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Le dramaturge et scénariste tchéco-anglais Tom Stoppard est décédé le 29 novembre dans le comté du Dorset en Angleterre. Il était âgé de 88 ans. Extrêmement prolifique et célébré pour son travail au théâtre, Stoppard avait également écrit quelques scénarios excellents pour le cinéma, notamment ceux de Brazil de Terry Gilliam, Empire du soleil de Steven Spielberg et Shakespeare in Love de John Madden. En près de quarante ans de carrière en tant que scénariste, il avait entre autres collaboré avec les réalisateurs Joseph Losey, Rainer Werner Fassbinder, Otto Preminger, Robert Benton, Roland Joffé et Joe Wright.

La vie de Tom Stoppard avait commencé sous de mauvais auspices, puisque sa famille d’origine juive avait dû fuir sa Tchécoslovaquie natale à l’arrivée des nazis en 1939. Alors que ses grands-parents avaient péri dans le camp d’extermination d’Auschwitz, côté maternel, et dans le ghetto de Riga, côté paternel, la famille du jeune Tom avait pu se réfugier un temps à Singapour. Après la mort de son père à bord d’un bateau coulé par la marine japonaise, sa mère s’était remariée en Inde, avant de suivre son nouveau mari en Angleterre.
C’est là que Tom Stoppard découvrit son amour pour la langue et la culture anglaises. Il décrocha son premier succès avec la pièce « Rosencrantz et Guildenstern sont morts » en 1966. Très actif en tant que dramaturge de théâtre et aussi au service de la télévision britannique, Stoppard avait écrit son premier scénario en 1975 à travers Une Anglaise romantique de Joseph Losey.

Jusqu’à la fin de la décennie, il n’avait écrit que deux autres scénarios pour le cinéma : Despair de Rainer Werner Fassbinder adapté de Vladimir Nabokov et La Guerre des otages de Otto Preminger d’après Graham Greene. Toujours aussi sollicité sur scène, Tom Stoppard avait travaillé de manière très sporadique pour le grand écran dans les années ‘80. En fait, il n’avait participé qu’à deux films, quoique probablement en rédigeant ses scénarios les plus accomplis, pour Brazil de Terry Gilliam en 1985 et pour Empire du soleil de Steven Spielberg adapté du roman de J.G. Ballard deux ans plus tard. En 1990, il avait porté lui-même à l’écran la pièce grâce à laquelle sa carrière avait pris son envol un quart de siècle plus tôt, Rosencrantz et Guildenstern sont morts avec Gary Oldman et Tim Roth.

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Pendant les vingt-sept années suivantes, de 1990 jusqu’en 2017, Tom Stoppard avait écrit sept autres scénarios de cinéma. Or, à l’exception notable de Shakespeare in Love de John Madden – Oscar du Meilleur Film en 1999 –, ils n’étaient guère à la hauteur de sa réputation d’homme d’esprit qui continuait à lui être acquise dans le monde du théâtre. Ou bien, plus précisément, la qualité supposée de ses scénarios ne se retrouvait guère dans le produit cinématographique final qui s’appelait alors La Maison Russie de Fred Schepisi d’après John le Carré, Billy Bathgate de Robert Benton d’après E.L. Doctorow, Vatel de Roland Joffé pour l’adaptation anglophone, Enigma de Michael Apted, Anna Karenine de Joe Wright d’après Tolstoy et Tulip Fever de Justin Chadwick.

Tom Stoppard a été nommé à deux reprises à l’Oscar du Meilleur scénario original pour Brazil et Shakespeare in Love. Il l’avait gagné pour ce dernier en 1999 aux côtés de son coscénariste Marc Norman. La même année, les deux avaient gagné un Ours d’argent spécial au Festival de Berlin pour leur scénario. De même pour le prix du syndicat des scénaristes américains, la Writers Guild of America, et celui du New York Film Critics Circle. Les critiques de Los Angeles lui avaient déjà attribué leur prix du scénario en 1985 pour Brazil. Au Festival de Venise en 1990, Tom Stoppard avait gagné le Lion d’or du jury présidé par l’écrivain américain Gore Vidal pour Rosencrantz et Guildenstern sont morts. A ce jour, il s’agit du seul trophée suprême du festival italien gagné par un cinéaste qui n’avait pas réalisé d’autres longs-métrages avant ou après son sacre vénitien.
















