Test DVD : Jexi

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Jexi

États-Unis, Canada : 2019
Titre original : –
Réalisateur : Jon Lucas, Scott Moore
Scénario : Jon Lucas, Scott Moore
Acteurs : Adam Devine, Alexandra Shipp, Rose Byrne
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h21
Genre : Comédie
Date de sortie DVD : 15 juillet 2020

Phil est un jeune homme de son temps, accro à son portable. Il installe alors une nouvelle application vocale Jexi, qui lui permet de mieux organiser sa vie. Sauf que l’application va prendre contrôle de son quotidien…

Le film

[3,5/5]

Dans la vie de tous les jours, la parole spontanée ou sans filtre – qui consiste grosso modo à balancer à peu près tout ce qui vous passe par la tête – est un signe important d’inadaptation sociale, confinant parfois à l’autisme ou à la maladie mentale. Sous l’influence des réseaux sociaux et de certaines émissions TV, il s’est néanmoins développé une espèce de « mode » autour de la parole spontanée de nos jours, comme si spontanéité rimait forcément avec sincérité. Malheureusement, c’est loin d’être toujours le cas…

Dans la comédie américaine, la parole spontanée et les personnages sans filtre, dont le mètre-étalon est bien sûr celui d’Alan alias Zach Galifianakis dans Very bad trip sont en revanche devenus incontournables depuis un peu plus de dix ans. Toutes les comédies trash US ont leur personnage de « doux dingue » disant n’importe quoi et agissant n’importe comment, du gentil teubé au zarbi malsain en passant par l’allumé de service ou la bonne copine nympho et/ou alcoolique.

Certaines comédies se sont même carrément construites sur ce recours systématique à la parole sans filtre. La recette est simple : 1. Vous prenez un personnage central bien sous tous rapports, un peu coincé peut-être, qui mène une existence bien rangée. 2. Vous y ajoutez un élément perturbateur qui va dire à voix haute tout ce qui lui passe par la tête. Un bon copain, un inconnu trop collant, un enfant, un robot, un écureuil, un extra-terrestre, un lutin ou un farfadet, peu importe. Ça peut être aussi un élément invisible des autres personnages, genre un fantôme, une voix dans sa tête, sa conscience, etc, on s’en fout, l’essentiel c’est qu’il s’agisse d’un être socialement inadapté, qui parlera de tout sans la moindre gène, y compris des sujets tabou ou à éviter en société, genre pipi/caca, apparence physique, zones intimes, vie sexuelle. En fonction du public auquel vous vous adressez, allez-y plus ou moins franco sur l’agressivité et la vulgarité gratuite, mais plus vous balancerez de saloperies, plus on rira. 3. Vous mélangez le tout et vous mettez votre duo nouvellement formé en relation avec d’autres personnages. De plus en plus hystérique, votre héros va devoir faire face à ce camarade indésirable qui balance tout un tas de « vérités » pas forcément bonnes à dire… 4. A la fin, tout rentre dans l’ordre car les deux personnages ont fini par se comprendre ou s’aimer. Soit ils finissent ensemble, soit le héros se trouve une âme sœur pendant que de son côté, l’élément perturbateur se trouve également un équivalent aussi brindezingue que lui.

Voici donc le modèle narratif de Jexi, et affirmer que le film nous réservera la moindre petite surprise d’un point de vue du déroulement de son intrigue serait mentir. Mais en toute honnêteté, on mentirait encore beaucoup plus si on affirmait que le nouveau film de Jon Lucas et Scott Moore ne nous a pas fait régulièrement éclater de rire… Le héros de Jexi, c’est Adam DeVine, qui incarne un journaliste raté, discret et timide, développant une dépendance morbide vis-à-vis de son téléphone. L’élément perturbateur de notre histoire sera donc Jexi, qui n’est autre que son nouveau téléphone ultra-connecté, qui s’avère bien décidé à changer sa vie de façon radicale…

Deux éléments-clés font la réussite de Jexi. Premièrement, le film véhicule une réflexion moins superficielle qu’elle n’y parait sur les réseaux sociaux (et notamment sur la place de la vérité au sein des réseaux sociaux) ou encore sur la dépendance à la technologie de la société contemporaine. Ainsi, la ville de San Francisco nous sera décrite d’une façon assez inédite, dans le sens où toute la population (piétons, trams, voitures) y est montrée complètement plongé dans son téléphone, chaque individu se créant une bulle autour de lui, sans interaction avec son environnement immédiat. La réflexion n’est certes pas nouvelle, mais elle a le mérite d’exister. Le film est également porté par la performance très amusante d’Adam DeVine. Co-créateur de la série Workaholics dans laquelle il joue également de 2011 à 2017, DeVine se fera surtout connaître en France avec la comédie trash Hors contrôle en 2016, dans laquelle il partageait l’affiche avec Zac Efron. En 2018, il se ferait également remarquer dans Game over, man !, comédie produite pour Netflix par l’équipe de Workaholics. Aux côtés d’Adam DeVine, et malgré l’omniprésence de Jexi (doublée par Rose Byrne), Alexandra Shipp parvient tout de même à s’imposer dans le rôle de Cate, la seule réfractaire aux réseaux sociaux de San Francisco. On notera que ce rôle tout en douceur est à l’opposé de son rôle récurrent de Tornade dans l’univers Marvel / Fox depuis 2016.

Ecrit et réalisé par le duo Jon Lucas / Scott Moore (Very bad trip, Échange standard, Bad moms), Jexi explore une partie des immenses possibilités comiques de son concept de départ, et nous offrira, on le répète, une sacrée série d’éclats de rire. L’humour est souvent efficace, et tire à boulets rouges sur une société de consommation agressive où les gens sont plus accros à leur téléphone qu’au crack (comme le dit clairement le monologue de Wanda Sykes, irrésistible en vendeuse pas très commerciale). Le film se permet néanmoins quelques pointes franchement absurdes, telles que ce passage durant lequel Jexi change la playlist du héros et se met à rapper sur le « Duck Duck Goose » de Cupcakke… Un morceau bien trash et « Explicit Lyrics » vous l’aurez compris !

En deux mots comme en cent, on ne va pas faire la fine bouche : même s’il ne s’agit ni d’un modèle d’originalité ni même de la comédie de l’année, Jexi s’avère tout de même suffisamment riche en excellents gags pour vous faire passer un bon moment. C’est tout ce qu’on lui demandait !

Le DVD

[4/5]

C’est Metropolitan Vidéo qui nous offre aujourd’hui la possibilité de découvrir Jexi sur support DVD, et la galette proposée par l’éditeur français est tout simplement excellente. La définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre pétouille technique. L’éditeur, rôdé au support, nous propose un encodage maîtrisé, dont on ne percevra les limites techniques que sur certains arrière-plans affichant un léger bruit vidéo, ainsi que sur les scènes nocturnes, un poil plus granuleuses. Côté son, VF et VO sont proposées en Dolby Digital 5.1, dans un mixage aux effets discrets, privilégiant de façon très nette l’ambiance aux effets spectaculaires (qui seraient de toute façon en contradiction avec l’esprit du film). Pas de suppléments.

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