Critique Express : Panopticon

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Panopticon 

Géorgie, France, Italie, Roumanie : 2024
Titre original : Panoptikoni
Réalisation : George Sikharulidze
Scénario : George Sikharulidze
Interprètes :  Data Chachua, Salome Gelenidze, Ia Sukhitashvili, Malkhaz Abuladze
Distribution : Les Alchimistes
Durée : 1h37
Genre : Drame
Date de sortie : 24 septembre 2025

3.5/5

Synopsis : Lorsque le père de Sandro décide de devenir moine orthodoxe, l’adolescent introverti se retrouve livré à lui-même. Il se débat au quotidien pour faire coexister son devoir envers Dieu, son besoin d’amour et son idée de la virilité… Mais comment trouver sa place quand on est sans repère dans une Georgie post-soviétique à la fois si turbulente et si pieuse ?

C’est au travers des tourments traversés par Sandro, un grand adolescent de 18 ans en train d’entrer dans l’âge adulte, que le réalisateur géorgien-américain George Sikharuze a choisi de dresser un tableau de la Géorgie d’aujourd’hui. Drôle de famille que celle de Sandro : il vit avec sa grand-mère maternelle ; sa mère est une chanteuse lyrique dont on croit comprendre qu’elle n’a pas réussi à percer aux Etats-Unis, qui semble rencontrer de gros problèmes administratifs pour revenir dans son pays d’origine et qui propose à son fils de la rejoindre de l’autre côté de l’Atlantique ; quant à son père, c’est un homme très pieux, très à cheval sur les principes religieux et il est tout simplement en train de devenir moine. Partagé entre des pulsions sexuelles très prononcées et les préceptes que son père cherche à lui inculquer chaque fois qu’ils se rencontrent, Sandro se montre tout à la fois capable de « mettre la main aux fesses » de jeunes femmes croisées dans des couloirs et de refuser les caresses intimes que Tina, sa petite amie, lui propose généreusement. Pour lui, Lana, une jeune fille de sa classe qui aime danser et qui se produit sans penser à mal devant des hommes, est quasiment une prostituée. Par contre, il ne voit aucun mal à être fortement attiré par les poitrines des femmes, en particulier celle de Natalia, la mère de Lasha, un jeune homme de son âge qu’il a rencontré dans le club de football dont ils font partie tous les deux. Cette poitrine, il en a deviné les formes une première fois, de façon très chaste,  en regardant sur une clé USB un film tourné par Lasha le jour de son anniversaire, et il l’a entrevue à nouveau, de façon toujours aussi chaste, en allant se faire couper les cheveux dans le salon de coiffure de Natalia. Lasha n’a pas que sa mère à présenter à Sandro, il a aussi des « idées » xénophobes, de rejet des turcs et des iraniens accusés d’envahir le pays, et Sandro va se laisser entraîner dans des violences physiques à l’encontre de membres de ces communautés.

Malgré quelques maladresses dans la mise en scène, en particulier dans la façon de filmer la manifestation d’extrême-droite et la ratonnade qui la prolonge, Panopticon est un premier long métrage prometteur, ne serait-ce que par le double sujet qu’il embrasse : le rejet des étrangers en Géorgie, partagé par une partie (grande ? petite ? cela ne nous est pas précisé) de la population géorgienne ; et, surtout, par la peinture sans fioriture d’un jeune homme torturé entre les injonctions paternelles cherchant à lui faire suivre des commandements divins et la libido qui commence à le travailler sérieusement. Panopticon, le titre du film, renvoie à un dispositif carcéral conçu à la fin du 18ème siècle par le philosophe utilitariste anglais Jeremy  Bentham et son frère Samuel, dispositif permettant à un seul gardien de surveiller un grand nombre de prisonniers sans que ceux-ci puissent savoir s’ils sont ou non observés. Pour le père de Sandro, ce gardien, c’est Dieu, d’où la recommandation qu’il fait à son fils de ne jamais s’écarter du droit chemin car Dieu, qui sait, est peut-être en train de le surveiller. Une recommandation que Sandro est loin de suivre à la lettre, nous permettant d’assister à de belles scènes entre Sandro et Natalia, en particulier lorsque le réalisateur nous invite à partager la sensualité que ressent Sandro dans le salon de coiffure de Natalia et lorsqu’il devient évident qu’un désir réciproque est en train de naître entre elle et lui. La fin du film peut surprendre, mais, en même temps, elle rassure ! Dans Panopticon, la culture française est mise à l’honneur avec des références à Michel Foucault et des extraits du film Les 400 coups de François Truffaut. Le grand Directeur de la photographie roumain Oleg Mutu nous gratifie d’une splendide photographie, avec un nombre important de très beaux plans séquences.  Dans la distribution, on remarque particulièrement Ia Sukhitashvili, l’interprète de Natalia, et Data Chachua, l’interprète de Sandro, dont la ressemblance avec Louis Garrel est assez troublante.

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