Foxfire, confessions d’un gang de filles
France, Canada : 2012
Titre original : Foxfire
Réalisateur : Laurent Cantet
Scénario : Laurent Cantet, Robin Campillo
Acteurs : Raven Adamson, Katie Coseni, Madeleine Bisson
Distribution : Haut et Court
Durée : 2h23
Genre : Drame
Date de sortie : 02 janvier 2013
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Cinq ans après avoir remporté la Palme d’or au festival de Cannes avec son film choc Entre les murs, Laurent Cantet reste dans le monde de l’adolescence, mais change d’époque et de lieu. Fini le collège français des années 2000 avec ses élèves difficiles, bienvenue dans les fifties au pays de l’oncle Sam. Adapté du roman de Joyce Carol Oates qui avait déjà fait l’objet d’une adaptation en 1996 avec Angelina Jolie dans le rôle titre, Foxfire version 2013 est l’occasion de découvrir ou redécouvrir cette histoire douce-amère.
Synopsis : 1955. Dans un quartier populaire d’une petite ville des États-Unis, une bande d’adolescentes crée une société secrète, Foxfire, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu’elles subissent. Avec à sa tête Legs, leur chef adulée, ce gang de jeunes filles poursuit un rêve impossible : vivre selon ses propres lois. Mais l’équipée sauvage qui les attend aura vite raison de leur idéal.
Solidarité féminine avant tout.
Adolescentes malmenées par les hommes dans une société américaine machiste, Legs (Raven Adamson) et ses amies entreprennent de rendre aux hommes la monnaie de leur pièce entre deux cours. Le film démarre ainsi sur les chapeaux de roues, présentant cinq filles au fort caractère, animées par une soif d’égalité et de justice. Du fond de la chambre de Legs, la révolte se met en place et Laurent Cantet filme avec précision ce rituel si significatif pour ces jeunes filles et qui donnera naissance à Foxfire. Tandis que les filles prêtent serment et marquent leur peau de leur signe de ralliement, on ne peut s’empêcher de penser à quel point le sujet de Foxfire semble intemporel et d’imaginer ce gang de filles à notre époque (ce qui avait d’ailleurs été le parti pris de l’adaptation de 1996 qui transposait cette histoire dans une Amérique contemporaine). Cependant, la beauté désuète des années 50 américaines permet de toucher en filigrane à certains aspects de la société américaine de cette époque et apporte au film beaucoup de grâce ainsi qu’une atmosphère douce-amère qui fait ressortir le côté violent sans jamais l’exagérer tout en laissant l’émotion se distiller par instants, lors de scènes intimes pleines d’intensité.
Emporté par Raven Adamson et son charisme magnétique, Foxfire doit beaucoup à l’interprétation subtile de la jeune fille qui offre à Legs plusieurs visages, à la fois torturée et forte, adolescente et femme de tête. Laurent Cantet peut être fier de son casting, car ces jeunes filles pourtant non-professionnelles pour la plupart, parviennent à créer des personnages singuliers, pleins de vie et attachants.
De l’adolescence à la maturité.
Bien que relatée par la discrète Maddy (Katie Cosenie), l’histoire tourne principalement autour de Legs et le film semble se scinder en deux parties qui correspondent aussi à un changement physique et psychologique chez cette dernière qui va passer de l’adolescence à la maturité aux côtés de ses « soeurs ». Maturité ne veut pas dire que les jeunes filles sont responsables pour autant et leurs aventures vont vite dégénérer, les confrontant à la réalité et les obligeant à faire des choix parfois loin d’être judicieux. Si les actions de ce gang de filles semblent avoir un sens au début (bien qu’elles créent leur propre justice), leurs actes deviennent très vite inconscients, voire dangereux. Mené par Legs, leur mentor, leur leader, leur âme, le groupe de filles devient peu à peu incontrôlable, mais fait également de nouvelles adeptes, jusqu’à ce que leur soif d’idéal les fasse progressivement sombrer pour atteindre le point de rupture. Malheureusement, là où le film pèche un peu c’est sur sa fin. Il était en effet bien audacieux de réaliser un film d’une telle longueur pour un sujet qui risquait de ronronner sur la dernière heure. En effet, si la première partie est survoltée, la seconde est bien trop plate : l’intrigue piétine et le tout frôle légèrement le déjà vu. Heureusement, les images travaillées, le soucis de reconstitution de l’époque et la fraîcheur des jeunes actrices filmées pour coller au plus prêt à leur intimité, permettent à la flamme de ne pas s’éteindre tout à fait.
Résumé
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