Test DVD : De Mauvaise Foi

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De Mauvaise Foi

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Alberic Saint Martin
Scénario : Alberic Saint Martin, Hubert de Torcy
Acteurs : Pascal Demolon, Philippe Duquesne, Herrade Von Meier
Éditeur : SAJE Distribution
Durée : 1h31
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 7 mai 2025
Date de sortie DVD : 18 septembre 2025

Un notaire vieille France doit impérativement sauver son château délabré et empêcher le mariage de sa fille avec un golden boy prétentieux. La fortune promise par une comtesse mourante à un jeune artiste bohème, pourrait régler tous ses problèmes. À condition que le futur héritier devienne un bon catholique, et tombe amoureux de la jolie fiancée…

© Saje Distribution, 2025

Le film

[3/5]

Dans De mauvaise foi, Albéric Saint-Martin s’amuse à faire danser les reliques d’une France qui sent la naphtaline et le missel. Le film, adapté du roman « Les pieuses combines de Réginald », ne cherche pas à moderniser son sujet à coups de TikTok ou de NFT, mais semble au contraire prendre plaisir à s’engoncer dans les tapisseries poussiéreuses d’un château en ruine, où les alliances se trament comme des plans drague sur Meetic, mais version confessionnal – et pour cause : il s’agit du premier film produit par SAJE Distribution, société dont le but avoué (et donc à moitié pardonné) est de « transmettre le message du Christ par les médias ». Et le plus fascinant à la découverte de De mauvaise foi réside probablement dans la façon dont il recompose le vaudeville d’antan à la sauce catho.

© Saje Distribution, 2025

Dans De mauvaise foi, le notaire Réginald (incarné par un Pascal Demolon totalement en roue libre), deviendra assez rapidement le pivot d’un ballet hypocrite où la foi est présentée comme un déguisement, et l’amour comme une stratégie d’optimisation fiscale. Entre les lignes, on comprend bien que le réalisateur Albéric Saint-Martin et son coscénariste Hubert de Torcy ont dans l’idée de poser une question qui gratte là où ça pue : peut-on croire sans pratiquer, ou pratiquer sans croire ? Le film, qui évite le prosélytisme forcené, ne répond pas nécessairement à la question, préférant observer, avec un regard passablement affligé, les contorsions morales d’un monde où l’héritage vaut plus que la sincérité. Et globalement, la mise en scène, qui multiplie les plans fixes, laisse régulièrement le malaise s’installer au cœur de De mauvaise foi, comme un invité qu’on n’ose pas virer. Les personnages, à l’image du château où se déroule une grande partie du film, suintent la décrépitude et l’orgueil, comme une grand-mère qui refuse de lâcher son compte Facebook.

© Saje Distribution, 2025

Au-delà du vaudeville catho, derrière les quiproquos et les manipulations, De mauvaise foi interroge donc le public sur la notion de transmission : que lègue-t-on vraiment à ses enfants ? Des valeurs ? Des dettes ? Des névroses en forme de crucifix ? La retraite spirituelle à Paray-le-Monial, filmée au milieu de vrais pèlerins, ajoute une couche de réel à l’ensemble, et nous offre sans aucun doute les meilleurs passages du film. Et même si les situations manquent de folie et que les gags tombent presque toujours à plat (comme celui sur les cônes de chantier qui ouvre le film, qui n’est pas drôle mais en dit déjà beaucoup sur la véritable nature des personnages), l’ensemble tient assez mystérieusement debout, peut-être grâce au charme de ses acteurs. Ainsi, outre la prestation de Pascal Demolon, ou pourra saluer celles de Philippe Duquesne, Herrade Von Meier, Romane de Stabenrath, François-David Cardonnel et de Jean-Baptiste Lafarge, qui s’impose comme un digne successeur de Finnegan Oldfield, l’éternel ado BG et mystérieux du cinéma français.

© Saje Distribution, 2025

Le DVD

[4/5]

N’ayant réuni qu’un peu moins de 77.000 français dans les salles au printemps dernier, De mauvaise foi n’aura pas droit aux honneurs du Blu-ray. Le DVD du film, édité par SAJE Distribution, fait ce qu’il peut avec les moyens du bord, mais l’image souffre d’un léger manque de piqué, surtout dans les scènes nocturnes ou les intérieurs faiblement éclairés du château. Les contrastes sont parfois hésitants, comme un ado devant une carte de sushi, et les noirs virent au gris dès qu’on pousse un peu la luminosité. Cela dit, la compression reste correcte, sans artefacts gênants, et les couleurs conservent une certaine chaleur, notamment dans les séquences tournées à Paray-le-Monial, où le soleil semble avoir été prié de bien vouloir faire son boulot. Côté son, on a droit à du Dolby Digital 5.1, propre et net, mais sans grande ampleur. Les dialogues sont clairs, même quand Réginald marmonne ses combines en latin de cuisine, et la musique, discrète mais bien fichue, ne vient jamais couvrir les voix. Pour les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de système de spatialisation sonore, SAJE Distribution nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0 sobre et tout aussi efficace.

© Saje Distribution, 2025

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un intéressant making of (20 minutes), dans lequel Albéric Saint-Martin reviendra sur le tournage du film, et sur la bienveillance presque « familiale » ayant baigné le projet. On y découvrira quelques moments volés sur le plateau, et les propositions des acteurs. On continuera avec quelques images de la sélection du film à l’Alpe d’Huez et de l’avant-première parisienne, ce qui permettra à un panel de spectateurs triés sur le volet Tryba de partager son enthousiasme immodéré pour le film. On terminera enfin avec une poignée de scènes coupées et une sélection de bandes-annonces éditeur. En somme, on a là un DVD qui fait le taf, sans chercher à impressionner, comme un curé qui bénit ses ouailles à la chaîne, mécaniquement et sans trop y croire.

© Saje Distribution, 2025

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