Barbarella
France, Italie : 1968
Titre original : –
Réalisation : Roger Vadim
Scénario : Terry Southern, Roger Vadim, Tudor Gates
Acteurs : Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h38
Genre : Science-fiction
Date de sortie cinéma : 25 octobre 1968
Date de sortie BR/4K : 10 décembre 2025
En l’an 4000, le monde vit dans une ère de paix où les armes sont devenues obsolètes. l’astronaute Barbarella, alors en vacances, se voit confier par le président de la Terre une mission spéciale. Elle doit retrouver Durand-Durand, un savant disparu il y a quelques années, inventeur de l’arme absolue, qu’il veut vendre à une planète ennemie…
Le film
[3/5]
Il existe des films qui semblent avoir été conçus dans un laboratoire où l’on aurait mélangé du LSD, des plumes de boa et des catalogues mode 60’s de Paco Rabanne. Barbarella appartient à cette catégorie d’objets cinématographiques non identifiés, délire SF érotomane et psychédélique absolument typique de son époque de tournage (1968), livré dans des décors pleins de plumes, de globes et de moumoute qui feraient passer Flash Gordon pour un modèle de naturalisme en mode Hard SF. Le résultat à l’écran est une improbable succession de fétichismes de salon, énumérés avec la régularité d’un métronome, mais paradoxalement sans rythme ni cohérence. Vous l’aurez compris : avec Barbarella, le ridicule est ici élevé au rang de principe esthétique, et le mauvais goût devient une matière première, exploitée sans vergogne.
Dans Barbarella, l’histoire se déploie comme une odyssée laborieuse, où chaque rencontre semble conçue pour flatter un fantasme particulier : bondage spatial, orgies technologiques, créatures en latex… Le film se veut une aventure cosmique, mais ressemble davantage à une vitrine de sex-shop intergalactique. Derrière cette accumulation, une thématique se dessine pourtant, encore une fois tout à fait typique de son époque de tournage, en pleine libération des mœurs : la quête de plaisir devient ici un moteur narratif. Mais cette quête, au lieu d’ouvrir sur une réflexion philosophique, se réduit finalement à une enfilade de sketchs mal reliés, où l’on croisera Alain Cuny, Claude Dauphin ou Ugo Tognazzi, tous venus se perdre dans ce carnaval space-sexy-pop. Même Anita Pallenberg et David Hemmings, figures importantes d’un cinéma autrement plus « sérieux », semblent avoir été parachutés là par erreur, comme des invités à une fête costumée qui aurait tourné à la Doro Party sur moquette rose.
Le pire dans cette histoire, c’est que Barbarella disposait probablement d’un budget conséquent, qu’il s’offre des collaborations pour le moins prestigieuses, mais que le tout ne dépasse jamais le stade du gros délire WTF. L’orgasmotron, par exemple, censé incarner une utopie hédoniste, devient un gag involontaire, qui se verra d’ailleurs raillé quelques années plus tard par Woody Allen dans Woody et les Robots. Ce décalage entre l’ambition de ses auteurs et le résultat final sur celluloïd confère au film de Roger Vadim une aura d’immense nanar psychotronique, kitsch, et potentiellement culte, et ce même s’il reste la plupart du temps coincé dans une zone grise où l’ironie et la stupéfaction l’emportent sur l’admiration. Visuellement, Barbarella déploie un univers saturé de couleurs criardes, de décors surréalistes et de costumes métalliques. Pourtant, à sa manière, cette esthétique outrancière possède une véritable valeur documentaire.
Cela dit, au-delà de son défilé d’images datées et souvent involontairement drôles, Barbarella possède tout de même un atout indéniable : sa bande originale, composée par Charles Fox et dirigée par Michel Magne. Lorgnant régulièrement du côté de Burt Bacharach et d’Henry Mancini, le score du film nous offre une poignée de véritables moments de grâce musicale, qui contrastent avec le kitsch priapique qui défile à l’écran. Jacques Dufilho, qui prête sa voix à l’ordinateur de bord, apporte également une touche savoureuse à l’ensemble, preuve que l’extravagance peut parfois payer. Mais ces réussites ponctuelles ne suffisent pas à sauver l’ensemble, qui reste englué dans le nanar. Pour autant, presque 60 ans après sa sortie dans les salles, Barbarella, probablement trop extravagant pour être oublié, s’offre une nouvelle édition à chaque nouveau format de vidéo domestique. Et à chaque fois, on se dit qu’on va lui redonner sa chance, pour toujours en revenir au même constat. Alors, prêts à redécouvrir Jane Fonda en 4K ?
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
L’édition Blu-ray 4K Ultra HD de Barbarella, éditée par Paramount Pictures, se présente dans un boîtier avec fourreau qui met en avant l’esthétique kitsch du film. L’image, proposée en Dolby Vision et HDR10, restitue avec une précision parfois cruelle les décors en moumoute et les costumes métalliques. Les couleurs saturées gagnent en éclat, les contrastes sont renforcés, mais cette netteté met aussi en évidence les limites des effets spéciaux de l’époque. Les incrustations paraissent encore plus artificielles, les décors encore plus fragiles. Pourtant, cette restauration possède une valeur patrimoniale : elle permet de redécouvrir Barbarella dans toute sa splendeur psychédélique, avec une fidélité qui respecte l’intention originale. Côté son, le film nous est proposé dans une VO Dolby TrueHD 5.1 (ainsi qu’en Dolby TrueHD 2.0), et en VF Dolby Digital 2.0. La version originale remixée offre une spatialisation intéressante, mettant en valeur la bande originale de Charles Fox et Michel Magne. Les dialogues restent clairs, même si certains effets sonores paraissent souvent datés. La version mono, plus fidèle à l’expérience d’origine, conserve une authenticité appréciable. La version française en revanche souffre de quelques limitations techniques : les voix manquent de profondeur, et les effets sont moins immersifs. Les amateurs privilégieront donc la version originale, qui restitue mieux l’ambiance extravagante du film.
Côté suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD de Barbarella ne nous propose que dalle, nada, quetchi, walou, pas même une bande-annonce. Paramount Pictures offre néanmoins au film de Roger Vadim une édition techniquement solide, qui permet de redécouvrir le film dans des conditions optimales. Ainsi, pour les amateurs de pop culture et de cinéma psychédélique, ce Blu-ray 4K Ultra HD constituera probablement une pièce de collection indispensable, même si son contenu reste limité.




















