Critique Express : En boucle

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En boucle 

Japon : 2023
Titre original : Ribâ, nagarenaide yo
Réalisation : Junta Yamaguchi
Scénario : Makoto Ueda
Interprètes : Riko Fujitani, Manami Honjô, Gôta Ishida
Distribution : Art House
Durée : 1h26
Genre : Comédie, Fantastique, Science Fiction
Date de sortie : 13 août 2025

3/5

Synopsis :Une nouvelle journée commence à l’auberge Fujiya, nichée au coeur des montagnes japonaises. Une journée ordinaire… ou presque : car les uns après les autres, les employés et les clients se rendent compte que les mêmes 2 minutes sont en train de se répéter à l’infini… Certains veulent en sortir, d’autres préfèrent y rester, mais tous cherchent à comprendre ce qui leur arrive.

Lorsque le phénomène se produit pour la première fois, c’est la surprise qui saisit les protagonistes. Lorsqu’il ne cesse de se répéter avec une très grande précision, les protagonistes ont en commun le souhait de comprendre quelle est la cause de ce phénomène et également de savoir s’ils sont ou non les seuls concernés. Par contre, si beaucoup d’entre eux aimeraient que ce phénomène prenne fin, il y en a au moins un qui le verrait bien durer éternellement. Mais au fait, de quel phénomène est-il question et qui sont ces protagonistes ? Au bord de la rivière Kibune, au pied du Mont Kibune et du Mont Kurama, dans le village de Kibune, à quelques kilomètres au nord de Kyoto, le personnel d’une auberge traditionnelle accueille quelques touristes en plein hiver. Dans cette auberge « Ryokan », le personnel porte un habillement traditionnel, les chambres abritent des tables basses, on dort sur des futons et les clients ont la possibilité de prendre des bains chauds. Alors que la neige s’apprête à tomber, Mikoto, une femme de chambre de l’auberge, et Kohachi, le maître d’hôtel, prennent conscience qu’elle et lui sont en train de revivre une scène qu’elle et lui ont déjà vécue peu de temps auparavant. Et, deux minutes plus tard, voilà que cela recommence. Et, toutes les 2 minutes, le phénomène se répète ! Et il en est de même pour toutes les personnes présentes dans l’auberge, Kimi, la patronne de l’établissement, Chino, une autre femme de chambre, le personnel des cuisines, Obata, un auteur de roman feuilleton, Sugiyama, son éditeur, deux amis venus là pour oublier les soucis liés au fonctionnement de leur entreprise, toutes et tous ressentant cet effet de surprise face à une « impression de déjà vu », comme le dit Mikoto. Au bout d’un moment, l’effet de surprise s’estompe et se trouve remplacé par l’incompréhension, par le questionnement : quelle est la cause de cette boucle temporelle qui fait que le temps ne dépasse jamais 13 h 58 minutes et 20 secondes, moment où le temps revient systématiquement en arrière à 13 h 56 minutes et 20 secondes ? Comment faire en sorte que le temps reparte normalement vers le futur ? Ce redémarrage, c’est ce que souhaiteraient les protagonistes, à l’exception de Obata, l’écrivain : pour lui, cette boucle temporelle a des vertus car il a une date butoir pour remettre un manuscrit terminé à son éditeur et il est en mal d’inspiration ! Pour les deux amis, au contraire, cette boucle temporelle leur fait vivre un véritable enfer, le contenu des bols de riz qu’ils sont en train de manger se renouvelant toutes les 2 minutes et, craignant de devoir manger ça toute leur vie, ils commencent à saturer ! D’autant plus que le saké qu’ils ont commandé chaud n’a jamais le temps d’atteindre en 2 minutes la température espérée. Après cette période d’incompréhension, vont se succéder des tentatives de résolution du problème : un des cuisiniers va se transformer en scientifique pointu, Mikoto va se persuader et persuader les autres que c’est une prière qu’elle a faite au bord du torrent qui est la cause du phénomène et des scénarios permettant de sortir de la boucle temporelle vont être élaborés. Le problème, c’est que 2 minutes, c’est vite passé et il ne faut pas trainer en route pour arriver au bout d’un scénario, d’où le besoin d’organiser des répétitions.

Par certains côtés, En boucle s’apparente à un film à sketchs : des sketches d’une durée de 2 minutes environ, tournés en un seul plan séquence, commençant tous par la vision de Mikoto au bord de la rivière. A ce propos, on peut s’interroger sur ce qui entoure Mikoto à chaque redémarrage : parfois, l’environnement est très enneigé, parfois pas du tout ! La tonalité et la  qualité varient beaucoup d’une séquence à l’autre. Soyons franc : on n’a pas vraiment l’habitude d’accueillir dans nos cinémas des comédies en provenance du Japon et, lorsqu’on voit les séquences de En boucle qui cherchent à être comiques, telle celles mettant en scène Sugiyama qui n’arrive pas à terminer son bain d’eau chaude ou celle où un protagoniste se demande ce qui va se passer lorsqu’il ira à la selle, leur lourdeur est telle qu’on ne regrette pas cette absence sur nos écrans. Les tentatives d’humour noires sont beaucoup plus réussies comme ce « faux » suicide de Obata qui voulait savoir ce que c’était que mourir et qui peut réaliser ce souhait puisque, 2 minutes plus tard, il aura ressuscité ! Du marivaudage entre Mikoto et Taku, un jeune cuisinier qui aspire à partir en France pour apprendre la cuisine française, on dira qu’il est sympathique. Quant à l’explication du phénomène, elle nous est finalement fournie et on se contentera de qualifier de science fiction « low cost » cet épisode du film.  En fait, c’est bien dans ce qu’il nous apprend sur le Japon, sur ses habitants et sur ses traditions que réside l’intérêt majeur de En boucle, et, à la fin du film, on en arrive à avoir envie de réserver une semaine de vacances dans l’auberge où il a été tourné. 

 

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