Détour Mortel
États-Unis, Allemagne, Canada : 2003
Titre original : Wrong Turn
Réalisation : Rob Schmidt
Scénario : Alan B. McElroy
Acteurs : Desmond Harrington, Eliza Dushku, Jeremy Sisto
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h24
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 30 juillet 2003
Date de sortie DVD/BR : 16 mai 2025
Au volant de sa voiture, Chris s’engage dans un petit chemin de terre pour contourner un embouteillage. Alors qu’il s’enfonce à vive allure dans la forêt, il heurte violemment une Range Rover bloquée au milieu de la route. Ses jeunes occupants partaient camper pour le week-end lorsque leurs pneus ont étrangement éclatés. Le groupe s’enfonce dans les bois chercher de l’aide lorsque apparaît une cabane. Tétanisés par l’horreur de ce qu’ils découvrent à l’intérieur, ils n’ont pas le temps de fuir que les occupants arrivent…
Le film
[4/5]
A sa sortie en salles en 2003, Détour mortel fit office de véritable bol d’air pour les amateurs de ciné de genre. Le film de Rob Schmidt et Stan Winston est une sorte d’hommage improbable et crado au survival des années 70, de Délivrance et de Massacre à la tronçonneuse, utilisant ses codes et s’en amusant à travers une intrigue solide et moderne malgré sa linéarité. Ce que l’on avait apprécié à la découverte du film il y a un peu plus de vingt ans, c’est que l’ensemble ne tombait jamais dans l’écueil du clin d’œil facile, de la dérision de pacotille qui avait achevé de démolir un genre fantastique déjà bien déclinant dans les années 90. Imagine you back in 2003 : en tant que spectateur, on ne pouvait s’empêcher alors de lever les deux pouces en l’air, pour faire comme les ricains de l’époque. « Touteumbz’eupe, Touteumbz’eupe ! » entendait-on alors dans les salles obscures.
Quelques années après sa sortie, l’enthousiasme n’est certes plus tout à fait ce qu’il a été (« Ouane teumb’eupe ! Ouane teumb’eupe ! »), mais il faut garder à l’esprit que Détour mortel reste un film important d’un point de vue historique, dans le sens où il a ouvert la voie à d’autres films ultérieurs navigant dans le petit univers du « survival horror ». On pense bien sûr à ses six suites, qui se sont espacées entre 2003 et 2021, ou à des films tels que La Colline a des yeux ou Butcher : La Légende de Victor Crowley, qui ont également généré plusieurs séquelles, et dont la mise en chantier nous semble clairement avoir profité du succès dans les salles de Détour mortel.
De plus, 32 ans après sa sortie, le film de Rob Schmidt et Stan Winston reste un excellent moment de cinéma bourrin et jouissif, et le fait est qu’il encaisse avec une certaine classe le poids des années. Honnête boulot d’artisan, tétanisant thriller, Détour mortel se concentre en effet de façon assez habile sur la peur panique de ses personnages – peur de l’inconnu, peur du noir – qui se matérialise à l’écran sous les traits d’une « famille Tronçonneuse » composée de trois frères horribles et visiblement cannibales. Si on omet les images qui s’enchaînent durant le générique du film, rien n’y est réellement explicité sur la famille de dégénérés ; le film préfère de loin se concentrer sur le sentiment d’urgence et la peur glaçante de mourir dans d’atroces souffrances – une terreur encore renforcée par un film développant largement le sentiment selon lequel cette mort est inévitable, et que le danger se cache derrière chaque arbre.
Hé ouais ma poule, on ne s’interroge donc pas dans Détour mortel : après une très courte introduction, à peine a-t-on le temps de comprendre pourquoi on court, mais on court, on fuit, on cavale… parce que la chasse a commencé. Alors bien sûr, le scénario d’Alan B. McElroy ne fait pour l’essentiel que recycler une intrigue ayant déjà été utilisée des centaines de fois, ce qui rend l’expérience prévisible. Pour autant, le film nous est présenté dans un style si frontal et direct qu’il ne pourra que remporter l’adhésion. Le film ne s’embarrasse pas d’une longue exposition des personnages, le générique nous amène beaucoup d’éléments à travers des coupures de journaux, bref tout est parfaitement agencé pour plonger le spectateur dans un véritable cauchemar éveillé. Le réalisateur Rob Schmidt fait preuve d’un talent certain pour créer des séquences pleines de suspense, avec plusieurs moments marquants qui exploitent efficacement l’environnement et la conception sonore.
De plus, d’un point de vue formel, Détour mortel parvient sans peine à créer une atmosphère claustrophobe, propice à la tension, et ce grâce à son paysage forestier à perte de vue. La photo du film exploite avec brio le paysage naturel, de façon à renforcer le sentiment d’isolement et d’effroi des personnages. Le souci du détail développé par les accessoires et le Production Design en général ajoute une dimension d’horreur viscérale, notamment durant la séquence se déroulant dans la cabane de la famille cannibale. Le récit, bien que simple, est parfaitement ficelé, ce qui assure un rythme soutenu au film, avec une nette priorité donnée à l’action. Côté casting, on trouvera principalement Desmond Harrington, Eliza Dushku, Jeremy Sisto et Emmanuelle Chriqui.
Le Blu-ray
[4/5]
Sorti en DVD en 2004, mais jusqu’ici inédit en Haute-Définition, Détour mortel s’offre enfin une édition Blu-ray sous les couleurs d’ESC Éditions. Si le piqué est globalement encore assez doux, le master est d’une parfaite stabilité et les couleurs sont solides, le tout affichant un grain argentique scrupuleusement préservé. Le rendu visuel est donc somme toute assez similaire aux autres éditions Blu-ray disponibles de par le monde : on ne dénote pas de signe d’utilisation d’outil de réduction du bruit type DNR, et on suppose que l’image du film était assez douce à la base, contrastant de façon nette avec les horreurs qui nous sont montrées. Côté son, le film de Rob Schmidt est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, en VF et en VO anglaise, et les deux mixages sont clairs et équilibrés, avec des canaux Surround constamment en éveil, permettant une immersion totale au cœur du film.
Du côté des suppléments, le Blu-ray de Détour mortel recycle l’intégralité des suppléments disponibles sur l’édition DVD de 2004. On commencera avec un commentaire audio de Rob Schmidt, Eliza Dushku et Desmond Harrington (VOST). Souvent amusant, ce commentaire audio permet aux trois intervenants de se plier à l’exercice de façon détendue, le cinéaste commençant son intervention en déclarant « Ce sont des arbres » alors que la caméra survole la forêt. Ils réagissent aux rebondissements du film en criant, rient beaucoup et laissent de longs blancs entre leurs interventions. On peut déplorer leur manque de préparation, mais leur bonne humeur rattrape le coup. On continuera ensuite avec une featurette d’époque (9 minutes), qui nous donnera à voir quelques images volées sur le tournage (on déplorera quelques petites coupures de son sur la dernière minute), une poignée d’entretiens avec les acteurs (5 minutes) ainsi qu’une intéressante featurette sur les effets spéciaux du film (9 minutes). On continuera ensuite avec trois petits sujets consacrés à Stan Winston (54 minutes au total), au cœur desquels Stan Winston s’exprimera sur sa carrière, dans les effets spéciaux puis en tant que producteur. On notera les interventions d’un grand nombre de ses collaborateurs. Enfin, on terminera avec une série de scènes coupées (7 minutes), ainsi qu’avec une dernière featurette destinée à la promo du film (4 minutes).