Critique Express : Jone Sometimes

0
121

Jone Sometimes 

Espagne : 2025
Titre original : Jone, batzuetan
Réalisation : Sara Fantova
Scénario : Sara Fantova, Núria Dunjó López, Nuria Martín Esteban
Interprètes : Olaia Aguayo, Josean Bengoetxea, Ainhoa Artetxe, Ellorri Arrizabalaga
Distribution : La Fidèle Studio
Durée : 1h20
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 17 décembre 2025

4/5

Synopsis : Bilbao, août. Jone, 20 ans, vit son premier amour alors que la maladie de Parkinson de son père s’aggrave, deux événements qui coïncident en pleine Semana Grande de Bilbao. Ces expériences marquent un été décisif, au cours duquel Jone prend conscience de son passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Ce que, en bon français, on appelle « coming of age story », parfois traduit en français pur et dur par « récit d’apprentissage », est un genre cinématographique de plus en plus prisé par les réalisatrices et les réalisateurs. Un genre cinématographique qui, malheureusement, n’a pas toujours donné naissance à des films de grande qualité, certaines réalisatrices, certains réalisateurs, ne résistant pas à l’envie de forcer le trait dans leurs descriptions des joies et des peines que l’on rencontre à ce moment charnière de son existence. C’est un reproche qu’il sera difficile de faire à Jone sometimes, le très réussi premier long métrage de la jeune réalisatrice basque Sara Fantova, tellement ce film apparait ancré dans le réel, tout en étant d’une grande sensibilité et d’une non moins grande pudeur dans sa façon de parler de l’amitié et de ce qui est, semble-t-il, un premier véritable amour. En fait, lorsqu’on arrive dans le film, un film écrit par des femmes, réalisé par une femme et interprété presque exclusivement par des femmes, on se demande si on est en train de regarder un documentaire ou un film de fiction tellement le jeu des comédiennes est stupéfiant de naturel. Très vite, alors que se déroulent les fêtes de la Semana Grande, un événement annuel très important dans la vie des habitants de Bilbao, un évènement plein de vitalité et de bouillonnement populaire, le film se focalise sur un personnage : Jone. Elle a une vingtaine d’années, sa mère est décédée d’un cancer quelques années auparavant et on la voit partagée entre son désir de profiter au maximum avec son groupe d’amies de l’atmosphère festive qui règne dans la ville et les responsabilités qu’elle doit de plus en plus assumer, auprès d’un père de 54 ans atteint de la maladie de Parkinson, et auprès, également, de sa petite sœur Marta. D’un côté, l’insouciance de la jeunesse, de l’autre côté, une arrivée délicate dans le monde des adultes, avec cette constatation amère que ses parents ne sont pas indestructibles et que c’est à elle, maintenant, de se transformer en aidante et d’accompagner son père dans ce qui ressemble de plus en plus à un dernier voyage. Et voilà qu’en plus, Jone tombe amoureuse d’Olga, une femme ayant pas loin de 10 ans de plus qu’elle. Une relation qui  aurait pu être un point d’ancrage solide pour Jone mais qui, au vu des circonstances, complique encore un peu plus la vie de la jeune adulte.

Pour la réalisatrice, le titre du film, Jone sometimes,  (au fait, pourquoi la distribution en France n’a-t-elle pas opté pour « Jone, parfois » ?), parfaite traduction en anglais du titre original en langue basque,  « Jone, batzuetan », est une évidence  : « « Sometimes » illustre parfaitement l’état de transition de Jone, notre protagoniste, oscillant entre différents mondes — famille, fêtes, responsabilités, amitiés — sans savoir où elle se situe ni qui elle devient. Ce flottement identitaire, propre à l’âge adulte, est au cœur du film ». Partageant la délicate vie familiale de Jone et de Aitor, leur père, la petite sœur Marta est elle toujours dans l’âge de l’insouciance et, à ce titre, elle apporte de la spontanéité et une parole pleine de liberté. La réalisatrice a choisi de partager le tournage de son film en deux blocs bien distincts, le premier étant consacré à ce qui a trait à la joie avec les moments entre amies tournés pendant les véritables fêtes de Bilbao et la relation entre Jone et Olga,  le second se concentrant sur le côté plus difficile de la vie de Jone, avec les scènes se déroulant dans la maison avec la présence de Marta et de ce père malade, et celles passées à l’accompagner à l’extérieur.  Sara Fantova a fait également un autre choix très important qui explique le jeu particulièrement naturel des comédiennes : elle ne leur a jamais remis de dialogues et, alors qu’un scénario avait été écrit dès le départ, elle a fait en sorte, en proposant des sessions d’improvisation qui se rapprochaient de plus en plus de l’univers du film, que ce scénario soit progressivement réinventé, facilitant son appropriation par les interprètes et donnant ainsi toute sa place à la spontanéité. Pour ce film qui repose beaucoup sur la qualité de jeu d’une interprète principale présente dans pratiquement tous les plans, c’est une débutante qui a été choisie : Olaia Aguayo. Repérée par la réalisatrice lors d’un casting, elle crève l’écran du début jusqu’à la fin.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici