Critique Express : Indomptables

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Indomptables

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Thomas Ngijol
Scénario : Thomas Ngijol
Interprètes : Thomas Ngijol, Danilo Melande, Bienvenue Mvoe
Distribution : Pan Distribution
Durée : 1h21
Genre : Policier
Date de sortie : 11 juin 2025

3.5/5

Synopsis : À Yaoundé, le commissaire Billong enquête sur le meurtre d’un officier de police. Dans la rue comme au sein de sa famille, il peine à maintenir l’ordre. Homme de principe et de tradition, il approche du point de rupture.

Un crime à Yaoundé

Au regard de ce qu’on connait de lui au travers de ses prestations dans le stand-up, on pourrait craindre que Thomas Ngijol ne se montre pas apte à sortir du domaine de la comédie lorsqu’il se dirige vers la réalisation cinématographique. Indomptables, son 4ème film en tant que réalisateur, le 2ème réalisé seul, montre que ces craintes sont injustifiées. Indomptables, film qui faisait partie de la sélection de la Quinzaine des Cinéastes lors du récent Festival de Cannes, est présenté comme étant un film policier mais il est en fait beaucoup plus que cela. Inspiré par le documentaire Un crime à Abidjan, réalisé en 1999 par Mosco Boucault, Indomptables profite de l’enquête policière menée à Yaoundé par le commissaire Zachary Billong et son équipe à la suite du meurtre à bout portant d’un policier pour dresser deux portraits : celui du Cameroun, un pays que Thomas Ngijol connait très bien puisqu’il s’agit du pays d’origine de ses parents, et celui d’un homme, ce commissaire, aussi bien dans le cadre de son travail que dans celui de sa famille. C’est peu dire que le portrait que fait Thomas Ngijol du Cameroun est sans concession : quartiers insalubres, infrastructures publiques très souvent défaillantes, système hospitalier sans pitié pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens de payer, corruption, vols, détournements de fonds (un policier à qui on a remis une somme d’argent destinée à payer les soins d’un suspect gravement blessé et qui s’en est servi pour s’acheter une box TV !),  et méthodes policières faisant beaucoup trop souvent appel à des passages à tabac et à la torture. Il n’empêche, Thomas Ngijol aime le Cameroun et il sait aussi en montrer les nombreux côtés positifs, en particulier la vitalité et la joie de vivre de ses habitants qui sont tout à fait conscients de tout ce qui ne va pas dans leur pays, qui aimeraient que les choses s’améliorent, mais qui, en attendant, font avec la situation du moment.

Même si Thomas Ngijol reconnait qu’il y a beaucoup de lui-même dans le commissaire Billong, au point qu’il a choisi d’en devenir l’interprète, le portrait qu’il en dresse est également sans concession : que ce soit dans son travail ou au sein de sa famille, Zachary  Billong, dont la tenue de travail est toujours le costume-cravate,  est un homme très strict, dur avec les suspects, dur avec ses enfants. Il a dans la tête que son travail consiste à choisir entre laisser la violence perdurer ou l’exercer lui-même. Il sait se montrer très dur dans son travail, mais pas toujours : s’il lui arrive de se montrer violent avec des suspects qui lui résistent, il sait se montrer affable avec ceux qui coopèrent. Le crédo qui l’anime : « dire la vérité, c’est rapide, dire un mensonge, ça prend du temps ». Quant à ses enfants, s’il se montre très dur avec Arthur, impliqué dans une altercation dans la cour de récréation de son école et Adeline, trop passionnée par le football à ses yeux et qui va finir par claquer la porte de la maison, il entretient de très bons rapports avec Daniel qui travaille bien à l’école. En fait, la personne qui lui résiste le plus, c’est son épouse, qui lui reproche avec véhémence de ne pas assez s’occuper de sa famille et qui préférerait qu’il pense davantage à aimer ses enfants plutôt que de chercher à les protéger ? Film très personnel de la part de Thomas Ngijol, Indomptables est donc un faux film policier et un vrai film attachant. On notera que si l’on peut voir, au travers de son titre, une référence aux « Lions indomptables », l’équipe nationale de football du Cameroun, c’est bien au travers d’une jeune fille, Adeline, que le football intervient dans ce film.

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