Critique : El Habitante – Festival de Gérardmer 2018

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El Habitante

Mexique, 2017
Titre original : El Habitante
Réalisateur : Guillermo Amoedo
Scénario : Guillermo Amoedo
Acteurs : María Evoli, Vanesa Restrepo, Natasha Cubría
Distribution :
Durée : 1h 33min
Genre : Horreur
Date de sortie : Prochainement

Note : 3,5/5

Habitué aux univers complètement déjantés, le réalisateur uruguayen Guillermo Amoedo y va rarement de main morte et « El habitante » ne déroge pas à la règle.

Synopsis : À la nuit tombée, trois jeunes femmes pénètrent par effraction chez un politicien corrompu, espérant mettre la main sur une grosse somme d’argent en liquide. Après avoir ligoté chacun des membres de la famille et trouvé les billets qu’elles cherchaient, le trio de voleuses entend des bruits étranges en provenance du sous-sol. Elles y découvrent la fille cadette du politicien, attachée et prostrée, son corps couvert de signes évidents de torture, et décident alors de lui porter secours, en ignorant la mise en garde des parents de la fillette.

Un cambriolage raté

Après une installation presque classique de ses personnages et du lieu où se tiendra l’essentiel de son intrigue, le réalisateur et scénariste nous emmène un peu plus dans la noirceur de cette famille vivant recluse dans une immense maison victorienne. Si son allure austère fait frissonner, ce n’est rien à comparer avec les événements qui vont s’y dérouler durant quelques petites heures. 
 
Si « El habitante » semble s’inscrire dans la lignée des films d’horreur sans non plus révolutionner le genre, on note quelques petites subtilités qui feront mouche auprès des amateurs bienveillants. A commencer par cette belle idée de perdre les trois sœurs apprenties cambrioleuses dans leurs souvenirs blessants. S’égarant dans cette maison lugubre comme dans leurs tourments intérieurs, les jeunes femmes n’auront de cesse de revivre la violence de leur enfance. Les déstabilisant, ces réminiscences permettront au Malin de les pousser dans leurs plus violents retranchements et testeront leur vulnérabilité face au désir de vengeance.  Comme toujours, l’importance du pouvoir des mots et de la persuasion est mis en exergue d’une belle façon. Le diable manipule en révélant la vérité et elle n’est pas toujours bonne à entendre : Amoedo le représente de façon concluante.
 

Un casting féminin réussi

Mais que serait « El habitante » sans son trio d’actrices principales mexicaines et colombiennes ? María Evoli, Vanesa Restrepo et Carla Adell tiennent toutes trois des rôles féminins importants (et marquants) et évoluent dans l’univers du jeune réalisateur avec une certaine aisance malgré le peu de surprises émanant de l’intrigue principale. En effet, si la première partie se veut résolument intéressante et captivante, la deuxième nous perd quelque peu et nous laisse parfois sur une pente descendante.
 
Côté lieux communs, on trouve, comme toujours, une petite fille possédée, recluse dans une chambre sans lumière et austère, affublée d’une longue chemise de nuit blanche et de longs cheveux qui occultent la moitié de son visage. Ce dernier, cynique et déformé par la méchanceté habitée, glace le sang mais ne parvient pas à nous faire oublier ce que nous avons vu à maintes reprises. L’arrivée (au bon moment) d’un prêtre exorciste ne semble pas permettre au Malin de faire un retour express dans ses enfers et le dit exorcisme ne sera d’ailleurs pas une mince affaire. Heureusement, pour sauver les meubles de cette deuxième partie plus convenue, on peut compter sur un petit twist final plutôt bienvenu.

Conclusion

Intéressant par son angle d’attaque et l’atmosphère inquiétante qu’il distille tout au long de son histoire « El habitante » intrigue autant qu’il déconcerte. Efficace sans non plus être  totalement révolutionnaire, le deuxième long-métrage de Guillermo Amoedo  pose les jalons de sa future carrière.

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