Critique Express : Valeur sentimentale

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Valeur sentimentale 

Norvège, France, Allemagne, Suède, Danemark : 2025
Titre original : Affeksjonsverdi
Réalisation : Joachim Trier
Scénario : Joachim Trier, Eskil Vogt
Interprètes : Renate Reinsve, Stellan Skarsgård, Inga Ibsdotter Lilleaas
Distribution : Memento
Durée : 2h13
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 20 août 2025

3.5/5

Synopsis : Agnes et Nora voient leur père débarquer après de longues années d’absence. Réalisateur de renom, il propose à Nora, comédienne de théâtre, de jouer dans son prochain film, mais celle-ci refuse avec défiance. Il propose alors le rôle à une jeune star hollywoodienne, ravivant des souvenirs de famille douloureux.

« Vous êtes ce qui m’est arrivé de mieux », dit un père à ses 2 filles. « Alors, pourquoi on ne t’a pas vu souvent ? », lui répond l’une d’entre elle ! Ce cours dialogue résume parfaitement Valeur sentimentale, le nouveau film du réalisateur norvégien Joachim Trier (Oslo, 31 août, Julie(en 12 chapitres)), certainement le plus personnel qu’il ait jamais tourné. Gustav Borg, le père, est un réalisateur de cinéma qui a joui d’une grande réputation mais qui est un peu tombé dans l’oubli. Le cinéma, pour lui, c’est toute sa vie. Même le théâtre est loin de lui donner les mêmes émotions : il ne le déteste pas mais il n’aime pas assister à des représentations théâtrales. Les pièces de théâtre, il les lit. Quant à Nora et Agnès, ses filles, il n’a jamais choisi de leur consacrer du temps, même entre 2  films, pris qu’il était par sa passion, pris par son métier. Toutefois, l’excuse commence à avoir du plomb dans l’aile quand les aléas de la profession font que vous n’avez pas tourné depuis de nombreuses années. En fait, pour lui, ses filles ne semblent présenter de l’intérêt que lorsqu’elles se retrouvent face à une caméra dans un de ses films. C’est ce qui était arrivé à Agnès, la plus jeune, lorsqu’elle était encore une petite fille. Elle est devenue une femme depuis longtemps, elle n’a pas embrassé la carrière d’actrice, lui préférant une vie de famille épanouie, et elle est la maman d’Erik, un blondinet de 9 ans. Alors que se présente, grâce à Netflix, l’opportunité pour Gustav Borg de réaliser un nouveau film, alors que son épouse, la mère de Nora et d’Agnès, vient de mourir, le voilà qui réapparait auprès de ses filles, désirant tourner ce film dans la maison familiale, un film sur le suicide de sa mère alors qu’il était petit et dans lequel, espère-t-il, Nora, comédienne de théâtre réputée, jouerait le rôle de cette femme. Face au refus de Nora, c’est à Rachel Kemp, une jeune star du cinéma américain rencontrée par hasard lors d’une rétrospective de ses films dans un Festival se déroulant à  Deauville, qu’il va donner le rôle, tout en cherchant à la faire ressembler le plus possible à Nora. Un comportement qui amène cette dernière, jusqu’à présent toujours persuadée qu’elle n’intéressait pas son père, à changer d’avis sur ce sujet. Au point, finalement, de venir jouer dans le film de son père ?

Il y a du Bergman dans ce drame psychologique familial dans lequel la maison de famille, qui a vu se dérouler de nombreux évènements importants, est un personnage à part entière, du Bergman dans lequel une sorte d’autocritique malicieuse relative à la profession de réalisateur de cinéma serait venue s’ajouter à l’âpreté des relations entre Gustav et ses 2 filles. C’est ainsi que Joachim Trier met en scène un réalisateur qui est comme un poisson dans l’eau quand il s’agit de peindre  les relations complexes qu’entretiennent les personnages de ses films mais qui se montre incapable d’avoir des relations sereines avec les gens qui l’entourent dans la vraie vie. Et quand il s’agit d’offrir des DVDs à Erik, son petit-fils de 9 ans, il choisit Irréversible de Gaspar Noé et La pianiste de Michael Haneke, un film qui, il n’en doute pas, lui apprendra des choses sur les femmes. Stellan Skarsgård, l’immense comédien qui interprète le rôle de Gustav Borg, un habitué d’un autre Trier, Lars von, Joachim Trier l’avait choisi avant même la fin de l’écriture du scénario. Renate Reinsve, l’interprète de Nora, est elle une habituée de Joachim Trier puisqu’elle faisait partie de la distribution de Oslo, 31 août et interprétait le rôle de Julie dans Julie(en 12 chapitres). La comédienne danoise Inga Ibsdotter Lilleaas, interprète du rôle d’Agnès, complète la brillante interprétation de ce trio familial. Quant à Elle Fanning, l’interprète de Rachel Kemp, on l’avait vue il y a peu dans Un parfait inconnu : elle y interprète le rôle de Sylvie Russo, Suze Rotolo dans la vraie vie de Bob Dylan.  On pouvait ne pas se montrer totalement convaincus par les films précédents de Joachim Trier. On ne devrait pas être loin d’une unanimité favorable avec Valeur sentimentale à qui a été attribué le Grand Prix lors du dernier Festival de Cannes.

 

 

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