportent de l’humour, de la tendresse, et même un peu de philosophie de comptoir. Mention spéciale à Lumière, le chandelier le plus frenchy du cinéma. Au fil des séquences, on s’attache à ces petits salopards, d’autant que leur rôle s’approfondit, et que leur exubérance insuffle un zeste d’humour bienvenu entre deux colères de la Bête (si sonores et spectaculaires qu’elles pourront effrayer les plus jeunes).

Animation à l’ancienne : frissons garantis

S’il y a bien quelque-chose de rafraîchissant à la revoyure de La Belle et la Bête, surtout à l’heure où l’animation consiste à faire bouger des pixels à partir de logiciels hors de prix, le film de Gary Trousdale et Kirk Wise nous rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, tous les dessins animés étaient dessinés à la main – et mamma mia, le dessin à la main, c’est de l’Art. Il y a quelque chose de magique dans le travail artisanal de ces hommes et ces femmes qui, pour donner vie à leurs rêves, comptaient sur leurs crayons et pinceaux plutôt que sur les touches de leurs claviers et les clics de leurs souris. On se souvient également que La Belle et la Bête était le premier film Disney à avoir utilisé des environnements en images de synthèse pour les plans les plus complexes du film, et en particulier pour la fameuse scène de bal, qui s’avère au final une grosse claque visuelle. Et côté musique, Alan Menken et Howard Ashman ont probablement pondu une poignée de chansons que vous chantez régulièrement sous la douche. Un classique, on vous dit !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

La Belle et la Bête vient donc de débarquer au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de Walt Disney France, et autant le dire tout de suite : ce n’est pas la révolution visuelle du siècle, mais c’est quand même sacrément joli. Le Blu-ray faisait déjà le job avec panache, mais cette version 4K vient lui chatouiller les moustaches avec une palette HDR10 qui claque bien comme il faut. Alors bon, voilà, on ne redécouvre peut-être pas le film sous un nouveau jour, mais on le redécouvre quand même un peu. Côté définition, le 2160p apporte un petit plus, mais pas de quoi tomber de sa chaise. En revanche, les couleurs y gagnent en pep’s, en éclat, en profondeur. La robe bleu-blanc de Belle, dès le premier acte, devient presque un personnage à part entière. Les blancs sont plus francs, les verts plus tendres, les pastels plus pastellisés — bref, c’est du bonheur pour les mirettes. Et quand on entre dans le château, là où les ombres dansent et les murs lavande murmurent, les noirs se font profonds, les rouges se font royaux, et Lumière brille comme jamais. Côté enceintes, la magie opère également, avec une VO en Dolby Atmos, et une VF en Dolby Digital+ 7.1, et comme d’hab chez Disney, dans les deux cas, c’est du velours. La musique s’envole dès les premières notes de « Belle », les voix sont bien placées, les instruments s’épanouissent sur tous les canaux, et l’immersion est totale. On entend tout, on ressent tout, et même les petits bruits du château viennent chatouiller les oreilles avec une finesse rare. Et côté gros son, les grognements de la Bête, la foule en furie, les tapis qui volent — tout est parfaitement spatialisé, avec des dialogues clairs, nets et précis.

Pour ce qui est des bonus, on ne trouvera pas de suppléments sur la galette Katka, mais le Blu-ray – également disponible dans le boîtier – joue les prolongations. On commencera avec un commentaire audio de Don Hahn, Kirk Wise et Gary Trousdale, qui s’exprimeront sans langue de bois sur l’animation de La Belle et la Bête, le casting vocal, les chansons, les galères de production. Un ensemble dense et passionnant. On continuera ensuite avec une conversation musicale entre Alan Menken, Don Hahn et Richard Kraft (20 minutes) : ils y reviendront sur la BO, les chansons, et l’art de raconter une histoire en musique. Un petit bijou pour les fans. On embrayera avec un retour sur les scènes coupées (28 minutes). L’ancien président de Walt Disney Studios, Peter Schneider, nous y présente une ouverture alternative non finalisée, et Roger Allers en fera de même pour une scène impliquant l’exploration de la bibliothèque par Belle. On terminera avec une featurette sur les débuts à Broadway (13 minutes), composée de nombreux témoignages sur l’adaptation scénique. Ça chante, ça pleure, ça applaudit : This is Broadway !

1 Après Le Roi Lion, Blanche-Neige et les Sept Nains et Cendrillon.

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