
L’actrice américaine Diane Keaton est décédée hier à Los Angeles. Elle était âgée de 79 ans. Après des années 1970 placées sous le signe de sa collaboration avec Woody Allen et l’univers du Parrain, Keaton avait su se réinventer de nombreuses fois au fil de sa longue carrière, tout en restant étroitement fidèle à son personnage d’une femme aussi loufoque qu’indépendante.
Ainsi, elle avait brillamment alterné entre des rôles dramatiques d’un côté, entre autres dans Reds de Warren Beatty et Simples secrets de Jerry Zaks, et des histoires plus amusantes de l’autre, comme dans Le Club des ex de Hugh Wilson et Tout peut arriver de Nancy Meyers.

Après ses débuts plutôt éphémères sur scène, notamment dans la production originale de la comédie musicale Hair, Diane Keaton avait tenu son premier rôle au cinéma en 1970 dans Lune de miel aux orties de Cy Howard. Deux ans plus tard, elle s’était définitivement faite un nom, grâce à son rôle emblématique de Kay Adams dans Le Parrain de Francis Ford Coppola – Oscar du Meilleur Film en 1973 – et sa première collaboration avec Woody Allen dans Tombe les filles et tais-toi de Herbert Ross.
En fait, jusqu’à la fin de la décennie, l’actrice allait essentiellement alterner entre ces deux repères cinématographiques bien distincts. Dans le premier, son emploi d’épouse du chef de la mafia allait gagner en profondeur dans Le Parrain Deuxième partie – Oscar du Meilleur Film en 1975. Et avec Woody, cinq films supplémentaires, désormais tous réalisés par Allen, allaient faire de Diane Keaton une icône des années ‘70 : Woody et les robots, Guerre et amour, Annie Hall – Oscar du Meilleur Film en 1978 –, Intérieurs et Manhattan.
En parallèle, ses autres films signés Norman Panama (C’est toujours oui quand elles disent non – un titre français qui a forcément très mal vieilli) et Mark Rydell (Deux farfelus à New York) ne faisaient guère le poids. A l’exception de A la recherche de Mr. Goodbar de Richard Brooks dans lequel elle partageait l’affiche avec un jeune Richard Gere.

Une fois que sa collaboration artistique et sa relation privée avec Woody Allen avaient touché à leur fin au début des années ‘80, Diane Keaton allait explorer des chemins de carrière plus diversifiés. D’abord, en campant une révolutionnaire dans l’épique Reds de Warren Beatty. Puis dans des films aux sujets fort sérieux tels que L’Usure du temps de Alan Parker, La Petite fille au tambour de George Roy Hill, Mrs Soffel Révolte et passion de Gillian Armstrong et Crimes du cœur de Bruce Beresford.
En 1987, la comédie Baby Boom de Charles Shyer dans laquelle elle interprète une femme ambitieuse qui se retrouve du jour au lendemain avec un bébé sur les bras – en quelque sorte la version au féminin de Trois hommes et un bébé de Leonard Nimoy, le remake du film français, sorti la même année – lui fait découvrir le filon des comédies populaires et généralement bon enfant. Keaton l’explorera amplement jusqu’à la fin de sa carrière plus de trente-cinq ans plus tard.

Car après un ultime retour sur le terrain de la mafia à travers Le Parrain Troisième partie en 1990, elle enchaînera ce genre de films sous les traits de Le Père de la mariée de Charles Shyer et sa suite, Le Club des ex de Hugh Wilson, L’Autre sœur de Garry Marshall, Raccroche ! réalisé par elle-même et Potins mondains et amnésies partielles de Peter Chelsom. Pendant cette période, seuls ses ultimes retrouvailles avec Woody Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan et le drame familial Simples secrets de Jerry Zaks lui avaient permis de varier tant soit peu les registres. Son coup d’éclat romantique assez tardif auprès de Jack Nicholson dans Tout peut arriver de Nancy Meyers en 2003 n’était hélas pas suivi d’une réelle réinvention de son personnage filmique.
Par conséquent, au moins la moitié de ses films tournés pendant les vingt dernières années de sa carrière n’ont même pas eu droit à une sortie au cinéma en France. Et parmi ceux pour lesquels c’était le cas, on a pu trouver du plutôt bon (Esprit de famille de Thomas Bezucha, Morning Glory de Roger Michell, Ainsi va la vie de Rob Reiner et Le Book Club de Bill Holderman) et du franchement pas terrible (Un grand mariage de Justin Zackham).

Bien plus discrètement, Diane Keaton était de même passée derrière la caméra. En tant que réalisatrice de films pour la télévision et de trois longs-métrages de cinéma (le documentaire Heaven en 1987, Les Liens du souvenir avec Andie MacDowell en 1995 et donc Raccroche ! cinq ans plus tard). Et comme productrice d’une dizaine de films dans lesquels elle avait joué, mais aussi, de façon plus étonnante, de la Palme d’or de Gus Van Sant en 2003 Elephant !
Diane Keaton a été nommée à quatre reprises à l’Oscar de la Meilleur actrice, pour Annie Hall, Reds, Simples secrets et Tout peut arriver. Elle l’avait gagné pour le premier en 1978. Son rôle phare lui avait presque valu le grand chelem des prix critiques cette année-là, à savoir ceux du National Board of Review, de la National Society of Film Critics et des critiques de New York. Ses confrères de la Screen Actors Guild l’ont nommée quatre fois : pour son rôle dans le téléfilm « Amelia Earhart The Final Flight », pour Simples secrets en tant que Meilleure actrice et pour le Meilleur ensemble, ainsi que pour Tout peut arriver.
En 2017, Diane Keaton avait reçu le très prestigieux Life Achievement Award de l’American Film Institute. A cette occasion, elle avait prononcé un très joli discours de remerciement chanté qu’on aurait adoré vous partager juste en bas, si ce n’était pour l’exécrable doublage automatique qui s’applique en ce moment dessus sur Youtube …
