Test Blu-ray : Le livre perdu des sortilèges – Saison 1

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Le livre perdu des sortilèges [A discovery of witches] – Saison 1


Royaume-Uni : 2018
Titre original : A discovery of witches
Créateur : Deborah Harkness
Acteurs : Teresa Palmer, Matthew Goode, Owen Teale
Éditeur : Koba Films
Durée : 5h40 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 12 juin 2019

Diana, une jeune étudiante à l’Université d’Oxford qui se trouve être une descendante des sorcières de Salem, est forcée d’embrasser sa destinée de sorcière lorsqu’elle ouvre par mégarde un livre magique, le « Ashmole 782 ». Elle va alors découvrir un univers surnaturel qu’elle ne soupçonnait pas et va croiser le chemin de Matthew, un vampire de 1500 ans au charme ravageur, avec qui elle va bientôt débuter une histoire d’amour interdite…

La saison

[3,5/5]

Avant que Le livre perdu des sortilèges ne devienne le succès télévisuel qui nous intéresse aujourd’hui, il y a tout d’abord eu une trilogie littéraire créée par Deborah Harkness en 2011, dont les droits avaient été vendus avant même sa parution dans trente-quatre pays. Ces trois romans, respectivement intitulés « Le livre perdu des sortilèges », « L’école de la nuit » et « Le nœud de la sorcière », font en effet partie d’un sous-genre littéraire très en vogue entre 2005 et 2015, appelé la « bit-lit ». Ce sous-genre du roman fantastique met en scène des personnages féminins confrontés au surnaturel ainsi qu’aux tracas de la vie quotidienne – il n’est d’ailleurs pas rare que l’héroïne soit elle-même un personnage surnaturel (sorcière, fée, vampire…). Ces romans mélangent souvent des éléments d’autres sous-genres du fantastique, tels que la « romance paranormale ». Complètement dans l’air du temps en 2011/2012 – la saga Twilight réalisait encore des records de ventes à l’époque – cette trilogie a remporté un grand succès en France et à l’international. Autrefois florissants, les rayons « bit-lit » des libraires s’amenuisent de plus en plus de nos jours. Cependant, on peut affirmer que le fait que le genre soit aujourd’hui passé de mode est une très bonne chose concernant la série TV développée par Deborah Harkness : en tant que spectateur, on ne risque en effet plus l’overdose ou l’indigestion de romances vampiriques, et on pourra de fait apprécier l’originalité et le ton du Livre perdu des sortilèges à sa juste valeur…

Avec ses huit épisodes retraçant fidèlement le premier livre de la saga, cette première saison du Livre perdu des sortilèges s’impose comme une excellente surprise. Bien sûr, les esprits chagrins pourront reprocher au show son côté un peu mièvre et « fleur bleue », qui le destineront avant tout à un public féminin. Mais c’était également le cas de la saga littéraire dont la série s’inspire – et, quoi qu’on puisse en dire, de la « bit-lit » en général – et on ne pourra pas reprocher à Deborah Harkness d’avoir opté pour une approche sensible de son récit. D’ailleurs, le récit pioche sans vergogne dans les succès littéraires du début du vingtième siècle, avec quelques touches à la Harry Potter dans les décors (certains lieux de la série de films ont d’ailleurs été réutilisés pour le show), ou dans la description de certains éléments, telle que cette maison de sorcières qui réagit occupants et à leurs actions. On trouve aussi forcément un peu de Twilight là-dedans, et même dans une certaine mesure un peu de Cinquante nuances de Grey, avec ce bellâtre taciturne et torturé rendant fou d’amour et de désir une jeune ingénue, en la faisant plier à quasiment tous ses désirs.

Un autre grief que l’on pourrait faire à la série est bien sûr son attachement à tous les clichés du genre, au point de parfois prêter à faire sourire. On a donc droit à la traditionnelle figure du vampire, ténébreux et taciturne, à l’héroïne réservée, maladroite et supposément vierge qui ignore qu’elle possède des dons puissants, au traditionnel ordre secret des créatures démoniaques, et d’une façon plus générale à tous les clichés visuels sur Oxford, Venise ou même sur la France, présentée d’une manière fantasmée et presque moyenâgeuse. Mais ces clichés contribuent au final au charme de cette première saison du Livre perdu des sortilèges : la série semble se dérouler dans un univers parallèle, vaguement uchronique, qui ressemble au nôtre sans y correspondre totalement. Et visuellement, les images concoctées par les trois chefs opérateurs s’étant succédé au fil des huit épisodes nous proposent littéralement de pures claques en termes de photographie, de lumière et de compositions de plans, même si on est loin d’une vision « naturaliste » des lieux qui nous sont donnés à voir.

Cette réussite formelle indéniable est d’ailleurs un des gros points forts de la série. Côté réalisation, on sera surpris de retrouver aux commandes des deux premiers épisodes le nom de Juan Carlos Medina, scénariste et réalisateur du très intéressant Insensibles en 2012 – le fait de le retrouver aux commandes d’une série ne faisant que confirmer notre sentiment selon lequel le projet Insensibles aurait probablement beaucoup gagné à se voir décliné à l’écran non pas sous la forme d’un film mais d’une série, qui aurait pu permettre au cinéaste d’aller réellement au bout de ses ambitions.

