Décès du réalisateur Rob Reiner

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Le réalisateur, producteur et acteur américain Rob Reiner est décédé avant-hier à Los Angeles. Il était âgé de 78 ans. Le corps de Reiner, ainsi que celui de son épouse Michele Singer, ont été retrouvés, poignardés, dans leur maison dans le quartier de Brentwood. Hier, leur fils Nick a été inculpé pour ce double meurtre. Connu initialement comme acteur, notamment dans la série à succès « All in the Family », Reiner s’était imposé dès les années ‘80 comme réalisateur. On lui doit ainsi des classiques aussi populaires que Spinal Tap, Stand By Me, Princess Bride, Quand Harry rencontre Sally, Misery et Des hommes d’honneur.

En parallèle de son activité artistique, Rob Reiner avait fait preuve d’un engagement citoyen aussi varié que durable, militant entre autres contre l’influence de l’industrie du tabac, en faveur du mariage pour tous et de l’éducation d’enfants issus de milieux défavorisés.

Avant même de connaître la célébrité dans les années ‘70 grâce à son rôle emblématique de Meathead dans la série hautement populaire aux États-Unis « All in the Family », Rob Reiner avait fait ses premiers pas devant la caméra dès la fin de la décennie précédente dans des films comme Enter Laughing et Where’s Poppa ? de son père Carl Reiner, Jerry la grande gueule de Jerry Lewis, Colère noire de Paul Bogart et Summertree de Anthony Newly. Mais c’est essentiellement à la télévision qu’il avait acquis une solide expérience de comédien pendant une bonne dizaine d’années.

Car même une fois qu’il était passé derrière la caméra, avec le succès immédiat que l’on sait, Rob Reiner avait continué de faire de brèves apparitions dans les films d’autres cinéastes. Tels que Danny DeVito (Balance maman hors du train), Mike Nichols (Bons baisers d’Hollywood et Primary Colors), Nora Ephron (Nuits blanches à Seattle et Joyeux Noël), Woody Allen (Coups de feu sur Broadway), Hugh Wilson (Le Club des ex), Ron Howard (En direct sur Ed TV), Albert Brooks (La Muse), Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et Steven Brill (Sandy Wexler). Avec toujours en parallèle une présence à la fois discrète et régulière à la télévision, dans des séries et mini-séries à succès comme « 30 Rock », « New Girl », « Hollywood » et, plus récemment, « The Bear ».

Mais le véritable impact dans l’Histoire du cinéma ou en tout cas dans la cinéphilie grand public, Rob Reiner l’aura laissé grâce à son travail de réalisateur. Il faut l’admettre, toutefois, avec une première période longue d’une dizaine d’années rythmée de coups de maître, suivie de trente ans aux œuvres à l’envergure et à l’ambition sensiblement plus modestes. Néanmoins, l’immense majorité de ses premiers longs-métrages constituait quasiment un sans-faute, alors que la tendance était presque péniblement inversée par la suite. Quoiqu’il en soit, Reiner avait fait d’emblée très fort à travers le documentaire moqueur Spinal Tap en 1984, auquel il avait fourni une suite quarante ans plus tard avec Spinal Tap II The End continues, qui aura été donc son dernier film, dans une symétrie tragiquement ironique.

Alors que son film suivant, Garçon choc pour nana chic avec John Cusack, n’a guère été cité lors des nombreux hommages rendus au réalisateur après sa disparition brutale, il avait par la suite entamé une collaboration fructueuse avec l’auteur mythique Stephen King dont il adapté une nouvelle en le très beau drame d’enfance Stand By Me avec River Phoenix et Wil Wheaton. Changements de registre successifs avec ses quatre films suivants, devenus tous des œuvres cultes au fil du temps : le conte Princess Bride avec Cary Elwes et Robin Wright, la comédie romantique par excellence Quand Harry rencontre Sally avec Billy Crystal et Meg Ryan, le thriller Misery – une nouvelle adaptation de Stephen King – avec Kathy Bates et James Caan, ainsi que le drame judiciaire en milieu militaire Des hommes d’honneur avec Tom Cruise et Jack Nicholson.

Après un tel enchaînement de succès, la chute a dû être d’autant plus dure. Elle était intervenue en 1994 à travers la comédie nullement amusante L’Irrésistible North avec Elijah Wood. Bien que Reiner ait réussi à se rattraper tant soit peu avec son film suivant, la comédie romantique aux mœurs politiques d’un autre temps Le Président et Miss Wade avec Michael Douglas et Annette Bening, la suite de sa carrière était malgré tout moins glorieuse. Face au seul succès commercial de ses près de trente ans de travail en demi-teinte, Sans plus attendre avec Jack Nicholson et Morgan Freeman, on trouve bon nombre de films aux qualités plus discutables.

Même si Reiner avait su garder sa réputation intacte afin d’attirer des comédiens de renom pour ses films : Whoopi Goldberg et James Woods (Les Fantômes du passé), Bruce Willis et Michelle Pfeiffer (Une vie à deux), Kate Hudson et Luke Wilson (Alex and Emma), Jennifer Aniston et Kevin Costner (La Rumeur court), ainsi que Michael Douglas et Diane Keaton (Ainsi va la vie).

Ses cinq derniers films, tournés entre 2015 et 2025, n’étaient même plus sortis en salles en France, même si l’on y trouve le drame sur la toxicomanie coécrit avec son fils et meurtrier présumé Nick Being Charlie avec Nick Robinson et Cary Elwes, le drame historique LBJ avec Woody Harrelson et Richard Jenkins, le drame politique Shock and Awe avec Harrelson toujours et Tommy Lee Jones, le documentaire Albert Brooks Defending My Life et la suite de Spinal Tap.

Rob Reiner a été nommé à l’Oscar du Meilleur Film en 1993 comme producteur de Des hommes d’honneur. Le syndicat des réalisateurs américains, la Directors Guild of America, l’avait nommé à trois reprises pour Stand By Me, Quand Harry rencontre Sally et Des hommes d’honneur. Chez les producteurs, il a obtenu le même nombre de nominations pour Des hommes d’honneur, Le Président et Miss Wade et Albert Brooks Defending My Life. Enfin, au début de sa carrière, Rob Reiner avait gagné deux Emmies, en 1974 et 1978, pour son interprétation dans « All in the Family ».

Rob Reiner est le fils du comique, acteur et réalisateur Carl Reiner (Les Cadavres ne portent pas de costard). Il a été marié en premières noces, dans les années ‘70, à l’actrice et réalisatrice Penny Marshall (Une équipe hors du commun).