Test Blu-ray : Knight of cups

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Grosse marrade sur la plage

Knight of cups

 
États-Unis : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Terrence Malick
Scénario : Terrence Malick
Acteurs : Christian Bale, Cate Blanchett, Natalie Portman
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h58
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 25 novembre 2015
Date de sortie DVD/BR : 25 mars 2016

 

 

Il était une fois un jeune prince que son père, souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Egypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi ; il oublia sa quête et sombra dans un profond sommeil. Le père de Rick lui lisait cette histoire lorsqu’il était enfant. Aujourd’hui, Rick est devenu auteur de comédies et vit à Santa Monica. Il aspire à autre chose, sans savoir réellement quoi, et se demande quel chemin prendre…

 

 

Le film

 

Au cœur d’un vingt-et-unième siècle de plus en plus cynique, la pratique de la poésie semble être passée en désuétude, souvent rattrapée/assimilée par la variété et la publicité. Ainsi, quelle que soit la langue que l’on utilise, on risque fort de se confronter à un mur d’incompréhension et de railleries si l’on essaie d’élever le débat et les âmes en se frottant de près ou de loin au lyrisme ou à la poésie. Mais le poète, le vrai poète (« Dis camion ? » Poète poète), n’a cure des médisances et des quolibets. Il pratique son Art sans se soucier du qu’en dira-t-on, il n’en a rien à battre de ce que peuvent penser les impudents. Et comme Francis Lalanne pratique la poésie en utilisant le langage de la musique, Terrence Malick lui signe son Art en parlant la langue Cinéma.

« You gave me peace. You gave me what the world can’t give. Mercy. Love. Joy. All else is cloud. Mist. Be with me. Always. »

Avec Knight of cups, Malick décide donc de balader sa steadycam auprès d’un dandy quasi-muet évoquant l’amour en off, dérive au fil d’un flot d’images sublimes composant autant de rimes nous donnant « sa » variation sur toute une série de lieux communs sur la vie et l’amour. L’essentiel pour le spectateur sera donc de se laisser porter par le rythme et la beauté de ce poème visuel et sonore, refusant toute notion de narration traditionnelle et imposant un style définitivement et bien heureusement unique, les clichés sur les relations hommes/femmes résonnant comme un écho aux plus grands auteurs du siècle dernier, les multiples redondances visuelles et sonores faisant office d’allitérations ou autres assonances au cœur d’une œuvre sûrement trop grandiose pour être assimilée pleinement en un seul visionnage.

« You’re afraid you’re making me break my vows. But the vows comes out of the love behind it. Love’s so rare that when you find it you can’t doubt it. Let it go. »

Et peu importe finalement si pour bien des spectateurs Knight of cups pourra paraitre abscons, voire même carrément amphigourique, presque aux limites de la parodie, donnant l’impression que Terrence Malick a voulu réaliser une pub pour parfum de deux heures en mode « clippesque ». Peu importe si le film est absent des « Tops » 2015 de critique-film, mais également de ceux des Cahiers du Cinéma, de Télérama, du Figaro, des Inrocks, du National Board of Review ou de l’American Film Institute, les thuriféraires de l’œuvre de Malick, les « vrais », les poètes et autres conquis d’avance sauront bien, envers et contre tous, reconnaitre et défendre l’œuvre sensorielle et vibrante d’un véritable génie.

« See the palm trees ? They tell you anything’s possible. »

Aussi serez-vous peut-être étonné de ne voir aucune « note » au film de Terrence Malick ci-dessus, mais il s’agit là d’une absence délibérée. Comment en effet mettre une note à un film qui s’avère un reflet profond et ésotérique de l’âme humaine ? Qui serions-nous pour prétendre avoir la capacité de juger une âme ?

« Once the soul was perfect and had wings, it could sour into haven that only creatures with wings can be. But the soul lost its wings and fell to earth where it took a earthly body, now, while it lives in this body no outward sign of wings can be seen yet the roots of its wings are still there… »

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, Metropolitan Vidéo réitère sa fidélité (son allégeance ?) à la filmo de Terrence Malick en nous proposant aujourd’hui Knight of cups en Blu-ray. La galette HD est littéralement extraordinaire et fait vraiment honneur aux plans conçus par Malick et son directeur photo Emmanuel Lubezki (Sleepy Hollow, Les fils de l’homme, The revenant…). Tourné en utilisant plusieurs formats de captation différents (du 35 au 65 mm en passant par la DV crasseuse), le Blu-ray propose forcément une expérience visuelle en dents de scie, mais respectant pleinement la volonté de son auteur. La définition est optimale, les couleurs superbes, en Scope et en 1080p, c’est du travail éditorial superbe. Côté son, l’éditeur nous propose deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 très immersifs et planants – cela dit, le film étant un véritable « poème » cinématographique, on conçoit tout de même assez mal de le visionner en version française, même si cette dernière a bénéficié d’un soin particulier pour préserver l’essence de l’œuvre.

Du côté des suppléments, outre les traditionnelles bandes-annonces orientées autour du casting du film, Metropolitan Vidéo nous propose un court survol des coulisses du tournage, ainsi qu’un entretien avec le producteur Nicolas Gonda. On notera pour finir que cette édition « collector » contient également un livret de 38 pages richement illustré de photos de tournage, et composé par l’éditeur avec l’aide de Nicolas Rioult. Si vous désirez partir en pèlerinage sur les traces de Christian Bale dans le film, l’éditeur vous propose même une carte détaillée de Los Angeles. Un bel objet dont la couverture est composée par l’affiche US du film, très belle. Détail amusant, qui donnera à nouveau du grain à moudre aux détracteurs du poème visuel de Malick : quand on regarde à quelques mètres la couverture du livret, la mention écrite « A QUEST » se déchiffre en fait plus aisément « A L’OUEST »…

 

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