Du côté du récit, comme on l’a déjà évoqué, on ne trouvera rien de très original, mais l’intrigue est globalement rondement menée, jusqu’à un huitième épisode nous proposant un « cliffhanger » laissant le spectateur dans l’incertitude la plus totale quant à ce qui va se dérouler. L’ensemble est donc intéressant, et suffisamment immersif pour toujours donner envie de se plonger dans la suite. Les clichés se bousculent certes au cœur de cette histoire de sorcières, de vampires et de démons à la recherche d’un grimoire ancien, mais on notera tout de même que la série développe un petit message d’ouverture au monde, dans le sens où elle met en scène deux unions considérées comme contre-nature (sorcière/vampire et sorcière/démon), qui feront office, dans le monde contemporain, de métaphores visant à aller au-delà des différences (religion, race, sexualité, etc) et de s’aimer les uns les autres – c’est d’autant plus clair que la série met également en scène un couple de sorcières lesbiennes, ces dernières ayant d’ailleurs élevé l’héroïne après la mort de ses parents. Et au service de ces bons sentiments amenés de façon relativement subtile par le biais de l’élément fantastique, on trouvera une poignée d’acteurs relativement convaincus et convaincants. Bien sûr, on ne pourra pas passer sous silence la prestation de Teresa Palmer, qui porte littéralement le show sur ses épaules. Omniprésente sur nos écrans en 2015/2016 (Knight of cups, Point break, Triple 9, Tu ne tueras point, Dans le noir, Message from the king…), la jeune actrice a su lever le pied avant qu’Hollywood – qui n’aime pas voir vieillir ses actrices – ne lui brûle totalement les ailes. De fait, en opérant ce virage dans sa carrière, elle évite la destinée fugace d’actrices telles que Jessica Biel ou Amber Heard (incontournables le temps d’une poignée de films, disparues des écrans radar depuis) ou, avant elle, d’actrices telles que Bridget Fonda, Juliette Lewis, Linda Fiorentino ou même Sharon Stone, qui ont eu leur heure de gloire le temps d’un éclair dans les années 90 et en sont aujourd’hui réduites à de la figuration, voire même à une retraite anticipée. A ses côtés, on trouvera donc Matthew Goode (Watchmen) dans la peau du vampire de son cœur, Owean Teale (Alliser Thorne dans la série Game of thrones) en méchant sorcier, mais la révélation du Livre perdu des sortilèges viendra surtout de l’actrice suédoise Malin Buska, qui incarne Satu, une sorcière aux motivations troubles, et qui s’avère assez excellente.

Très populaire au Royaume-Uni (où elle réunissait en moyenne deux millions de fidèles devant leur télévision), la série a également été diffusée aux États-Unis avant de débarquer sur Syfy en France il y a quelques semaines. Suite à ces bons résultats d’audience, les britanniques de Sky 1 ont renouvelé Le livre perdu des sortilèges pour deux saisons supplémentaires, qui seront bien sûr les adaptations des deux livres suivants de la série. En revanche, le tournage de la deuxième saison a été un peu retardé suite à la grossesse de Teresa Palmer : il devrait commencer durant l’été 2019, pour une diffusion probable soit en toute fin d’année, soit au premier trimestre 2020.

Le coffret Blu-ray

[4/5]

Imposant d’épisode en épisode un rendu visuel littéralement éblouissant, la série Le livre perdu des sortilèges était taillé pour la Haute Définition. Et le verdict est sans appel : cette première saison éditée par Koba Films fait vraiment figure de galette de démonstration illustrant toutes les qualités du support Blu-ray. Les huit épisodes du show s’imposent donc à travers un transfert sans faille, d’une précision époustouflante. Piqué précis, couleurs éclatantes, profondeur de champ remarquable, tout est fait pour découvrir ces premiers épisodes dans les meilleures conditions possibles. Les puristes remarqueront bien sûr, çà et là, quelques halos dans les noirs, ou un léger bruit vidéo épars, mais l’ensemble est de toute beauté, et fait clairement honneur au support. Comme très souvent avec les séries britanniques, Le livre perdu des sortilèges débarque chez nous en 1080i, c’est à dire avec un cadencement vidéo de 25 images par seconde. Côté son, on privilégiera – pour de simples raisons artistiques – la version originale mixée en DTS-HD Master Audio 5.1, avec des dialogues clairs et précis, et une spatialisation du tonnerre lors des scènes d’action. Simplement mixée en DTS-HD Master Audio 2.0, la version française n’est pas trop en reste, puisqu’elle s’avère très soignée dans son genre, et se révèlera aussi dynamique dans la restitution de la musique que vraiment immersive côté ambiance.

Du côté des suppléments, on trouvera au sein de « l’espace découverte » les traditionnelles bandes-annonces d’autres films et séries déjà disponibles chez Koba Films.

2 Commentaires

    • Merci de vos remarques Philippe, j’ai modifié l’article en conséquence. Le pire, c’est que j’avais bien noté tout ça dans mon carnet durant le visionnage, mais je me suis un peu enflammé à la rédaction de l’article…

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