Regards sur courts : un festival en luttes et en luth 4/4

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Rétrospectives d’auteurs ou thématiques, séances jeunes publics, numérisations des œuvres argentiques hélas interdites de projections dans leur forme d’origine, les perspectives d’évolution sont larges pour le festival d’Epinal à l’âge canonique. Mais tout cela a un coût. Regards sur Courts possède les bases pour attirer un public plus large et devenir un festival incontournable en devenant le premier festival de diaporamas à mêler cette forme créative méconnue du grand public cinéphile avec des œuvres de cinéma. Préserver cette manière de conter des histoires mais le rapprocher de l’autre peut bouleverser l’avenir de ce festival voire susciter des vocations indispensables sur le long terme. Il est souhaitable de voir de nouveaux créateurs rejoindre ceux qui travaillent depuis parfois plusieurs décennies, Jean-Paul Petit signalant qu’il est probablement le plus ancien encore en activité, ayant commencé son activité vers 1977.

Présent dans la salle pour marquer le soutien des édiles à cette manifestation, le maire d’Epinal a justifié la baisse des subventions depuis quelques années en raison de coupes drastiques dans son budget mais a néanmoins répété son soutien, exprimant d’ailleurs un intérêt pour ce rapprochement avec le cinéma. La question d’une avancée de ce côté là pour faire évoluer le projet semble indispensable, pour accroître les relais et permettre à l’équipe de soigner la qualité des projections et l’accueil des spectateurs et des auteurs.

Merci aux auteurs/réalisateurs et à l’équipe organisatrice de leur accueil et de leur accessibilité et on espère que la ville, la région et le département permettront le développement de ce festival afin d’offrir à Epinal un événement annuel autour du cinéma dans toutes ses variantes, si elle s’en donne les moyens, malgré ces temps de crise. La balle est dans le camp des pouvoirs publics.

Le palmarès complet

Compétition de courts-métrages photo

  • Coupe de l’Europe : Ici, le but est de partir de Claudio Tuti (Italie)
  • Grand prix de la ville d’Epinal : Le Mur de Jean-Paul Petit (France)
  • Prix spécial du jury : Violence de Corentin Le Gall (France)
  • Prix Griottines pour la meilleure bande son originale : La Maison de Michèle Ogier et Claude Souchal (France)
  • Prix Moine pour le meilleur texte original : Les cinq saisons de mon cœur de Christian Crapanne (France)
  • Prix Jacques Thouvenot du meilleur scénario original : 713705 de François Thiébaux (France)
  • Prix du club Noir et Couleur pour la qualité photographique : Ultima Thule de William Bruce (Norvège)
  • Prix de l’humour Georges Mangin et Raymond Eymonerie : Les carottes sont cuites de Jean-Louis Terrienne (France)
  • Coupe Pierre Marchal pour le meilleur court métrage photo du thème « Mirages » : Le Mur
  • Mentions spéciales du Jury : Les orphelins de la mer d’Andrée Descomp (France), Suzanne d’Annie Logeais (France) et Le Mastaba de Michèle et Michel Paret (France)
  • Prix du jury jeunes : Le Mur
  • 2e Prix du jury jeunes : Le Petit Prince de Maduraï d’Annie Logeais (France)
  • Mention du jury jeunes : Suzanne de Annie Logeais (France)
  • Prix du public à chaque séance de compétition : Les carottes sont cuites ; Les cinq saisons de mon cœur ; Ici le but est de partir ; Le Silence devient cri de Claudio Tuti (Italie)
  • Prix du public pour la catégorie « Thème » : Ici le but est de partir

Compétition de courts-métrages cinéma

  • Premier prix : Le ruban d’images : Import de Ena Sendijarevic- Pays-Bas
  • Mentions du jury : We will never be royals de Mees Peijnenburg (Pays-Bas) et Chez soi de François Raffenaud (France)
  • Prix du public : Meral, Kizim de Süheyla Schwenk (Allemagne)

