Piazza Fontana

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affichePiazza Fontana

Italie : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Marco Tullio Giordana
Scénario : Marco Tullio Giordana, Sandro Petraglia, Stefano Rulli
Acteurs : Valério Mastandrea, Pierfrancesco Favino, Michela Cescon
Distribution : Bellissima Films
Durée : 2h
Genre : Thriller
Date de sortie : 28 novembre 2012

Globale : [rating:4.5][five-star-rating]

Même si la France a connu depuis la seconde guerre mondiale son lot d’affaires politico-judiciaires douteuses, prétendument élucidées ou non élucidées, l’Italie a quand même quelques longueurs d’avance sur ce sujet. Dans Piazza Fontana, Marco Tulio Giordana, nous raconte le plus fidèlement possible un événement et ses suites qui furent au départ des années de plomb italiennes.

Synopsis : Milan, le 12 décembre 1969, une bombe explose à la Banque Nationale d’Agriculture sur la Piazza Fontana, faisant 17 morts et 88 blessés. Le commissaire Luigi Calabresi, chargé de l’enquête, s’oriente vers les milieux d’extrême gauche et d’extrême droite mais peu à peu, il a la certitude qu’il faut aller chercher les responsables dans les hautes sphères politiques. A ce jour, personne n’a été déclaré coupable dans l’attentat de Piazza Fontana qui reste l’une des affaires les plus sombres de l’histoire contemporaine d’Italie.

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L’attentat du 12 décembre 1969

12 décembre 1969, 16 h 37, Piazza Fontana, en plein centre de Milan : une bombe éclate dans la Banca Nazionale dell’Agricoltura, on va dénombrer dans un premier temps 14 morts et 88 blessés. Dans les heures qui suivent, 3 morts viendront s’ajouter à ce triste bilan. L’explosion d’une chaudière sera la première explication mais, très vite, il va devenir évident que, seule, une bombe avait pu provoquer un tel désastre. Qui a organisé cet attentat ? Des anarchistes ? L’extrême-droite néofasciste ? Seule ? En relation avec des officines américaines, toujours inquiètes de l’importance du Parti Communiste en Italie dans cette période de guerre froide ? En relation avec des membres du gouvernement italien, désireux d’avoir un prétexte pour organiser un coup d’état « à la grecque » ? Y a-t-il eu un seul attentat ou deux attentats simultanés ? 43 ans après les faits, l’enquête n’est pas encore terminée puisque, à ce jour, après 5 procès, aucun coupable n’a été désigné.

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Une réalisation honnête et sans fioriture

Cet attentat et ses suites, voilà ce que Marco Tulio Giordana a choisi de nous raconter dans Piazza Fontana. C’est l’ignorance absolue de cet événement et de ses suites, observée chez des adolescents interviewés à la télévision, qui l’a convaincu d’aller visiter cette période sombre de l’histoire de l’Italie. Il y a 9 ans, ce réalisateur italien avait marqué l’histoire de la télévision puis du cinéma avec Nos meilleures années, une fresque de 6 heures sur l’Italie post-soixante-huitarde à côté de laquelle Après mai fait vraiment pâle figure. Piazza Fontana ne dure que 129 minutes, mais ce sont des minutes d’une telle intensité qu’on arrive au bout sans avoir vu le temps passé. Pour réaliser ce polar haletant, Giordana n’a pas dû hésiter longtemps : la réalité dont s’inspire le film est tellement complexe qu’il eut été dangereux, voire même nuisible, de la compliquer davantage. Giordana a donc choisi une construction linéaire, sans flash-back abusif. Autre choix, plus difficile peut-être : réaliser un film à charge, dans lequel le réalisateur désignerait les coupable, ou, du moins, « ses » coupables ? Ou bien réaliser un film qui soit le plus honnête possible,  sans désigner les coupables mais en donnant le maximum d’éléments aux spectateurs afin qu’ils puissent se faire eux-mêmes leur propre opinion ? C’est la seconde solution qu’a choisie Giordana, en utilisant au maximum tous les aveux et  toutes les informations enregistrés petit à petit depuis les faits. Certes, on arrive assez facilement à deviner l’opinion du réalisateur sur certaines des facettes de l’histoire mais il serait malhonnête de l’accuser d’avoir réalisé un film manichéen.

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Deux personnages montés en épingle

Dans ce film au nombre élevé de protagonistes, deux d’entre eux peuvent être considérés comme étant les « préférés » de Marco Tulio Giordana. Tout d’abord Giuseppe Pinelli, interprété par Pierfrancesco Favino, un anarchiste non-violent avec lequel il est difficile de ne pas rentrer en sympathie. L’enquête n’étant menée que dans une seule direction, celle d’un attentat anarchiste, Pinelli va subir un interrogatoire dans un bureau de la préfecture de Milan, interrogatoire dont il ne sortira pas vivant suite à une chute par la fenêtre du bureau. Accident ? Suicide représentant un aveu de sa culpabilité ? Meurtre perpétré par des policiers ? En tout cas, de ce fait divers, Dario Fo a tiré en 1970 la pièce Mort accidentelle d’un anarchiste. Personnage encore plus important, le commissaire Luigi Calabresi, interprété par Valério Mastandrea : un flic honnête, qui se pose des questions, qui se pose même les bonnes questions, mais qui est coincé entre sa hiérarchie et l’extrême-gauche qui l’accuse de la défenestration de Pinelli alors qu’il était absent du bureau au moment du drame.

Résumé

Vous aimez les polars ? L’histoire contemporaine vous intéresse ? Les coups tordus de la politique vous passionnent ? Autant de raisons pour vous précipiter vers Piazza Fontana, un polar captivant dont le scénario est tiré d’un épisode trouble de l’histoire de l’Italie contemporaine et dont la réalisation, sobre et honnête, interpelle le spectateur en l’incitant à tirer lui-même les conclusions de ce qu’on lui montre.

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