Critique Express : The great departure

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The great departure

Inde, USA : 2025
Titre original : The great departure
Réalisation : Pierre Filmon
Scénario : Sonal Sehgal
Interprètes : Xavier Samuel, Sonal Sehgal, Vinod Nagpal
Distribution : Night ed films
Durée : 1h36
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 12 novembre 2025

3.5/5

Synopsis : À Delhi, le hasard réunit Mansi et Marc, deux âmes perdues qui ont fui la réalité de leur vie. Une romance aussi interdite qu’inattendue, le temps d’un voyage improvisé, fragile et lumineux, des rives du Gange à la route de Rishikesh.

Dans le bouddhisme, le grand départ, The great departure, appelé aussi La grande renonciation, the great renunciation, est le terme désignant le départ du prince Siddhārtha Gautama – qui deviendra ensuite le Bouddha historique – de son palais de Kapilavastu pour vivre une vie d’ascète afin de rechercher la vérité et parvenir à l’Éveil. A leur niveau, c’est également une forme de grand départ que vivent Mansi et Marc quand elle et il se rencontrent par hasard dans la gare de Dehli : Mansi est une femme indienne qui a quitté le domicile conjugal, ne supportant plus les violences que lui inflige son mari ; Marc est un influenceur qui a quitté son Australie natale pour tenter de redonner du sens à sa vie. Le premier long métrage de fiction du réalisateur français Pierre Filmon, sorti il y a 4 ans, avait pour titre Entre deux trains. Ce titre, Pierre Filmon aurait pu l’utiliser à nouveau pour ce qui est son deuxième long métrage de fiction. En effet, toute l’action va se déployer entre deux épisodes se déroulant dans la gare de Dehli, entre un train qui va conduire Mansi et Marc à Varanasi (anciennement Bénarès)  et un train qui va les y ramener. Entre temps, ce que propose le scénario va apporter un grand changement dans la relation entre cette femme et cet homme et permettre aux spectateurs d’améliorer considérablement leur connaissance sur cet immense pays qu’est l’Inde et sur ses habitants.

Ce scénario, c’est Sonal Seghal qui l’a écrit, et celle qui est également l’actrice principale et coproductrice du film insiste beaucoup sur le sort qui, aujourd’hui encore, est trop souvent réservé aux femmes de son pays, des femmes dont le destin est lié à celui de leur mari, qui n’existent pratiquement pas si elles ne sont pas mariées, qui n’existent pratiquement plus lorsque leur mari décède. C’est ainsi que la quadragénaire Mansi, bien que titulaire d’une maitrise en administration des affaires, avoue à Marc qu’elle n’a jamais valorisé ce diplôme, sa famille, son mari, la société ayant réussi à la convaincre que le travail d’une bonne épouse, c’est de s’occuper de son mari, de ses enfants, de sa famille. C’est ainsi qu’un chauffeur de taxi qui a pris en charge Lansi et Marc et qui, manifestement, aime ses 2 filles, considère quand même que ce sont des fardeaux dont il ne sera débarrassé que le jour de leur mariage, lorsque ses filles iront s’occuper de leur mari, de sa famille et de leurs enfants. A côté de ce sujet malheureusement toujours d’actualité qu’est le sort des femmes en Inde et dans de nombreux autres endroits dans le monde, The great departure nous montre un peuple indien généralement d’une grande gentillesse, effleure les conditions économiques de l’Inde qui ont obligé un ingénieur à se reconvertir en chauffeur de taxi, nous explique ce qu’est la notion de Moksha, nous donne quelques éléments sur le fonctionnement des castes et les interdictions qui en découlent, et nous fait saliver à la vision de gobelets de « chai masala » et d’assiettes de « gulab jamun ». Pour nous entrainer dans ce très beau voyage en Inde, un voyage qui donne vraiment l’impression d’être vécu de l’intérieur, Pierre Filmon a fait appel à Dominique Colin, un Directeur de la photographie confirmé qui avait déjà eu l’occasion de travailler dans ce pays sur l’excellent Monsieur de Rohena Gera. Quant à la musique, composée par le bassiste et compositeur Naresh Kamath, membre fondateur du groupe de fusion rock soufi Kailasa, elle arrive, grâce à la sonorité du sarod, à donner une couleur indienne bienvenue sans heurter les oreilles de celles et ceux qui sont allergiques à la musique indienne.

Bien entendu, on pourra entendre ou lire des commentaires au sujet de ce film l’accusant de se montrer trop didactique, voire, de la part des plus injustes, de glisser parfois dans le pathos. En fait non : The great departure est un savoureux et très réussi mélange de « love story » et de « L‘Inde pour les nuls », un film qui rappellera de bons souvenirs à celles et ceux qui ont déjà visité ce pays et qui en enchantera celles et ceux qui rêvent de s’y rendre.

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