Elio
États-Unis : 2025
Titre original : –
Réalisation : Adrian Molina, Madeline Sharafian, Domee Shi
Scénario : Julia Cho, Mark Hammer, Mike Jones, Adrian Molina
Acteurs (VO) : Yonas Kibreab, Zoe Saldaña, Jameela Jamil
Éditeur : Disney – Pixar
Durée : 1h38
Genre : Animation, Science-fiction
Date de sortie cinéma : 18 juin 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 22 octobre 2025
Sur l’île escarpée de Beurk, où depuis des générations Vikings et dragons s’affrontent sans merci, Harold fait figure d’exception. Effacé, écrasé par la stature de son père, le chef de la tribu, Stoïk, ce jeune rêveur défie des siècles de tradition en se liant d’amitié avec un dragon nommé Krokmou. Leur lien improbable va révéler la vraie nature des dragons et remettre en question les fondements mêmes de la société viking…
Le film
[4/5]
Dans Elio, Pixar balance un gamin introverti dans l’espace intergalactique comme on jette un slip sale dans une machine à laver pleine de diplomates aliens. Et le plus beau, c’est que ça mousse. Elio, c’est ce môme de onze ans qui, au lieu de se faire des potes dans la cour de récré, se retrouve propulsé ambassadeur de la Terre dans un Communivers où les créatures ont plus de tentacules que de doigts. Le pitch pourrait sentir la redite cosmique, mais Elio évite le trou noir du déjà-vu grâce à une mise en scène qui préfère l’intime au spectaculaire, et une direction artistique qui ferait passer un iPhone 15 Pro Max pour un grille-pain.
Ce qui frappe dans Elio, c’est cette manière de traiter l’altérité sans jamais sombrer dans le prêchi-prêcha. Le film ne cherche pas à faire la morale, il préfère faire de l’humour, parfois absurde, parfois tendre, parfois aussi fin qu’un pet dans une combinaison spatiale. Mais derrière les blagues sur les aliens qui ressemblent à des sex-toys géants (coucou Glordon), Elio parle de solitude, de deuil, et de cette sensation d’être un imposteur dans sa propre vie. Le Communivers devient alors un miroir déformant de notre monde, où chaque planète est une facette de l’adolescence : la peur, le rejet, le besoin d’être aimé – pas besoin d’un twist final à la Nolan pour faire réfléchir.
Elio, c’est aussi un film qui ose ralentir. Pas de course-poursuite toutes les dix minutes, pas de blagues toutes les trente secondes. Juste un gamin qui apprend à écouter, à parler, à se taire. La mise en scène, signée par un trio de réalisateurs (Adrian Molina, Domee Shi et Madeline Sharafian), joue la carte de la douceur : cadres fixes, mouvements amples, et une lumière qui caresse plus qu’elle n’éblouit. On est loin du stroboscope narratif de certaines productions Marvel ou Netflix, ou même de la surenchère hyperactive de certains films et séries destiné(e)s aux enfants. Ici, chaque plan semble avoir été pensé pour laisser respirer les émotions. Et ça, c’est plus rare qu’un influenceur TikTok qui cite Virginia Woolf.
Le design visuel d’Elio mérite qu’on s’y attarde. Chaque créature du Communivers semble sortie d’un rêve sous LSD, ou d’un brainstorming entre un enfant de cinq ans et un designer de chez Balenciaga. Mention spéciale à Ooooo, sorte de méduse télépathe qui ferait passer Siri pour une huître. Mais au-delà du délire visuel, Elio réussit véritablement à se créer une cohérence esthétique : les couleurs, les textures, les sons, tout participe à cette sensation d’étrangeté familière. C’est comme si l’univers du film avait été conçu par un algorithme dopé à l’ayahuasca et à la tendresse.
Et puis il y a la musique de Rob Simonsen, qui évite les envolées pompières pour mieux coller aux états d’âme d’Elio. Pas de cuivres tonitruants, mais des nappes synthétiques, des cordes discrètes, et parfois un silence qui en dit plus long qu’un discours de Miss Univers. Elio, c’est un film qui comprend que l’espace, c’est pas juste des étoiles et des vaisseaux, c’est aussi du vide. Et dans ce vide, il y a de la place pour la poésie. Et pour les flatulences interstellaires, aussi, mais ça, c’est une autre histoire.
Elio risque néanmoins de diviser, notamment au cœur de son public-cible, à savoir les enfants. Il y a des chances que les kidz dopés à une narration développant 548 plans et idées à la minute trouvent le rythme général trop lent, et les parents regretteront peut-être que scénario n’aille pas plus loin dans les concepts SF. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel : Elio n’essaie pas d’être un blockbuster, il essaie juste d’être sincère. Et dans un monde où même les IA veulent devenir influenceuses, le film nous rappelle que la vraie aventure, ce n’est pas de sauver la galaxie ou d’avoir des millions de followers, mais surtout de se comprendre soi-même. Et si possible, sans se faire aspirer par un trou noir émotionnel.
En résumé, Elio est un Pixar qui prend des risques, qui parle aux enfants sans les prendre pour des idiots, et qui offre aux adultes une leçon d’humanité sans leur coller une claque morale. C’est un film qui préfère l’introspection à l’explosion, la bizarrerie à la norme, et les aliens aux influenceuses fitness. Et franchement, qui peut leur en vouloir ?
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Après une carrière dans les salles ayant attiré 1,2 millions de français et généré 134 millions de dollars à l’international, Elio débarque au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs de Disney – Pixar. Et quel désespoir pour le rédacteur vidéo que de devoir toujours répéter les mêmes superlatifs à chaque nouvelle livraison Katka made in Disney et Marvel… Pas l’ombre d’un défaut à l’horizon, l’image est tout simplement somptueuse. Les textures des créatures du Communivers explosent de détails, les noirs sont profonds comme un puits sans fond (mais sans la corde), et les couleurs saturées sans jamais virer au fluo de mauvais goût. Les étalonnages Dolby Vision et HDR10 font des merveilles sur les scènes spatiales, avec des contrastes qui donnent envie de lécher l’écran – ce qui, rappelons-le, est déconseillé par l’OMS. Côté son, la VO en Dolby Atmos est un régal : les ambiances galactiques enveloppent le spectateur comme une couette chauffante, et les dialogues restent clairs même au milieu des explosions de particules quantiques. La VF en Dolby Digital+ 7.1 n’est pas en reste, et s’avère également extrêmement spectaculaire, même si elle manque peut-être un peu de relief acoustique dans les scènes les plus calmes.
Les bonus du Blu-ray d’Elio sont aussi variés qu’un buffet intergalactique – sans crevettes vénusiennes. On commencera avec « À l’intérieur du communivers » (10 minutes), qui présente les personnages et les enjeux du film avec un enthousiasme communicatif. « Dans les étoiles : Questions-réponses intersidéral » (10 minutes) permet de voir les jeunes acteurs discuter avec un vrai astronaute, ce qui donne lieu à quelques moments aussi touchants qu’instructifs. « Cours d’art astronomique : Ooooo et Glordon » (5 minutes) est un tuto de dessin mené par Nicolle Castro, artiste principale du storyboard, tandis que « Clins d’œil extraterrestres et anecdotes » (4 minutes) ravira les fans d’easter-eggs aussi inutiles que savoureux. On terminera avec un bêtisier (3 minutes) et une poignée de scènes coupées (19 minutes), qui offrent un regard intéressant sur le processus créatif du film, avec des introductions des réalisateurs qui valent leur pesant de pixels. Bref, une galette galactique à ne pas rater.