Critique Express : Ceci n’est pas une guerre

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Ceci n’est pas une guerre 

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Magali Roucaut, Eric-John Bretmel
Scénario : Magali Roucaut, Eric-John Bretmel
Interprètes : Eric-John Bretmel
Distribution : La Luna Distribution
Durée : 1h14
Genre : Documentaire
Date de sortie : 16 avril 2025

3.5/5

Synopsis : Dans un Paris aux allures de science-fiction où la loi impose de rester chez soi, deux amis, Magali et Eric-John, s’aventurent à travers les rues désertes pour essayer de réinventer le lien aux autres. Dans la ville endormie, les fantômes sortent aussi, du fond des rues et des conversations téléphoniques entre Eric-John et son père, hanté par ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale…

Il y a 5 ans ! 

C’était il y a 5 ans : vous souvenez vous du premier confinement lié à la pandémie de Covid-19, celui qui a commencé le 17 mars 2020 et qui s’est terminé le 11 mai ? Vous souvenez vous de comment vous l’avez vécu ? Très probablement de façon très différente selon que, à l’époque, vous habitiez en ville ou à la compagne. Vous souvenez vous du discours prononcé le 16 mars par Emmanuel Macron pour annoncer ce premier confinement et dans lequel il déclarait « Nous sommes en guerre » ? Et maintenant, une question qui touchera beaucoup moins de monde : vous souvenez vous de la période des années 40, de cette période où la France vivait sous occupation ? Dès le début de cette période de confinement, Magali Roucaut et Eric-John Bretmel ont décidé de la filmer dans les rues de Paris, une activité qui permettait, via une autorisation de tournage en bonne et due forme, de contourner les interdictions subies par le commun des mortels. Le commun des mortels, il était très rarement dans la rue à l’époque et ce qu’on voit, ce sont des rues ou des boulevards quasiment désert(e)s, situation particulièrement étrange dans une ville comme Paris, avec un Eric-John, filmé par Magali, qui déambule. « Quel intérêt ? », doit se dire le ronchon de service. Et si on lui dit, à ce ronchon, qu’Eric-John a une dégaine qui le situe entre Pierre Etaix et Pierre Richard, et qu’il est particulièrement hypocondriaque, ce qui tombe particulièrement mal en période de pandémie, son a-priori sur le film va-t-il commencer à changer ?  Si on rajoute que, de la rue, on voit les fenêtres des immeubles et que les personnes confinées dans leur appartement ne rechignent pas à venir apparaître à ces fenêtres, ne serait-ce que pour les fameux applaudissements de 20 heures destinés aux personnels soignants, et que, par ailleurs, Eric-John aime « se faire des fenêtres », c’est-à-dire venir discuter avec des ami(e)s, lui dans la rue, les ami(e)s à leur fenêtre, l’intérêt grossit à vue d’œil, même pour le plus ronchon des ronchons. Surtout qu’il peut arriver qu’un ami descende, par exemple pour donner une leçon de pratique sportive à Eric-John, en prenant bien soin de se tenir à distance à la demande de ce personnage proche de la nosophobie.

Le moment le plus fort du film réside dans une discussion entre Eric-John et un employé des Pompes funèbres qui explique ce qu’est devenu son métier durant cette période de pandémie, une discussion qui amène Eric-John à s’écrier à propos des personnes décédées du fait du Covid : « ce ne sont plus des êtres humains, ce sont des déchets ! ». Par ailleurs, le décès de Raïa, sœur de son père, survenu peu de temps avant le confinement, a conduit Eric-John à communiquer très souvent au téléphone avec son père, l’amenant, face à ces nombreuses interdictions inhabituelles, à l’interroger sur la Shoah et sur son vécu lors de l’occupation allemande durant la 2ème guerre mondiale. Film témoignage d’une grande originalité et d’une grande sincérité, film permettant au public de revoir avec plaisir, amusement et étonnement cette période qui parait déjà très lointaine, film offrant des images dans un format de cinéma normal alternant  avec des images au format smartphone, Ceci n’est pas une guerre, sorti le 16 avril dans une certaine indifférence médiatique, a, depuis, rencontré une grande adhésion de la part des spectateurs qui ont eu la chance de pouvoir le voir. La Luna Distribution, le distributeur du film, prépare une tournée en France pour la rentrée de septembre, une tournée qui devrait se prolonger tout l’automne. 

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