Critique Express : La petite dernière

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La petite dernière

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Hafsia Herzi
Scénario : Hafsia Herzi d’après le roman de Fatima Daas
Interprètes : Nadia Melliti, Ji-Min Park, Amina Ben Mohamed
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h53
Genre : Drame
Date de sortie : 22 octobre 2025

2.5/5

Synopsis : Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?

Il est des lectures de synopsis qui donnent envie d’aller voir le film qu’ils évoquent. C’est le cas de La petite dernière, quand bien même certains « détails » importants sont aux abonnés absents de ce synopsis, quand bien même l’expression « désirs naissants » n’est pas assez précise. Oui, Fatima est bien la plus jeune des 3 filles d’une famille qui vit en banlieue, mais, même si le prénom fournit une piste sérieuse, il est quand même intéressant de préciser que cette famille est originaire d’Annaba, en Algérie, la ville qui s’appelait Bône au temps de la colonisation. Intéressant aussi de préciser que la foi dont il est question est la foi musulmane. Quant à ces fameux désirs naissants, on apprend très vite qu’il s’agit de désirs lesbiens. Le cas d’une jeune fille des cités aux origines maghrébines cherchant à concilier sa foi musulmane avec les désirs lesbiens qu’elle ressent n’a pas souvent eu droit de cité au cinéma et on est prêt à s’enthousiasmer pour ce qui est le 3ème long métrage de Hafsia Herzi en tant que réalisatrice, tout en s’interrogeant sur ce qu’elle va faire de ce sujet aussi délicat qu’important. On est vite fixé : malheureusement, l’excellente comédienne qu’est Hafsia Hersi n’a toujours pas réussi à se débarrasser totalement de la tutelle implicite d’Abdellatif Kechiche qu’elle s’est imposée à elle-même quand elle s’est lancée dans la réalisation. D’où certaines scènes qui trainent inutilement en longueur, d’où un certain nombre de provocations inutiles dans certaines situations et dans des dialogues, en particulier dans les rapports qu’entretient Fatima avec les jeunes de son âge à la fac ou dans la cité. Chère Hafsia, Kechiche a eu le talent et le mérite de vous faire connaitre au public en vous choisissant pour tenir un des rôles principaux dans La graine et le mulet alors que vous aviez 18 ans, mais, une vingtaine d’années plus tard, il serait peut-être temps de déclarer votre indépendance.

Cela dit, malgré ces défauts, La petite dernière n’est pas dénué de qualités. Dans la direction d’acteurs, en particulier. En effet, si Nadia Melliti, débutante au cinéma, a reçu le Prix d’interprétation féminine lors du dernier Festival de CannesHafsia Herzi y est forcément pour quelque chose : non seulement, c’est elle qui l’a choisie, mais c’est elle, surtout, qui su tirer le meilleur de son inexpérience, ce qui est tout sauf facile mais qui donne d’excellents résultats lorsque c’est réussi. Quelques très belles scènes, également, comme celle où Fatima va voir un imam en se faisant passer pour l’amie d’une femme musulmane tiraillée entre sa foi et sa vie sexuelle. Reste une question qui demande approfondissement : ce que montre Hafsia Hersi de l’homosexualité féminine est-il réaliste ? Elle a pour elle que son film est l’adaptation cinématographique du roman autobiographique de Fatima Daas, mais, avant même la sortie du film, il y a déjà des femmes qui se demandent si les seules connaissances qu’aurait Hafsia Hersi de l’homosexualité féminine seraient celles acquises lorsqu’elle a vu La vie d’Adèle de … Abdellatif Kechiche. Petite perfidie mesquine ou questionnement justifié ?

 

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