Le cinquième plan de la jetée
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Dominique Cabrera
Scénario : Dominique Cabrera, Edmée Doroszlaï
Distribution : Les Alchimistes
Durée : 1h44
Genre : Documentaire
Date de sortie : 5 novembre 2025
3.5/5
Synopsis : Le cousin de la réalisatrice, Jean-Henri, se reconnaît dans La Jetée de Chris Marker. Il est là de dos, avec ses parents sur la terrasse d’Orly dans le cinquième plan du film. Aucun doute, il reconnaît ses oreilles décollées. Et si c’est lui, il est le héros du film, enfant… Dominique Cabrera est immédiatement happée par cette enquête intime et historique ; quelle était la probabilité pour que Marker et les Cabrera choisissent ce même dimanche de 1962 pour se rendre sur la jetée d’Orly ?
Tout a commencé par la visite de Jean-Henri Bertrand à l’exposition consacrée à Chris Marker, organisée en 2018 à la Cinémathèque française. Cet homme, alors âgé d’une soixantaine d’années, est alors persuadé de se reconnaître dans le petit garçon en culottes courtes qui apparait dans le 5ème plan du film La jetée, ce court-métrage de science fiction réalisé par Chris Marker et sorti en 1962 : les oreilles décollées du gamin, la silhouette et les habits de l’homme et de la femme qui sont à ses côtés, ses parents à coup sûr, plus le lieu où cette photo a été prise, la terrasse de l’aéroport d’Orly où ses parents, Angèle et Julien, l’amenaient souvent à l’époque. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Sauf que Jean-Henri a pour cousine la réalisatrice Dominique Cabrera, qui, dit-elle, a été happée par cette histoire quand elle lui a été racontée. Happée par cette histoire plus par le fait que ce cinquième plan avait été photographié sur la jetée d’Orly, l’endroit de son arrivée en métropole à l’âge de 4 ans, l’endroit de sa seconde naissance après son départ d’Algérie, que par le fait que Chris Marker ait photographié son cousin, son oncle et sa tante.
En tout cas, Dominique Cabrera, réalisatrice de documentaires et de films de fiction, a très vite vu la possibilité de réaliser un film à partir de l’histoire de Jean-Henri. Mais comment réaliser un tel film ? Dominique Cabrera a choisi de montrer l’enquête qu’elle a menée pour s’efforcer de reconstituer le passé 60 ans après les faits et de le faire en s’inspirant de 2084, un court métrage de Chris Marker datant de 1984, œuvre de commande de la CFDT à l’occasion du centenaire du syndicalisme, tourné entièrement dans l’enceinte d’une salle de montage. Elle s’est donc installée à l’Etna, un Atelier de cinéma expérimental situé à Montreuil, et elle y a fait venir, afin de les filmer, toutes les personnes encore vivantes, membres de sa famille ou non, susceptibles de lui fournir des informations intéressantes sur son enquête afin de regarder avec elles et de commenter des photos ou des extraits de film. Quand leur venue n’était pas possible, une communication téléphonique pouvait s’avérer précieuse telle celle, peu de temps avant sa mort, avec le Directeur de la photographie Pierre Lhomme, coréalisateur avec Chris Marker du film Le joli mai, tourné la même année que La jetée. Force est de reconnaitre que l’objet final proposé par Dominique Cabrera à l’issue de son enquête s’avère émouvant et passionnant à suivre. Emouvant du fait de ce retour vers le passé qui ne peut que faire remonter à la surface des évènements ainsi que des personnes disparues. Passionnant et parfois comique comme quand nous est proposé un calcul de probabilité totalement extravagant sur les chances que Chris Marker et Jean-Henri aient pu se retrouver le même dimanche sur la terrasse de l’aéroport d’Orly. Passionnant et intrigant quand il s’avère que Davos Hanich, l’interprète du rôle principal de La Jetée, est né à Saint-Denis-du-Sig, en Algérie, alors que Angèle, la mère de Jean-Henri, originaire elle aussi de Sig, avait été amoureuse d’un Hanich avant d’épouser Julien et que sa famille l’avait dissuadée d’entretenir une relation avec lui.
