Critique Express : La guitarra flamenca de Yerai Cortés

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Critique Express : La guitarra flamenca de Yerai Cortés

Espagne : 2024
Titre original : –
Réalisation : Antón Álvarez
Scénario : Antón Álvarez
Interprètes : Yerai Cortés, Maria Merino de Paz, Miguel Cortés
Distribution : Miguel Cortés
Durée : 1h35
Genre : Documentaire, Musical
Date de sortie : 2 juillet 2025

3.5/5

Synopsis : Quand Antón Álvarez rencontre Yerai Cortés, il est fasciné par son talent et intrigué par son histoire familiale. Yerai, figure singulière du flamenco, respecté aussi bien par les gitans les plus traditionalistes que par les artistes avant-gardistes de la nouvelle vague, décide d’entreprendre un voyage avec Antón pour enregistrer un disque. Ses chansons permettent à Yerai d’affronter son passé et à explorer un secret de famille dans une tentative de rédemption vis-à-vis de ses parents.

La rencontre d’un rappeur avec le flamenco

Que peut on attendre de la rencontre et de l’amitié qui en est née, entre un rappeur et chanteur espagnol et un représentant éminent du flamenco contemporain  ? C’est simple : un très beau film, récompensé à 2 reprises lors de la dernière cérémonie des Goyas, en janvier dernier : meilleur film documentaire et meilleure chanson originale. A dire vrai, cette rencontre devait presque forcément aboutir à un film : d’un côté, Antón Álvarez, connu comme chanteur sous le nom de C. Tangana, qui venait, en lançant Little Spain, de s’investir dans la production audiovisuelle et qui rêvait de réaliser un film ; de l’autre, Yerai Cortés, qui lui raconte des histoires personnelles qui inspirent sa musique et dont Antón sent qu’il brûle d’envie de faire connaître ces histoires au plus grand nombre.

Ce que Antón Álvarez réussit à faire pour un premier film montre un talent certain pour le cinéma : loin d’être un biopic banal se focalisant sur la seule personne de Yerai Cortés, son film affiche une construction très travaillée, digne d’un film de fiction, qui commence par apporter une zone de brouillard dans ce qui, depuis sa jeunesse, a constitué l’environnement intime du guitariste, cette zone de brouillard se dissipant petit pour faire apparaître un drame familial très lourd. Pour le spectateur, cela se traduit pendant longtemps par une question : de combien de Tania est-il question dans le film ? Montrant le penchant évident du réalisateur pour les longs plans séquence et les gros plans sur les visages, le film propose une alternance de passages musicaux et d’entretiens, principalement avec Yerai Cortés, avec Miguel Cortés son père, avec Maria Merino de Paz, sa mère, un père et une mère qui se sont séparé(e)s et que Yerai aimerait bien réunir lors du tournage du film, malgré leurs fortes réticences, avec Tania Garcia, sa petite amie, elle-même chanteuse, parfois blonde, parfois brune.

Les passages musicaux montrent combien Yerai Cortés est un guitariste de flamenco d’une grande finesse, qui, bien sûr, connaît parfaitement tous les passages obligés du genre musical qu’il pratique, mais qui sait également se montrer d’une grande inventivité et sortir avec bonheur, très régulièrement, d’une certaine routine. Lors d’une fête gitane pleine de vie, on s’aperçoit que Yerai arrive à être aussi bien accepté par les puristes du flamenco que par les partisans d’une évolution, qu’elle soit minime ou plus importante. Les entretiens permettent aux spectateurs d’assimiler petit à petit tous les problèmes qui ont perturbé la famille de Yerai Cortés et que ce dernier s’efforce de raconter au travers de sa musique. Au final, La guitarra flamenca de Yerai Cortés est un film susceptible de plaire tout autant à celles et ceux qui connaissent et qui aiment le flamenco qu’à celles et ceux qui n’y connaissent rien, voire même qui n’apprécient pas ce genre musical.  

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