Maoussi
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Charlotte Schiøler
Scénario : Jason Greiff, Mariane Plasteig, Charlotte Schiøler
Interprètes : Moustapha Mbengue, Charlotte Schioler, Elsa Wolliaston, Olivier Rabourdin
Durée : 1h15
Genre : Comédie, Drame, Romance
Sortie : Dans le cadre de ArteKino Festival 2025, du 1er au 31 décembre 2025.
3.5/5
Synopsis : Quand, par hasard, Babette est amenée à partager son appartement parisien avec Edo, un réfugié congolais, Maoussi, une souris en fuite, se pointe aussi et chamboule leur quotidien. Elle s’immisce entre les deux étrangers tel un enfant adopté et les contraint à faire face a leurs attentes divergentes de l’amour.

Peut-être, dans vos rêves les plus fous, vous est-il arrivé de vous imaginer faisant partie du jury du Festival de Cannes ou de la Mostra de Venise. En un peu moins glamour, sans la proximité des palmiers ou des gondoles mais confortablement installé chez vous, cette possibilité de voter pour votre film préféré dans le cadre d’un Festival, c’est ce que vous propose l’ArteKino Festival qui va se dérouler du 1er au 31 décembre. Ce festival de cinéma européen en ligne va vous proposer 12 films du jeune cinéma européen venant de 10 pays différents : Lituanie, Pays-Bas, Serbie, Croatie, Espagne, Ukraine, Allemagne, Portugal, France, Irlande. Pour les voir et pour voter, il vous suffit d’aller à partir du lundi 1er décembre sur https://artekinofestival.arte.tv/ .
Maoussi, réalisé et joué par Charlotte Schiøler, une danoise vivant en France depuis plusieurs années, est un des films français de cette sélection de 12 films
Une comédie sucrée-salée
Lorsqu’un film vous est présenté comme étant une comédie, sans doute vous demandez vous si, oui ou non, des occasions de rire vous seront fournies. S’il vous est présenté comme étant un drame, vous vous demandez sans doute s’il s’agit d’un drame capable de vous mettre la larme à l’œil ou bien d’un drame dont certaines scènes vont vous exaspérer ou vous indigner. Si, enfin, s’agissant d’un film, on vous parle de romance, vous vous demandez s’il va s’agir d’une romance de type nunuche ou d’une romance flamboyante. Maoussi est présenté comme étant à la fois une comédie, un drame et une romance. Pas totalement faux, mais pas tout à fait exact non plus. Dans ce film reprenant un certain nombre de situations réellement vécues par la réalisatrice, le personnage principal est Babette, une danoise vivant à Paris dans le quartier de Belleville, et qui, à la demande de Nora, sa professeure de danse danse africaine, a accepté d’héberger pour quelques jours Edo, un percussionniste congolais venu donner quelques concerts, on a quelques occasions de rire franchement, mais on a surtout le sourire aux lèvres la plupart du temps, et il n’y a aucune lourdeur dans tout ce qui peut être présenté comme un drame. En fait, il serait plus juste de parler de comédie romantique dans laquelle le burlesque croise le quiproquo et qui se transforme parfois en fable, la facette drame se nichant, sans que cela soit lourdement appuyé, dans les galères rencontrées par les migrants en danger dans leur propre pays pour obtenir des papiers et, peut-être aussi, sans qu’on puisse en être certain, dans la confirmation de ce que dit « Les histoires d’amour finissent mal, en général », la chanson des Rita Mitsouko.
C’est par l’entremise d’une petite souris blanche qui a élu domicile dans l’appartement de Babette qu’un lien va commencer à se créer entre Babette et Edo. C’est Babette qui va lui donner un nom : Maoussi. Maoussi qui va être à l’origine d’une scène savoureuse lorsque Babette et Edo se rendent chez un droguiste afin d’acheter un produit de dératisation pour l’appartement, scène toute en double sens qui se moque de façon très fine de l’extravagante théorie du grand remplacement avec le droguiste dont on ne sait plus très bien s’il parle des rongeurs ou des migrants lorsqu’il se contredit à propos de la taille du cerveau des rongeurs et des possibilités sensorielles et intellectuelles qui en découlent et lâche une sentence qu’il pense imparable : de toute manière, c’est eux ou nous. C’est également avec un sens aigu de la finesse que Charlotte Schiøler se moque gentiment de la complaisance dont peut faire preuve un certain public européen lorsque, par peur de passer à côté de quelque chose, il reçoit favorablement des caricatures d’un art africain authentique alors que les artistes eux-mêmes ont tendance à les rejeter. La réalisatrice se montre tout aussi pertinente dans sa description de la relation amoureuse qui se construit petit à petit entre Babette et Edo, se gardant bien de ne pas évoquer les problèmes d’origine culturelle qui peuvent se poser dans une relation de couple entre un homme africain et une femme européenne, comme, par exemple, les différences relatives à la notion de vieillesse ou la nécessité pour un couple de toujours partager le même lit. C’est donc la réalisatrice, Charlotte Schiøler, qui interprète avec beaucoup de justesse le rôle de Babette, le rôle de Edo étant interprété par le percussionniste et comédien sénégalais Moustapha Mbengue, qu’on avait déjà vu et apprécié dans plusieurs productions hexagonales, dont Amin de Philippe Faucon et Les cinq diables de Léa Mysius. A leurs côtés, on reconnait la danseuse et chorégraphe Elsa Wolliaston, grande figure de la danse contemporaine africaine, dans le rôle de Nora et Olivier Rabourdin, dans le rôle d’un vétérinaire. Quant à la belle photo de ce film tourné en scope, on a doit à Hugues Espinasse.














