L’effacement
France, Allemagne, Tunisie, Algérie : 2024
Titre original : –
Réalisation : Karim Moussaoui
Scénario : Karim Moussaoui, Maud Ameline
Interprètes : Sammy Lechea, Zar Amir Ebrahimi, Hamid Amirouche
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h33
Genre : Drame
Date de sortie : 7 mai 2025
2/5
Synopsis : Reda vit chez ses parents dans un quartier bourgeois d’Alger. Il occupe un poste dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays dirigée par son père, un homme froid et autoritaire. Sous tous ces vernis apparents, Reda dissimule un mal-être profond. Un jour, le père meurt et un événement inattendu se produit : le reflet de Reda disparaît du miroir…
Ce qu’a visiblement cherché le réalisateur algérien Karim Moussaoui au travers de ce qui est son deuxième long métrage, c’est à nous confronter à la fois aux luttes de pouvoir dans l’Algérie contemporaine et aux relations difficiles entre les générations dans cette même Algérie. Dans L’effacement, adaptation très libre du roman de Samir Toumi paru en 2016, la lutte de pouvoir oppose deux hommes très haut placés dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays : Youcef Belamri, qui pense ne pas avoir de difficulté à faire entrer son fils Reda dans un poste stratégique de l’entreprise, et Makhloufi, le nouveau directeur, ennemi de Youcef, qui va faire en sorte que Reda effectue son service militaire pour avoir la possibilité d’être embauché. Au début du film, Reda apparait comme un jeune homme effacé, totalement sous la coupe de son père et en complète contradiction avec son demi-frère Fayçal : alors que Reda semble accepter l’emprise de son père qui lui trace à la fois sa vie professionnelle et sa vie sentimentale en cherchant à le marier à Djaouida, une jeune fille de la haute bourgeoisie algéroise, Fayçal rue dans les brancards et va finir par s’exiler à Paris pour tenter de réaliser son rêve, devenir DJ. Le décès de son père et son service militaire qui se déroule à proximité de la frontière tunisienne vont complètement transformer Reda, le premier évènement l’amenant à ne plus pouvoir voir son reflet dans les miroirs, le second, au cours duquel il va nouer une relation avec Malika, une femme plus âgée que lui et qui tient un hôtel restaurant, transformant progressivement cet agneau en bête sauvage assoiffée de sang.
Il y a 10 ans, un réalisateur algérien avait donné beaucoup de promesses avec Les jours d’avant, un moyen métrage qui, en 47 minutes, nous en disait beaucoup sur les frustrations d’une jeunesse dans un pays où il semblait particulièrement difficile de se rencontrer entre garçons et filles. En attendant les hirondelles, son premier long métrage, film sorti 2 ans plus tard et comprenant 3 histoires distinctes subtilement enchaînées, confirmait les promesses qu’on avait entrevues. Le nom de ce réalisateur : Karim Moussaoui. A l’aune de ces 2 réussites, on ne peut qu’être déçu par L’effacement, son deuxième long métrage. En effet, le mélange de points de vue sociaux et politiques, de fantastique « cheap », de violence horrifique, et de récit sentimental n’arrive pas à présenter la cohérence qu’on est en droit d’attendre d’un film sur l’Algérie d’aujourd’hui se voulant ambitieux. Il y avait mieux à faire, en particulier, sur les choix qui s’offrent à la jeunesse algérienne : partir ailleurs, accepter les diktats des générations précédentes ou braver les difficultés en cherchant à imposer ses propres valeurs face à ces diktats.