Critique : Un jour de chance

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Un jour de chance

affiche France, États-Unis, Espagne : 2011
Titre original : La Chispa de la vida
Réalisateur : Álex de la Iglesia
Scénario : Randy Feldman, Álex de la Iglesia
Acteurs : Jose Mota, Salma Hayek, Blanca Portillo
Distribution : DistriB Films
Durée : 1h35
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : 12 décembre 2012

3,5/5

Réalisateur azimuté, Álex de la Iglesia a connu des hauts et des bas. Mais depuis le jubilatoire Le crime farpait et l’époustouflant Balada Triste, c’est avec une certaine impatience que l’on attend les films de l’espagnol qui brave le politiquement correct, avec l’espoir de ne pas être terriblement déçu.

Ancien publicitaire à succès désormais sans emploi, Roberto ne supporte plus d’être au chômage. Désespéré, il veut faire une surprise à sa femme en l’invitant dans l’hôtel qui fut le théâtre de leur lune de miel. Mais l’établissement a laissé place à un musée, sur le point d’être inauguré et présenté à de nombreux journalistes. Au cours de sa visite, Roberto fait une grave chute… En quelques minutes il devient l’attraction numéro 1 des médias présents et comprend que cet accident pourrait finalement lui être très profitable…

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L’agonie d’un homme et une société à l’agonie.

En faisant de son personnage principal un homme banal, Álex de la Iglesia généralise son propos en un tour de main, comme le crient les slogans sur les banderoles des badauds venus le soutenir dans son calvaire : « Nous sommes tous des Roberto ». D’ailleurs, un contraste frappant s’établit très vite entre la banalité de cet anti-héros et la situation rocambolesque dans laquelle il va se trouver, une pointe en fer enfoncée dans le crâne. Dès que le film a pris place, on sent cette envie d’emphase un peu poussée afin de rendre une satire de la société actuelle à travers des personnages parfois limite caricaturaux, mais qui viennent insuffler à cette histoire une dose d’humour (noir) non négligeable. Et  Álex de la Iglesia n’y va pas de main morte, poussant les situations jusqu’à l’extrême. Utilisant comme fond la crise de chômage que traverse l’Espagne, le réalisateur s’en prend allégrement à toutes ces personnes déshumanisées qui touchent de coquettes sommes mais tournent le dos à un ami dans le besoin, à tous ces gens qui n’agissent que dans leur intérêt. La société espagnole va mal et Álex de la Iglesia s’évertue à le crier à sa façon, crucifiant un homme et toute la société avec lui sur les vestiges de la grandeur passée de l’Espagne. Un homme figé, sacrifié, tel une figure christique, face à une masse de gens dénués de compassion.  

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Les jeux du cirque.

De partout les gens accourent bien vite pour assister à ce spectacle malsain et se pressent dans l’arène du théâtre antique pour voir  la mise à mort de cet homme, comme s’il s’agissait d’un combat de gladiateur ou d’une corrida. Le voyeurisme ambiant permettant de faire des bénéfices sur le malheur d’autrui est pointé du doigt mais semble presque anodin tant ce cirque semble naturel.

Journalistes, publicitaires, tous jouent avec la vie de Roberto et avec la valeur qu’une vie humaine peut avoir pour leurs affaires. Voyant qu’il n’a plus rien à perdre, ce dernier se prend aussi au jeu, utilisant son accident pour soutirer un peu d’argent à ces vautours dans l’espoir d’offrir une vie meilleure à ceux qu’il aime. Face à tout cet égoïsme, seule la famille de Roberto et en particulier sa femme (interprétée par la fougueuse Salma Hayek) garde la tête froide, consciente de l’ampleur de la situation. Malgré tous les efforts de la belle, aucune émotion profonde ne se dégage de ce film, qui reste au final assez froid et offre une fin légèrement décevante ainsi qu’une image finale particulièrement laide due à un arrêt sur image qui rappelle de mauvais docu-fictions. Pas de fioritures côté réalisation donc, qui reste simple pour coller à cette impression de réalisme en contraste avec cette situation insolite. Cependant, il est dommage que ce film théâtral parti d’une idée plutôt osée s’enlise un peu en cours de route, malgré les tentatives du réalisateur d’alimenter son histoire avec les entrées en scène de différents personnages.

Conclusion

Malgré une critique acerbe de la société espagnole touchée de plein fouet par la crise et  du voyeurisme malsain généré par les médias, ce dernier film de Álex de la Iglesia est marqué par un scénario un peu faible et un manque de folie, le réalisateur nous ayant habitué à mieux.

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