Critique Express : Miroirs n° 3

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Miroirs n° 3 

Allemagne : 2025
Titre original : –
Réalisation : Christian Petzold
Scénario : Christian Petzold
Interprètes : Paula Beer, Barbara Auer, Matthias Brandt
Distribution : Les films du Losange
Durée : 1h26
Genre : Drame
Date de sortie : 27 août 2025

4/5

Synopsis : Lors d’un week-end à la campagne, Laura, étudiante à Berlin, survit miraculeusement à un accident de voiture. Physiquement épargnée mais profondément secouée, elle est recueillie chez Betty, qui a été témoin de l’accident et s’occupe d’elle avec affection. Peu à peu, le mari et le fils de Betty surmontent leur réticence, et une quiétude quasi familiale s’installe. Mais bientôt, ils ne peuvent plus ignorer leur passé, et Laura doit affronter sa propre vie.

Manifestement, Laura n’est pas dans son assiette. C’est alors qu’elle est sur un pont en train de fixer l’eau s’écoulant en contrebas que nous la rencontrons. Que recherche-t-elle ? Alors qu’elle est descendue au bord de l’eau, la vision d’un homme debout sur son paddle semble retenir son attention. Dans la voiture cabriolet qui a quitté Berlin et qui les emmène tous les 4 vers un port, cette étudiante en musique laisse Jakob, son compagnon, musicien lui aussi, marchander son talent auprès d’un producteur de musique et sa compagne. Lors du passage du véhicule devant une maison, une femme vêtue de noir, occupée à peindre sa clôture, fixe les passagers du regard avec une attention particulière pour Laura.  A l’arrivée au port, Laura manifeste brutalement son désir de rentrer illico à Berlin. Quand bien même il n’apprécie guère ce comportement inattendu, le producteur jette les clés de la voiture à Jakob, l’invitant à reconduire Laura à Berlin et à revenir. Au retour, le passage devant la maison évoquée ci-dessus est encore plus étrange, la voiture étant à 2 doigts de percuter la femme qui est toujours présente sur le devant de sa porte et qui donnait l’impression de vouloir arrêter la voiture. Il y a cette fois un véritable jeu de regard entre Laura et cette femme. Peu après, un véritable accident a bien lieu, quelques instants après que le véhicule est reparti. Un accident que l’on ne voit pas, mais qu’on entend. Betty, aussi, l’a entendu et elle va quitter le pas de sa porte pour aller porter secours aux passagers de la voiture. Concernant Jakob, c’est trop tard, sa tête ayant violemment heurté un bloc de pierre. Laura, par contre, est saine et sauve et elle préfère rester auprès de Betty lorsque les secouristes lui proposent de l’emmener à l’hôpital.

Peu de temps s’est écoulé depuis le début du film et on a déjà compris que Christian Petzold a concocté un mélange de conte et de suspense à la Hitchcock. Par son comportement avec Laura, Betty montre qu’elle a dû vivre dans le passé un drame particulièrement important impliquant une certaine Yelena, mais il faudra attendre longtemps avant que la nature du drame soit explicitée. Laura, qui s’était exclue du quatuor qui partait en week-end en manifestement son désir de retourner à Berlin, exclusion confirmée par le producteur lorsqu’il a lancé les clés à Jakob, Laura qui a failli périr dans l’accident de la voiture, est dorénavant l’objet de toutes les attentions de la part de Betty et une toute nouvelle vie lui est offerte. Le piano n’est pas totalement absent de cette nouvelle vie, mais, dans la précédente, Laura ne se serait jamais imaginée repeindre le portail d’une maison, elle trouve sa place dans d’autres vêtements que les siens, et elle s’investit dans la cuisine. A l’arrivée dans la maison de Richard et Max, le mari et le fils de Betty, elle donne vraiment l’impression d’être la fille de la maison, ce qui n’est pas sans poser un problème à Max. Richard et Max n’habitent pas avec Betty, ils tiennent un garage à quelques kilomètres du domicile de cette dernière. Manifestement, sans doute des suites du drame évoqué plus haut, cette famille a besoin d’être réparée. Richard et Max sont aptes à réparer beaucoup d’objets, mais, jusqu’à présent, ils n’ont jamais réussi à réparer la famille. Et si l’arrivée de Laura permettait de réussir, enfin, cette réparation ?

Présenté dans le cadre de la Quinzaine des Cinéastes au dernier Festival de Cannes, Miroirs n°3 présente la particularité d’être un film allemand dont le titre original est en français. Cela vient du fait que « Miroirs n°3 » est une composition de Maurice Ravel, la 3ème pièce, « Une barque sur l’océan », du recueil de 5 pièces pour piano intitulé « Miroirs » et composé entre 1904 et 1906. On peut avoir l’impression qu’il ne se passe pas grand chose dans ce film, véritable film sur les fantômes dans lequel n’apparait aucun fantôme, mais il n’empêche qu’y règne en permanence une grande tension et le spectateur, pris par ce qu’il devine petit à petit, ne cesse de se demander ce qui va arriver à Laura. De nouveau présente chez Christian Petzold, Paula Beer est absolument magistrale dans le rôle de Paula. Christian Petzold  « aime travailler souvent avec les mêmes comédiens, pas uniquement parce qu’ils sont tous formidables, mais aussi pour la richesse qu’ils ont acquise dans les films précédents et qu’ils peuvent utiliser dans les nouveaux films ». On ne sera donc pas étonné de retrouver Barbara Auer (Betty), Matthias Brandt (Richard), Enno Trebs (Max) auprès de Paula Beer, une comédienne et deux comédiens déjà présent.e.s dans plusieurs films du réalisateur.

 

 

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