Critique Express : Une femme du monde

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Une femme du monde

France : 2020
Réalisation : Cécile Ducroq
Scénario : Cécile Ducroq
Interprètes : Laure Calamy, Nissim Renard, Béatrice Facquer
Distribution : Tandem
Durée : 1h35
Genre : Drame
Date de sortie : 8 décembre 2021

3.5/5

Synopsis : A Strasbourg, Marie se prostitue depuis 20 ans. Elle a son bout de trottoir, ses habitués, sa liberté. Et un fils, Adrien, 17 ans. Pour assurer son avenir, Marie veut lui payer des études. Il lui faut de l’argent, vite.

Bien documenté et sans voyeurisme malsain

Lorsque Adrien, son fils de 17 ans, un brin amorphe et manquant de confiance en lui, se fait renvoyer d’une formation dans le domaine de la cuisine et n’arrive pas à trouver une formation équivalente qui ne coute pas les yeux de la tête, Marie, sa mère, une mère célibataire et énergétique, se met en quatre pour lui payer une école privée de grande réputation qui pourrait lui permettre de devenir chef de cuisine dans un restaurant. Un très bel objectif mais qui, toutefois, se heurte à deux obstacles majeurs : tout d’abord, le prix de cette formation, 9000 euros dont 5000 à trouver rapidement. Pourquoi ne pas contracter un emprunt, me direz vous ? C’est là que réside le second obstacle : le métier de Marie est celui de prostituée, et, à ce titre, elle n’a pas de feuille de paye et n’a donc pas la possibilité d’emprunter dans une banque. Ne reste plus qu’une possibilité pour Marie : elle qui s’est toujours évertuée à rester indépendante, à rester libre dans l’exercice de son métier, à ne pas se retrouver sous la coupe d’un souteneur, elle sait, elle qui opère à Strasbourg, qu’il y a, de l’autre côté du Rhin, une organisation de la prostitution sous forme de maison close ayant pignon sur rue, qui, certes, lui ferait perte cette liberté qui lui est si chère, mais qui lui permettrait de gagner rapidement ces fameux 5000 euros.

Pour Une femme du monde, son premier long métrage, Cécile Ducroq, scénariste dans de nombreuses séries télévisées à succès, a repris avec Marie, interprétée par Laure Calamy, le personnage de Suzanne dans La contre-allée, un court métrage réalisé en 2014 et dans lequel ce personnage de Suzanne était déjà interprété par Laure Calamy. Les recherches que la réalisatrice a menées pour La contre-allée puis pour Une femme du monde lui ont donné une bonne connaissance du milieu de la prostitution et elle nous montre les divers facettes de ce métier avec, semble-t-il, beaucoup de vérité mais sans aucun voyeurisme malsain : comment se déroule une passe, la proximité avec les clients réguliers, la concurrence des prostituées africaines, les combats contre les nouvelles législations concernant la prostitution, la vie des prostituées dans une maison close allemande. A côté, le film n’oublie pas de montrer jusqu’où peut aller l’amour d’une mère pour son fils, n’oublie pas non plus de montrer la perception qu’Adrien, qui n’ignore rien du métier de sa mère, peut avoir de celle-ci selon qu’il la sait libre ou, au contraire, prisonnière d’un système. Comme d’habitude, Laure Calamy, qui prend une place de plus en plus importante dans le cinéma français, s’avère très tonique et particulièrement sincère dans son jeu. Quant au jeune comédien belge  Nissim Renard, on ne peut qu’apprécier la façon dont il interprète le rôle d’Adrien, un mélange de mollesse et de dureté pas si étonnant que cela concernant un grand adolescent.

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