Test Blu-ray : 13 jours 13 nuits

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13 jours 13 nuits

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Martin Bourboulon
Scénario : Martin Bourboulon, Alexandre Smia
Acteurs : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen
Éditeur : Pathé
Durée : 1h51
Genre : Drame, Guerre
Date de sortie cinéma : 25 juin 2025
Date de sortie DVD/BR : 5 novembre 2025

Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard…

Le film

[3,5/5]

« Les événements contés avec une efficacité certaine dans 13 jours 13 nuits ont beau n’avoir eu lieu qu’il y a quatre ans, tant de choses se sont passées dans le monde depuis, qu’on court le risque d’oublier le triste sort de la population afghane, lâchement abandonnée à son destin entre les mains intégristes des talibans. Ce retrait dans le chaos le plus total cet été-là est représentatif de la fâcheuse tendance au repli sur soi, la valeur morale remplie de haine, de méfiance et d’égoïsme sous laquelle semblent hélas être placées les années 2020. Beaucoup de choses pourraient être dites et écrites sur les manquements des uns et les hésitations des autres dans cette lugubre affaire. Toutefois, le propos du film de Martin Bourboulon effleure au mieux en partie ces implications géopolitiques, au profit d’un récit passablement haletant et pas dépourvu d’un bel héroïsme à l’ancienne. (…)

13 jours 13 nuits : ce titre a simultanément quelque chose de prémonitoire et de schématique. D’un, parce qu’il nous annonce qu’une issue, soit heureuse, soit tragique, se profilera à l’issue de ces près de deux semaines. Et de deux, à cause des possibilités clairement délimitées de découpage de ce récit sous forme d’étau existentiel. Le réalisateur Martin Bourboulon en tient certes compte, mais pas non plus au point de nous faire signe de l’avancement dans le temps, un jour à la fois. Bien au contraire, seuls le premier et le dernier jour ont droit à leur inscription dans l’image, le reste de l’attente interminable et ponctuée de revers multiples se faisant par le biais d’une gestion pas sans adresse de la durée filmique. Néanmoins, après les premiers instants d’urgence, quand tout le monde cherche à se mettre tant soit peu à l’abri de la déferlante de violence aveugle déclenchée par les talibans, un certain essoufflement de la tension dramatique guette le récit. Rien de préjudiciable non plus. Mais désormais, les enjeux de l’intrigue ont tendance à évoluer assez peu. (…)

Bref, même si la narration de 13 jours 13 nuits demeure tout à fait honorable, il lui manque ce petit plus de vision globale des choses, avec un zeste de tragédie personnelle, pour rendre le sort de ce groupe de personnages réellement percutant. Est-ce dû à un manichéisme qui prend trop souvent le dessus, notamment lorsqu’il s’agit de s’occuper des bébés abandonnés en cours de route dans cette guerre qui ne dit pas son nom ? Ou bien, les sursauts de tension ont-ils trop facilement recours aux dispositifs qui font à présent partie intégrante du vocabulaire cinématographique de l’exode en terrain ennemi ? Toujours est-il que cette belle urgence initiale rentre un peu trop vite dans le rang dans ce film qui s’attache autant à la véracité des faits historiques qu’au caractère héroïque de ses personnages. (…)

Quelque part entre ses pendants africains que sont La Légion saute sur Kolwezi de Raoul Coutard pour la RDC et La Chute du faucon noir de Ridley Scott pour la Somalie, 13 jours 13 nuits reconstitue convenablement un traquenard international de l’Histoire récente dont essentiellement des hommes, des femmes et des enfants autochtones étaient tombés victimes. Et si c’était cela, le frein principal à notre adhésion, pleine, entière et par écran de cinéma interposé, à ce qui se passait autour de l’ambassade française de Kaboul ? A savoir cet éternel regard venu de l’étranger, certes investi de bons sentiments et d’acteurs pas moins fiables, qui ne va pourtant pas chercher plus loin que de redorer le blason de la France, au lieu de s’intéresser intimement à la tragédie vécue chaque jour par les Afghans écrasés depuis quatre ans par le rouleau compresseur du régime des talibans… »

Critique de notre rédacteur Tobias Dunschen. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Après avoir réuni presque 500.000 français dans les salles l’été dernier, 13 jours 13 nuits vient de débarquer au format Blu-ray sous les couleurs de Pathé, et concernant ce thriller géopolitique très tendu signé Martin Bourboulon, l’éditeur a franchement soigné sa copie. Le packaging, sobre mais élégant, se distingue par un fourreau cartonné au visuel impactant, dominé par les teintes ocres du désert et le regard grave de Roschdy Zem. Côté image, le transfert Haute-Définition du film s’avère d’excellente tenue : film récent oblige, 13 jours 13 nuits bénéficie d’un master solide, avec une définition précise, notamment sur les visages burinés et les textures des uniformes, des décors ou des armes. Un léger grain numérique a été ajouté pour simuler une texture argentique : s’il apporte une patine cinématographique, il engendre aussi une très légère perte de finesse dans certaines séquences sombres. Rien de rédhibitoire cependant. Les couleurs, dominées par des teintes jaune-orangé pour évoquer le Moyen-Orient, sont bien dosées, sans excès. Les noirs sont profonds, les blancs bien calibrés, et les nombreuses scènes nocturnes demeurent parfaitement lisibles. Du côté des pistes son, le film nous est proposé dans un mixage Dolby Atmos (disposant d’un « core » en Dolby TrueHD 7.1), qui s’impose rapidement comme une franche réussite. Dès les premières minutes, les ambiances s’installent avec précision : cris de foule, hélicoptères, tirs, explosions… tout est restitué avec une spatialisation immersive. Les canaux de hauteur sont sollicités avec parcimonie mais efficacité, notamment lors des survols aériens ou de l’explosion finale, d’une puissance redoutable. Les dialogues restent toujours clairs, même dans le tumulte. Le caisson de basses est utilisé avec justesse, apportant une assise bienvenue aux scènes d’action. La musique, discrète mais bien intégrée, accompagne les transitions sans jamais écraser le reste. Du très beau travail technique.

Du côté des suppléments, Pathé propose un ensemble cohérent et instructif, réparti en trois modules. On commencera avec le making of (27 minutes), qui reviendra sur la genèse du film, la réaction de l’équipe face aux images de la chute de Kaboul, le tournage, les effets spéciaux et les choix de mise en scène. On continuera avec un passionnant entretien avec Martin Bourboulon (34 minutes), dans lequel le réalisateur évoquera son arrivée sur le projet, ses inspirations (difficile d’éviter les comparaisons avec Green Zone de Paul Greengrass ou Démineurs de Kathryn Bigelow), son travail avec les comédiens et sa volonté de coller au plus près du réel. Enfin, on terminera par un entretien avec le commandant Mohamed Bida et l’équipe du film (16 minutes), qui apporte un éclairage précieux sur les faits réels ayant inspiré le scénario. Bida y raconte son expérience, la tension de l’évacuation, et la manière dont il a collaboré avec les scénaristes. Un témoignage fort, qui donne une profondeur supplémentaire au film.

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