Lady Nazca
France, Allemagne : 2024
Titre original : –
Réalisation : Damien Dorsaz
Scénario : Damien Dorsaz, Fadette Drouard, Franck Ferreira Fernandes, Raphaëlle Desplechin, Aude Py
Interprètes : Devrim Lingnau, Guillaume Gallienne, Olivia Ross
Distribution : Memento
Durée : 1h47
Genre : Biopic, Drame, Historique
Date de sortie : 10 décembre 2025
4/5
Synopsis : Pérou, 1936. Maria, jeune enseignante à Lima, rencontre Paul d’Harcourt, archéologue français. Ce dernier l’emmène dans le désert de Nazca où elle découvre un vestige millénaire qui va peu à peu devenir le combat de sa vie…
D’après une histoire vraie. Inspiré de la vie de l’archéologue Maria Reiche.
La quête d’une vie à remplir
1936 : l’Allemagne vit sous la férule d’Adolf Hitler et Maria Reiche, une jeune allemande née à Dresde, a choisi de quitter son pays pour s’établir à Lima, au Pérou, où elle vit en couple avec Amy et où elle enseigne les mathématiques à des collégiens. Un exil qui déplait fortement à sa mère qui, dans un courrier reçu par Maria, lui dit qu’elle voit en elle l’échec de sa vie. Dès les toutes premières minutes du film, des pistes quant à ce qui va se dérouler tout au long du film sont fournies de façon très fine aux spectateurs attentifs : « Que peut on dire de cette ligne ? » est une question que pose Maria à ses élèves lors d’un cours de mathématiques, « Je ne sais pas ce que je fais de ma vie » envisage-t-elle de répondre à sa mère. Même si la vie mondaine de Lima est loin de la passionner, elle se sent obligée d’assister à certaines soirées à l’assistance très internationale et l’une d’entre elle va lui permettre de rencontrer Paul d’Harcourt, un archéologue français qui travaille sur les travaux d’irrigation menés par la civilisation Nazca et qui a besoin de la traduction d’un texte en allemand écrit sur ce sujet par l’archéologue allemand qui l’a précédé. Maria est allemande, elle parle très bien le français, en plus de l’espagnol et de l’anglais. C’est la personne dont Paul d’Harcourt a besoin ! Quand Maria accepte d’accompagner Paul à Nazca, elle pense que c’est pour y rester quelques jours, elle ne se doute pas qu’elle va à peu près y rester les 62 années qui lui restent à vivre. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait de sa vie, ce voyage à Nazca va lui permettre de le savoir !

Une femme passionnée et opiniâtre
Est-ce son goût pour les mathématiques qui a permis à Maria de pressentir que ces lignes tracées dans le sol du désert péruvien qu’elle pouvait voir depuis un monticule avaient une signification que personne n’avait envisagée depuis la fin de la civilisation Nazca, Paul d’Harcourt étant le premier à ne voir en elles aucun intérêt, lui pour qui un archéologue travaille avec des poteries, avec des tissus, avec des momies, mais sûrement pas avec des lignes à moitié effacées, fussent elles très belles ? Toujours est-il que Maria va aussitôt se passionner pour ce qui est encore pour elle une énigme, au point de s’établir à Nazca, ce qui signifie délaisser son couple avec Amy et abandonner son métier de professeur. Ce qui signifie aussi tisser des liens avec la population autochtone et emprunter son mode de vie avec beaucoup d’humilité. Son opiniâtreté va lui permettre de comprendre la signification de ces lignes et de défendre coute que coute leur intégrité face aux projets destructeurs d’un potentat local.
Une très longue gestation, une excellente distribution, une photographie magnifique
C’est en 2007 que Dalien Dorsaz a commencé à travailler sur le scénario de Lady Nazca. Pendant très longtemps, personne ne voulait de son histoire. Toutefois, tout comme se fut le cas pour Maria Reiche, son opiniâtreté lui a permis de mener à bout son projet. Il a su trouver en Devrim Lingnau, l’interprète de Sissi dans L’impératrice, la série diffusée sur Netflix, une interprète très crédible de Maria Reiche. C’est sans doute son amitié avec Guillaume Gallienne qui l’a poussé à franciser l’archéologue qui a amené Maria sur le site de Nazca et, franchement, il serait difficile de s’en plaindre. La très belle photographie est l’œuvre du très talentueux Gilles Porte. Quant à la musique, à la fois discrète et très en phase avec le sujet, on la doit au compositeur vénézuélien Nascuy Linares.
Conclusion
Affirmer que le film de Dalien Dorsaz raconte fidèlement toute l’histoire des lignes de Nazca serait mentir. Mis à part le fait que le personnage de Paul d’Harcourt n’a jamais existé, même Wikipedia arrive à se contredire quant à savoir qui de Maria Reiche et de Paul Kosok a développé en premier la théorie selon laquelle les lignes formaient une sorte de calendrier céleste. Une théorie qui, par ailleurs, a été remise en question par d’autres scientifiques et l’affaire est loin d’être tranchée. Mais qu’importe, après tout, on est là pour parler de cinéma et le film de Dalien Dorsaz réunit toutes les qualités contribuant à en faire un excellent film de cinéma : une histoire passionnante, une image magnifique, une interprétation de grande qualité, une mise en scène et un montage qui ne font pas dans l’esbroufe.















