
Dans la profusion des festivals qui rythment la rentrée cinématographique en France à la fois pour les professionnels et les cinéphiles mobiles, le Festival Lumière à Lyon a toujours occupé une place à part. Depuis 2009, il célèbre le meilleur du cinéma de patrimoine avec un succès croissant chaque année. Alors que la 17ème édition s’ouvrira après-demain, le samedi 11 octobre, pour se terminer huit jours et des dizaines de séances plus tard, il convient de revenir sur l’heureux lauréat du prestigieux Prix Lumière. Comme on le sait depuis le 11 juillet dernier, ce sera le réalisateur américain Michael Mann qui le recevra lors d’une cérémonie au Centre de Congrès de Lyon vendredi prochain, le 17 octobre.
Mann succède, entre autres, à ses confrères et compatriotes Clint Eastwood, Quentin Tarantino, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola et Tim Burton. Du côté européen, les dirigeants du Festival Lumière se sont montrés reconnaissants envers l’acteur français Gérard Depardieu – en 2012, c’était alors une autre époque ! –, le réalisateur anglais Ken Loach, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, l’actrice française Catherine Deneuve, les réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, le réalisateur allemand Wim Wenders et, l’année dernière, l’actrice française Isabelle Huppert.

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Quand on s’était amusé à chercher au début de l’été qui pourrait bien être le prochain lauréat du Prix Lumière, Michael Mann (* 1943) ne figurait pas sur notre liste des potentiels honorés. Pourtant, son choix paraît des plus limpides, tant il a su s’imposer sur la scène du cinéma international, surtout des années ‘80 aux années 2000. Grâce à son esthétique épurée et moderne et à sa manière de raconter dépourvue d’états d’âme, il a créé au fil du temps bon nombre d’œuvres susceptibles de passer à la postérité.
A Lyon, il tiendra une Masterclass quelques heures avant la remise du Prix Lumière. En plus, une intégrale de ses longs-métrages sortis au cinéma en France – ou pas, pour son dernier Ferrari – y sera projetée au rythme d’une à sept séances par film. En partenariat avec l’Agence nationale pour le développement du cinéma en régions, huit de ces films issus de la rétrospective pourront être montrés dans toute la France à partir du 22 octobre.
Avant de percer au cinéma, Michael Mann s’était principalement fait un nom à la télévision. En témoigne son premier long-métrage Comme un homme libre, un drame sportif qui avait d’abord été conçu comme un téléfilm, avant de connaître une exploitation en salles au tout début des années ‘80. Et même si ses trois premiers films de cinéma à part entière Le Solitaire avec James Caan, La Forteresse noire avec Scott Glenn et Le Sixième sens avec William Petersen sont considérés aujourd’hui comme des films cultes, le véritable impact de Michael Mann à ce moment-là se situe du côté de son travail de producteur de la série « Miami Vice Deux flics à Miam » et ses quatre saisons à succès avec Don Johnson et Philip Michael Thomas.
Ce n’est qu’à partir des années ‘90 et ses trois chefs-d’œuvre coup sur coup – Le Dernier des Mohicans avec Daniel Day-Lewis, Heat avec Al Pacino et Robert De Niro et Révélations avec Russell Crowe – que le réalisateur s’impose réellement dans l’univers du cinéma.

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Hélas, quatre films très joliment stylisés plus tard (Ali avec Will Smith, Collatéral avec Tom Cruise, Miami Vice Deux flics à Miami avec Colin Farrell et Jamie Foxx et Public Enemies avec Johnny Depp), les faveurs du public et de la critique ont quelque peu abandonné Michael Mann. En effet, il n’a réalisé ces quinze dernières années que deux films : Hacker avec Chris Hemsworth et Ferrari donc avec Adam Driver, qui avait certes été sélectionné en compétition au Festival de Venise en 2023, mais qui était sorti sur un certain nombre de territoires dont la France directement en ligne sur Amazon Prime. Son prochain projet serait une suite de Heat, adaptée d’un roman qu’il avait écrit en 2022, qui vient d’obtenir cette semaine le feu vert de la part du studio Amazon MGM, après des tractations infructueuses du côté de la Warner Bros. Discovery.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Prix Lumière est le premier trophée honorifique d’envergure pour Michael Mann ! Nommé à quatre reprises à l’Oscar – trois fois pour Révélations en l’an 2000 et en tant que producteur de Aviator de Martin Scorsese en 2005 –, il avait gagné le prix de ses confrères de la Directors Guild en 1980 pour Comme un homme libre. Pour le même film, il avait aussi gagné son premier Emmy, suivi en 1990 par celui de la Meilleure mini-série pour « La Guerre des drogues ». Enfin, le National Board of Review lui avait attribué en 2004 son prix du Meilleur réalisateur pour Collatéral.

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