Test Blu-ray : Piégé

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Piégé

États-Unis, Canada : 2025
Titre original : Locked
Réalisation : David Yarovesky
Scénario : Michael Arlen Ross
Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h35
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 9 avril 2025
Date de sortie DVD/BR : 9 août 2025

Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique…

Le film

[3,5/5]

Coproduction entre l’Espagne et l’Argentine, le film 4×4 (2019) écrit par Mariano Cohn et Gastón Duprat avait déjà fait l’objet en 2022 d’un remake au Brésil sous le titre A Jaula, et d’un autre en Inde sous le titre Dongalunnaru Jagratta. Cette année, le film de Mariano Cohn a encore fait un petit, cette fois aux États-Unis, avec Locked, qui a débarqué dans les salles françaises au printemps dernier sous le titre Piégé. Pourquoi une telle popularité autour du pitch de départ, me demanderez-vous ? Hé bien tout simplement parce qu’avec son intrigue centrée sur un petit voleur enfermé dans un SUV de luxe, le film aborde un sujet tristement universel, en Argentine comme ailleurs : celui de l’insécurité. Il s’agit d’ailleurs d’un sujet si universel que la ville dans laquelle se déroule Piégé n’est même pas citée. Pourtant, le réalisateur David Yarovesky insiste énormément sur les conditions de vie dans le « ghetto » dans lequel évolue le personnage de Bill Skarsgård. Détritus partout, sans-abris en pagaille, bidonvilles, toxicos délirant dans les rues, tags, putes, agressions diverses… On jurerait d’ailleurs que certains plans d’exposition du film ont été tournés sans autorisation, afin de conférer au film un sentiment de vérité. Puisque Piégé a été tourné à Vancouver, on imagine que les plans mettant en scène toxicomanes et prostituées ont été pris sur le vif dans le Downtown Eastside, et il est vrai que la mise en place du film nécessitait probablement une représentation fidèle de ce que sont devenues certaines grandes villes de nos jours.

L’intrigue de Piégé est simple : Bill Skarsgård y incarne Eddie, un petit voyou sans envergure qui, parce qu’il lui manque 450 dollars pour changer son alternateur, se retrouve à traîner dans les rues en quête d’une voiture ouverte dans laquelle il pourrait chourer quelques trucs dans l’espoir de les revendre. Mais quand il rentre dans la « Dolus » flambant neuve qui stationne sur un vieux parking aux allures de terrain vague, il se retrouve enfermé à l’intérieur, victime du piège fomenté par un vieux bourge excédé de se faire vandaliser sa voiture sans que la police ne fasse rien. Outre le fait que 800 dollars ça nous paraisse un peu cher pour changer un alternateur, un autre élément narratif de Piégé pourra étonner le spectateur au regard du calvaire que va subir Bill Skarsgård, torturé pendant plusieurs jours sur ce parking quasi-vide au milieu de la « Zone » : comment se fait-il que dans ce ghetto infâme, aucun autre voleur n’ait eu l’idée de tenter de voler la Dolus ? La question nous paraît presque légitime au regard du discours que va dispenser, par téléphone, Wiliam, le propriétaire de la voiture. Probablement abonné fondateur au Journal du Dimanche, il va se lancer dans une diatribe sans pitié sur la société contemporaine, la loi, l’application de la justice, le contrat social, les clivages sociaux… Contrôlant la voiture à distance, il pourra même à l’occasion illustrer son propos par l’exemple en emmenant Bill Skarsgård se balader dans les bas-fonds de sa ville.

Si le film fait la part belle aux propos tenus par William (Anthony Hopkins, qui s’offre ici une prestation essentiellement « vocale » puisque sa présence physique se limite à seulement quelques plans), il laissera également occasionnellement le temps à Eddie de faire valoir un autre point de vue, qui sera souvent ouvertement raillé par son contradicteur. Pour le reste, la tension est maintenue tout au long de l’intrigue de Piégé grâce aux petits jeux sadiques imaginés par William pour torturer son captif : sièges et caméras envoyant des coups de taser, climatisation bloquée à -20, chanson suisse à base de yodel… Au fil des séquences, le film accuse l’inévitable renoncement d’Eddie, qui peu à peu se soumettra aux volontés de son tortionnaire. Le film en profitera pour nous en dévoiler davantage sur l’histoire de William, qui, si elle s’avère finalement assez prévisible, pourra tout de même faire réfléchir sur la frontière ténue qui sépare les victimes des agresseurs (ce qui était déjà l’idée au centre de Un justicier dans la ville). La douleur et l’intensité développées par le jeu de Bill Skarsgård, qui semble réaliser progressivement l’échec de sa vie, est assez captivante, et on trouvera au cœur de Piégé des moments de cruauté assez réjouissants, notamment dans les vaines tentatives d’Eddie d’échapper au contrôle de William. Pour les amateurs de séquences graphiques assez gratinées, c’est le deuxième film (après Novocaine) à nous proposer ce mois-ci des scènes explicites d’arrachage d’ongle bien dégueu.

Le Blu-ray

[4/5]

Après une courte carrière dans les salles obscures, Piégé débarque ces jours-ci en Blu-ray sous les couleurs de Metropolitan Vidéo, ce qui permettra aux très nombreux spectateurs n’ayant pu le découvrir dans les salles de s’offrir une petite séance de rattrapage dans la chaleur cosy de leur Home Sweet Home. Côté master, le film s’en sort comme d’habitude extrêmement bien : le piqué est précis, et les couleurs sont explosives. On notera d’ailleurs un petit grain cinéma tout à fait appréciable, même si on devine qu’il a probablement été rajouté en post-prod afin de donner un petit côté « roots » supplémentaire au film. En un mot, c’est du tout bon, et ce n’est pas la partie son qui mettra l’éditeur en porte à faux puisque le film nous est proposé, en VF et en VO, dans de puissants mixages DTS-HD Master Audio 5.1, fins et très spectaculaires. Dans les deux cas, le rendu acoustique est parfaitement enveloppant, dynamique et vraiment punchy, avec des effets multidirectionnels habilement placés. Du très beau travail.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un making of (9 minutes), ayant la particularité d’être présenté avec les commentaires du réalisateur David Yarovesky en voix off. Si les images du tournage ne sont pas très nombreuses (l’essentiel est en fait composé d’extraits du film), le cinéaste abordera tout de même certains secrets de fabrication plutôt intéressants, notamment en ce qui concerne la voiture utilisée sur le film, séparée en huit parties amovibles afin de pouvoir multiplier les axes de prises de vue. Le réalisateur expliquera également avoir voulu réduire au maximum le nombre d’effets numériques. On terminera enfin avec une sélection de bandes-annonces consacrées au talent de Bill Skarsgård : Piégé, The Crow, Boy kills World et John Wick 4.

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