Mon top diaporamas à moi qui ressemble, je le concède, beaucoup à celui du jury et qui change d’un jour sur l’autre depuis la fin du festival (je ne suis pas forcément très constant), d’où le petit paragraphe suivant pour souligner quelques autres œuvres de qualité :

  • 1) Ici le but est de partir de Claudio Tuti
  • 2) Le mur de Jean Paul Petit
  • 3) Violences de Corentin Le Gall
  • 4) les trois diapos de Diana Belsagrio (L’hiver appelle mes yeux, Rêve récurrent et Portrait d’une solitude) ex aequo car, même si mon appréciation est variée, chacun enrichit l’expérience de ce travail
  • 5) Les cinq saisons de mon cœur de Christian Crapanne
  • 6) La maison de Michèle Ogier et Claude Souchal
  • 7) La lutherie, une divine passion de Gérard Duchein, Danielle Lallemand et Ramon Vilagine
  • 8) Les carottes sont cuites de Jean-Louis Terrienne
  • 9) Suzanne de Annie Logeais
  • 10) Calnevari de Claude et Michelle Hebert

Je retiens encore, sans ordre précis, d’autres projets qui m’ont séduit, à des degrés divers et variés et qui auraient pu se retrouver dans ce top 10 : A quoi bon ? de Jacques Sibout, un texte triste accompagne des tableaux de Bernard Buffet ; Leds in concert de Marcel Batist, au montage vivant, qui bat au rythme de la 3ème de Beethoven avec des effets de lumières synchrones ou juste ce qu’il faut de décalé pour créer l’illusion du mouvement ; Fléaux et miracles de Jean-Yves Calvez, pamphlet écolo sur le crime parfait de l’Humanité contre la nature ; Double je de Jean-Pierre Armand, Claude Chainier et Marc Granger-Thomas ou Une bretonne au milieu du désert de Claudine et Jean-Pierre Durand. J’aurais pu en citer quelques uns encore afin de saluer un groupe encore plus large de ces passionnés qui ont réussi à faire vivre une idée poétique ou drôle ou une envie d’approfondir un sujet qu’ils ont découvert au détour des pages d’un journal ou dont ils ont entendu parler lors de vacances, alors que d’autres adaptent une nouvelle ou extirpent un sujet de leur imaginaire. Variété des sujets et de l’approche, voilà ce qu’on cherche lorsqu’on va voir une succession de courts-métrages de cinéma. Cela se révèle vrai également pour le court-métrage photo. Michel Mollaret lors de la rencontre informelle entre festivaliers a résumé parfaitement ce qui manque parfois dans certains de ces ouvrages : un petit supplément d’âme pour qu’aucun diaporama ne ressemble à un autre, regrettant également le nombre décroissant de «raconteurs d’histoires» : «Je reste souvent sur ma faim. On ne sait pas dans quelle mesure c’est personnel ou un travail comme un autre dans beaucoup de diaporamas. Je ne retrouve pas toujours ce qu’on appelait entre nous le jaillissement primaire».

Le dernier mot revient à Marcel Ramakers qui, lors de la 49ème édition en 2010, tenait ces propos dans le compte-rendu final du festival lorsqu’on lui demanda comment il imaginait le diaporama en 2061 : «Il n’existera plus comme tel. On aura abandonné l’image fixe la plupart du temps de projection. On sera passé à la vidéo. Les technologies actuelles le permettent déjà en partie au départ de l’image fixe (travelling, zoom, etc.). Aujourd’hui, le diaporama n’est déjà plus vraiment de l’image fixe». On prend déjà rendez-vous pour célébrer le 100e anniversaire de Regards sur Courts auquel nous assisterons bien évidemment avec entrain dans 44 petites années ? Vivement demain !

Regards sur courts : un festival en luttes et en luth 1/4

Regards sur courts : un festival en luttes et en luth 2/4

Regards sur courts : un festival en luttes et en luth 3/4

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