Critique : Ne nous jugez pas

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Mexique, 2010
Titre original : Somos Lo Que Hay
Réalisateur : Jorge Michel Grau
Scénario : Jorge Michel Grau
Acteurs : Francisco Barreiro, Alan Chávez, Paulina Gaitan
Distribution : Wild Side
Durée : 1h30
Genre : Epouvante-horreur
Date de sortie : 3 septembre 2014 (DVD)

Note : 3/5

Avant We are what we are de Jim Mickle, il existait ce film mexicain, maladroit parfois, surprenant et crade souvent. Malgré quelques longueurs, c’est un étrange récit de cannibales d’un nouveau genre que nous proposait Jorge Michel Grau.

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Synopsis : Un homme titube, semble souffrir puis s’écroule dans la rue, crachant du sang, visiblement victime d’un empoisonnement. Très vite, son corps est ramassé et la rue nettoyée. Ce n’est pas l’élément le plus inhumain du film, quoique… La famille de l’homme est dans l’attente : où est-il ? Va-t-il ramener à manger ? Là réside l’inquiétude de la famille, qui a besoin de se nourrir, et d’une nourriture un peu spéciale : nous sommes en présence d’une famille de cannibales.

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Qui sera le chef de la meute ?

Sans leader non disputé, ils se retrouvent comme ces animaux à qui on coupe la tête et qui tournent sur eux-mêmes, complètement perdus. Ils s’agitent, paniquent, commettent des erreurs irréparables pour leur survie, pour laquelle la plus grande discrétion est nécessaire. Ce dont ils sont incapables, attirant ainsi l’attention de policiers pourtant pas très malins. L’aîné de la famille finira par prendre l’initiative, encouragé par sa soeur. Cette lady Macbeth (Paulina Gaitan délicieusement roublarde, sincèrement perdue) en devenir souhaite le voir devenir le chef de la meute, au détriment de la mère, qu’elle n’estime pas à la hauteur de la tâche, mais prudente, elle refuse elle-même ce rôle. Un autre frère, le cadet est moins mesuré et imite son père en tentant de ramener des prostituées. Les disputes avec la mère sur ce type de nourriture de mauvaise qualité et immorale pour sa progéniture sont assez croquignolesques.

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Une représentation originale du cannibalisme

Jorge Michel Grau crée aussi un drôle de parallèle avec ce jeune héros longtemps réticent à assumer sa situation de cannibale, qu’il finit par accepter en même temps que ses tendances homosexuelles, lorsqu’il se met à chasser ses proies au sein de cette communauté. Ce parallèle pourrait être ambigu mais le problème de cette séquence réside surtout dans une baisse de rythme dans le cadre de l’histoire. Trop longue, elle ralentit l’évolution du drame. Les quelques vingt dernières minutes du film relancent heureusement le drame avec une vivacité, un humour sobre mais aussi un sens du suspense, ce qui permet de conclure la projection sur un bon souvenir et d’avoir envie de garder un oeil sur le futur de ce réalisateur mexicain malgré les quelques défauts de cette partie centrale. Un drame original sur un type de héros finalement peu communs au cinéma, enrichi par une critique sociale et morale qui pointe discrètement le bout de son nez. Ainsi, le réalisateur évoque la pauvreté, le désintérêt de la communauté pour les attaques contre les prostituées ou l’animalité de l’homme par le biais de cette famille pas vraiment formidable mais qui sort de l’ordinaire.

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Conclusion

La Quinzaine des Réalisateurs a proposé plusieurs films de genre en 2010 (La casa muda, A alegria) et celui-là fut de loin le plus réussi. La tension est forte dès le départ, le ton est un mélangé réussi de sérieux avec un décalage parfois plus léger, l’auteur-réalisateur ne négligeant pas la dimension absurde et grotesque de son histoire. Trois ans plus tard, Jim Mickle en propose un remake qui sera lui aussi présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, en 2013 (critique).

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