Critique Express : Différente

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Différente 

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Lola Doillon
Scénario : Lola Doillon
Interprètes : Jehnny Beth, Thibaut Evrard, Mireille Perrier
Distribution : Memento
Durée : 1h40
Genre : Comédie, romance, drame
Date de sortie : 11 juin 2025

3.5/5

Synopsis : Katia est une brillante documentaliste de 35 ans qui fait preuve de singularité dans sa manière de vivre ses relations, toutes plus ou moins chaotiques. Sa participation à un nouveau reportage l’amène enfin à mettre un mot sur sa différence. Cette révélation va chambouler une vie déjà bien compliquée.

Une fiction très documentée sur l’autisme  

Et si vous, et si moi, et si beaucoup d’autres encore, nous étions autistes sans le savoir ? En effet, il y autant d’autismes que d’autistes, et, si certaines formes d’autisme peuvent être diagnostiquées dès l’enfance, d’autres formes faisant partie des troubles du spectre de l’autisme sont beaucoup plus difficiles à diagnostiquer, sans compter celles et ceux qui, ayant ou non connaissance de leur handicap, arrivent à en masquer les symptômes au prix d’efforts particulièrement épuisants. A plusieurs reprises, Lola Doillon s’était vue proposer de réaliser des projets sur le thème de l’autisme et les recherches qu’elle avait entreprises sur le sujet l’ont amenée à utiliser la moisson qu’elle avait faite dans le cadre du récit d’une histoire amoureuse qu’elle avait en tête. Après tout, si les histoires d’amour ne baignent pas toujours dans la facilité et la félicité, c’est encore plus vrai lorsqu’un membre du couple est autiste.

Lorsqu’on rencontre Katia, 35 ans, personne ne sait qu’elle est autiste, ni elle, ni sa mère, ni ses ami(e)s, ni ses collègues. Nous apprendrons plus tard que lorsqu’elle était enfant, sa mère souffrait de s’entendre dire constamment que sa fille ne parlait pas assez, qu’elle était trop timide, mais de là à parler d’autisme … Que plusieurs psy que Katia avait consultés avaient dit d’elle qu’elle était dépressive, anxieuse et peut-être bipolaire, mais de là à parler d’autisme … Certes, on voit vite dans son comportement qu’elle n’aime pas changer ses habitudes, qu’elle est parfois trop franche, que la relation amoureuse qu’elle entretient avec Fred est particulièrement chaotique et qu’elle vit mal un certain nombre de situations : les environnements bruyants, les lumières intenses, l’imprévu (qui lui fait peur), de nombreuses formes de vie sociale. Toutefois, il faudra qu’un des ses collègues, un journaliste  de la boite de production dans laquelle elle travaille comme documentaliste et qui prépare un sujet sur l’autisme, lui demande d’aller à sa place procéder à l’interview  de la présidente d’une association réunissant des autistes pour que la vérité finisse par éclater à ses yeux, une vérité qui sera confirmée par un diagnostic sérieux  effectué par une spécialiste. Comme lui dit cette spécialiste, le fait d’être une autiste sans déficience intellectuelle ne fait pas d’elle une femme incapable ou inférieure, elle est tout simplement différente.

Se sentant soulagée par le fait de connaître la nature de son handicap, Katia va dorénavant pouvoir aborder sa vie de façon différente sans que, toutefois, les relations avec ses proches soient forcément beaucoup plus faciles : Martine, sa mère, qui n’arrive pas à croire ce diagnostic d’autisme, Fred qui trouve que l’autisme de Katia prend une trop grande importance dans leur relation, etc. Par rapport à un documentaire nous montrant ce que peut être la vie dans son travail, au sein de sa famille, dans ses relations sociales, d’un.e autiste avant et après un diagnostic, Différente, tout en étant une fiction très bien documentée sur tous ces sujets, nous donne le plaisir d’assister à l’évolution de la relation sentimentale très attachante entre Katia et Fred, une femme et un homme pour lesquels(le)s on ressent beaucoup d’empathie. Le film n’oublie pas, parfois, de faire preuve d’humour comme lorsque le responsable hiérarchique de Katia qui, lorsqu’elle lui fait part de son état d’autisme, lui rétorque en plaisantant à moitié : « ça nous permet d’augmenter notre taux de travailleurs handicapés ».

On sent que la chanteuse et comédienne Jehnny Beth s’est totalement investie dans le rôle de Katia et il n’est pas exagéré d’affirmer que sa prestation est exceptionnelle. Et puis, quel plaisir de retrouver la très grande comédienne Mireille Perrier qu’on aimerait voir plus souvent au cinéma et qui interprète ici le rôle de Martine, la mère de Katia. La dernière fois qu’on l’avait vue, ou, plutôt, entraperçue, c’était il y a bientôt 3 ans, dans Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski, pour une apparition qui durait moins de 60 secondes. Dans Différente, son rôle est à la fois modeste et important et sa présence est suffisamment longue pour qu’elle puisse apporter la preuve qu’elle est toujours une des meilleures comédiennes de sa génération.

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