Sam fait plus rire
Canada : 2024
Titre original : I Used to Be Funny
Réalisation : Ally Pankiw
Scénario : Ally Pankiw
Interprètes : Rachel Sennott, Olga Petsa, Jason Jones
Distribution : Wayna Pitch
Durée : 1h46
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : 30 juillet 2025
3/5
Synopsis : Sam, une jeune comédienne et jeune fille au pair souffrant de stress post-traumatique, se demande si elle doit ou non participer aux recherches de Brooke, une fillette disparue dont elle était la nounou.
Mercredi 23 juillet : sortie sur nos écrans de Sorry, Baby et de Aux jours qui viennent. Mercredi 30 juillet : sortie de Sam fait plus rire. En l’espace de 8 jours, 3 films réalisés par des femmes, un film US, un film français, un film canadien, et qui, chacun à sa façon, ont pour thème principal la reconstruction de femmes ayant subi la violence masculine sous une forme ou sous une autre. Qui oserait s’en plaindre, d’autant plus que ces 3 films font preuve de qualités cinématographiques indéniables ? C’est dans la façon de conduire le récit, dans le montage que les 2 films venant de l’autre côté de l’Atlantique cherchent et réussissent à se démarquer avec plus ou moins de bonheur. On peut dire en effet que Sam fait plus rire va peut-être un peu trop loin dans sa recherche d’une construction sortant coûte que coûte de l’ordinaire, très alambiquée, ce qui arrive parfois à faire perdre la notion du temps au spectateur et à rendre certaines cènes peu compréhensibles, même si, plus tard, l’explication finit par arriver.
Si on cherche à expliquer en quelques mots ce qui se passe, on arrive à une histoire finalement assez simple, rendue cinématographiquement plus attractive (ou, au contraire, trop rébarbative pour certaine.e.s !) grâce à son montage : l’action se déroule à Toronto, dans l’Ontario. Le personnage principal est une humoriste dont on va suivre l’existence sur une durée de 2 ans, avec d’incessants aller-retours dans le temps. Elle pratique le stand-up dans un Comedy Club de la ville sous le nom de Sam Cowell et elle loge chez 2 collègues de travail, Paige et Philip. tout en travaillant comme baby-sitter auprès de Brooke Renner, une adolescente qui va passer de 12 à 14 ans et connaître durant cette période l’affliction causée par un deuil. La différence d’âge entre Brooke et Sam, qu’on peut estimer à une quinzaine d’années, n’est pas si énorme, mais le film insiste beaucoup, à juste titre, sur le fossé qui se creuse très vite à cette âge là entre les générations, en particulier du fait de l’évolution rapide des technologies. La disparition de Brooke dont s’emparent les médias amène Sam, alors en pleine dépression, à replonger dans l’épisode douloureux de son existence qui en est la cause, un épisode dont on taira le détail, se contentant de dire qu’il met en jeu un policier, Cameron Renner, le père de Brooke.
Ally Pankin, réalisatrice de séries, a choisi pour son premier long métrage de cinéma, de présenter un puzzle aux spectateurs en déconstruisant consciencieusement son récit, le but étant, très probablement, de leur demander un effort de reconstruction accompagnant celui entrepris par Sam. Un choix ambitieux, courageux car plutôt risqué et, au final, plutôt réussi. On sera plus réservé en ce qui concerne le jeu des interprètes : si le film est canadien, on retrouve chez elles et chez eux tout ce qui, dans le cinéma US indépendant, pouvait paraître sympathique au début mais dont la répétition commence à devenir insupportable, la façon maniérée de parler et les mimiques mettant à l’œuvre les yeux et la bouche. Certes, Rachel Sennott, l’interprète de Sam, par ailleurs humoriste de stand-up, est américaine US mais le reste de la distribution est canadien. Le Canada n’est pas encore un état américain, puissent les réalisateurs et réalisatrices canadien.ne.s en tenir compte ! En guise de conclusion, on saluera le bel effort du distributeur en ce qui concerne le titre du film : le titre original étant I used to be funny, j’avais l’habitude d’être drôle, le titre français utilise le prénom du personnage principal, Sam, pour faire le jeu de mot Sam fait plus rire !