Les cavaliers des terres sauvages
USA, Argentine : 2024
Titre original : Gaucho, Gaucho
Réalisation : Michael Dweck, Gregory Kershaw
Scénario : Michael Dweck, Gregory Kershaw
Interprètes : Guada Gonza, Tati Gonza, Jony Avalos
Distribution : Tandem
Durée : 1h24
Genre : Drame
Date de sortie : 22 octobre 2025
3.5/5
Synopsis : Au cœur des montagnes argentines, vit une petite communauté de gauchos, des familles de cavaliers profondément attachées à la nature et perpétuant leurs traditions. Tandis que les anciennes générations partagent leur sagesse, leurs rites et culture, leur descendance tente de préserver leur identité dans un monde en pleine mutation.
Les cavaliers évoqués dans le titre du film, ce sont les gauchos, les gardiens de troupeaux ou, si vous préférez, les cowboys de l’Amérique du Sud. Les terres sauvages, ce sont les vallées Calchaquies et, plus particulièrement, la vallée qui s’étend sur près de 200 kilomètres entre Salta au nord et Cafayate au sud. Cette région n’est pas celle où on peut trouver le plus de gauchos. Par contre c’est sans doute une de celles où l’environnement de ces gauchos est le plus beau, le plus sauvage. Chasseurs de truffes, le film précédent des 2 réalisateurs, Michael Dweck et Gregory Kershaw, des américains US, s’intéressait à des traditions et des savoirs ancestraux du nord de l’Italie. Montrant à nouveau leur intérêt pour ce qui vient du passé et qui s’efforce de résister aux assauts d’une modernité qui, au mieux, ignore le passé, au pire, le rejette et le détruit, ce sont cette fois-ci des traditions et des savoirs ancestraux du nord de l’Argentine qu’ils auscultent avec beaucoup de savoir-faire. La principale tradition que les gauchos respectent et cherchent à conserver, c’est leur mode de vie, un mode de vie dans lequel la liberté tient une place essentielle, cette liberté que procurent les grands espaces dans lesquels se déroule leur existence et que survolent régulièrement des condors, tout à la fois prédateurs et oiseaux emblématiques de la région.
L’univers des gauchos gravite autour du cheval, un animal que tout gaucho se doit de maîtriser parfaitement, ce qui exige avant tout de la douceur et une mise en confiance. Les cavaliers des terres sauvages alterne de magnifiques scènes impliquant des gauchos et des chevaux, que ce soit dans le cadre du travail des gauchos ou lors de « jineteadas », l’équivalent argentin des rodéos, avec des conversations impliquant le plus souvent 2 personnages assis face à face et permettant l’évocation de souvenirs, parfois joyeux, parfois douloureux, parfois truculents, chez des anciens de la communauté gaucho ou la transmission des savoir-faire entre générations différentes. Ce respect des traditions ne ferme pas la porte à des évolutions : comme le dit un personnage « les traditions d’abord, après, place à ce qui vient d’ailleurs ». On peut sans doute considérer que, dans ce qui vient d’ailleurs, se trouve la place des femmes, le film faisant de Guada, une jeune fille qui a toujours rêvé de devenir gaucha et qui écume les « jineteadas », un des principaux personnages du film. Une évolution de la condition féminine inimaginable dans un passé pas si lointain ! Il n’est pas interdit de regretter que le film ne donne pas un peu plus d’importance à d’autres traditions toujours vivaces dans cette région de l’Argentine comme celle de la danse si cinégétique appelée La Arunguita qu’on ne voit pratiquée par un couple que quelques secondes au début du film. On peut également s’étonner du choix du noir et blanc pour tourner ce film dans une région où la couleur des roches et des paysages est particulièrement somptueuse. Cet éventuel regret, toutefois, s’estompe rapidement, les images en noir et blanc étant d’une très grande beauté. On notera enfin avec amusement qu’un épisode marquant d’un autre film montrant une image totalement opposée de l’Argentine avait été tourné dans cette même région de la vallée entre Salta et Cafayate. Il s’agit de l’épisode du pont dans le sketch intitulé « El más fuerte » (La loi du plus fort) du film Les nouveaux sauvages de Damián Szifrón : un film sur les conséquences du stress et de la dépression engendré(e)s chez certaines personnes par le monde actuel face à un film sur la liberté recherchée et obtenue au travers du respect de certaines traditions.