Critique Express : A feu doux

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A feu doux 

Etats-Unis : 2024
Titre original : Familiar touch
Réalisation : Sarah Friedland
Scénario : Sarah Friedland
Interprètes : Kathleen Chalfant, Katelyn Nacon, Carolyn Michelle Smith
Distribution : Arizona Distribution
Durée : 1h32
Genre : Drame
Date de sortie : 13 août 2025

4/5

Synopsis : Élégante octogénaire, Ruth Goldman reçoit un homme à déjeuner. Alors qu’elle pense poursuivre le rendez-vous galant vers une destination surprise, elle est menée à une résidence médicalisée.

Portée par un appétit de vivre insatiable et malgré sa mémoire capricieuse, Ruth s’y réapproprie son âge et ses désirs.

Quels peuvent être les liens entre cette femme âgée, une octogénaire probablement, que l’on voit exécuter des gestes de la vie quotidienne comme farfouiller dans une armoire, faire griller du pain, préparer à manger, arroser ses fleurs, s’habiller de façon plutôt chic, et cet homme beaucoup plus jeune qu’elle qu’on voit apparaître près d’elle, à côté de la table, et dont elle ne se souvient plus du nom. Peu probable que ce soit un soupirant, mais qui sait ! Est-il là pour manger avec elle ? Il dit s’appeler Steve et faire le métier d’architecte. A de petits détails, on s’aperçoit que Ruth, cette femme, n’a plus toute sa tête. Mais, pour quelle raison retrouve-t-on Steve avec une valise à la main et pourquoi invite-t-il Ruth à se diriger vers une voiture ? Mais, au fait, dans quel pays se trouve-ton ? La langue parlée par Ruth et Steve est l’anglais et on a vraiment l’impression d’être dans un film britannique. En tout cas, l’absence totale de musique d’accompagnement tend à éliminer l’hypothèse d’un film en provenance des Etats-Unis. Et pourtant, dès que la voiture roule, on est certain de ne pas être en Angleterre car elle roule à droite. En plus, ce sont de grands palmiers qu’on voit sur le bord de la route. Il faut se rendre à l’évidence : on est aux Etats-Unis, en Californie pour être très précis. Très vite, on va savoir que Steve est le fils de Ruth et qu’il conduit sa mère dans un centre médicalisé pour personnes âgées ayant pour nom Bella Vista. Un centre haut de gamme dont Steve rappelle à sa mère que c’est elle-même qui avait choisi d’y venir le jour où elle en aurait besoin.

C’est en douceur que Steve va confier sa mère aux bons soins d’une infirmière à l’abord très sympathique prénommée Vanessa. Aucune forme de révolte dans le comportement de Ruth, simplement son refus obstiné d’être considérée comme étant une mère : « Je ne voulais pas d’enfant », affirme-telle. En fait, Ruth est plus ou moins persuadée d’être arrivée dans un hôtel et, en arrivant dans le réfectoire pour son premier repas, elle va demander le menu, comme si elle arrivait dans un restaurant. Par contre, lorsqu’elle est confrontée à un médecin, Ruth, qui a un passé de cuisinière accomplie, fait tout pour le convaincre qu’elle n’a aucun problème de mémoire, lui donnant la recette du bortsch en n’omettant aucun détail et fournissant les noms et prénoms de ses parents ainsi que son adresse précise. De soirée Speed Dating organisée au sein de Bella Vista à une escapade de Ruth à l’extérieur de l’établissement au cours de laquelle elle choisit des fruits et des légumes mais se montre bien sûr incapable de les payer, on suit la nouvelle vie dans un centre médicalisé d’une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer à qui il arrive souvent de plaisanter face aux évènements qui se présentent, comme, par exemple, lorsque, face à un médecin, elle lui dit : « je joue à être la patiente et vous le docteur » ou lorsqu’elle précise lors d’une fête d’anniversaire d’un résident « Je ne voudrais pas perdre la ligne pour l’anniversaire de quelques vieux schnocks ». La cinéaste et chorégraphe Sarah Friedland, très impliquée depuis plusieurs années par tout ce qui touche au vieillissement, a tenu à mettre en valeur le rôle particulièrement important du personnel soignant et a adopté pour son premier long métrage un ton très touchant, d’une grande douceur, se partageant entre émotion et drôlerie. La mémoire à long terme des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer étant très souvent bien meilleure que leur mémoire des évènements récents, la réalisatrice a tenu à faire de Ruth un personnage « à la fois sans âge et de tous les âges », à la fois enfant, adulte et femme très âgée. Une grande partie du film a été réalisée au sein du centre médicalisé Villa Gardens de Pasadena, avec la participation des résident.e.s de cet établissement. Présenté dans la section Orizonti de la Mostra de Venise 2024, A feu doux est reparti avec 3 récompenses : Lion du futur (meilleur premier film, toutes sections concernées), meilleure réalisation dans la section Orizonti, meilleure actrice dans la section Orizonti pour Kathleen Chalfant, l’exceptionnelle interprète de Ruth.

 

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